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« EDF et rien d’autre ! »… L’intersyndicale de EDM revendique son actionnariat

Elles ont été dénoncées en métropole : les coupures d’électricité pour combat syndical touchent de nouveau notre territoire. En cause, l’arrivée de l’actionnaire Quaero chez EDM dont la direction nous retrace le parcours.

Une partie des salariés d’Electricité de Mayotte (EDM) manifeste depuis lundi contre l’arrivée d’un nouvel actionnaire au capital de la société. Il était constitué jusqu’à présent du conseil départemental à 50,01%, de EDEVE, filiale financière d’EDF à 24,99%, de la SAUR (Société d’Aménagement Urbain et Rural) à 24,99%, et de l’Etat à 0,01%. La SAUR souhaitant se désengager, elle a trouvé dans le fonds de pension français Quaero un repreneur.

Fady Hajjar, le directeur d’EDM, nous explique la genèse : « Au départ, la SAUR couvrait les secteurs de l’eau et de l’électricité. Partageant des investissements avec EDF, ils avaient logiquement créé en commun EDM en 1997. Mais depuis un an, le nouvel actionnaire de la SAUR a souhaité se recentrer sur l’activité de l’eau, les filiales ont été vendues, dont EDM. EDF n’a pas utilisé son droit de préemption, notamment au regard de la tempête qu’elle traverse avec le projet Hercule de scission de la société en deux. » C’est donc l’offre de Quaero qui a été retenue par EDF et par le conseil départemental : « Nous avons consulté les Instances représentatives du personnel en septembre 2019, et des représentants de Quaero sont venus faire une proposition fin octobre, communiquée aux organisation syndicales qui n’en ont pas voulu. »

Salim Nahouda, secrétaire départemental CGT Ma et porte-parole de l’intersyndicale s’explique : « Nous ne voulons pas d’un fonds de pension privé ayant vécu une expérience douloureuse avec SAUR en matière de relations humaines, sur nos services de comptabilité et de gestion. Ce qui comptait pour eux, c’était la rentabilité. Il ne voulait ni l’application à Mayotte du statut des IEG, que nous avons fini par obtenir après avoir bataillé, ni de péréquation tarifaire, également mis en place après force revendications. Aujourd’hui, nous souhaitons que EDF reprenne, comme dans les autres DOM, avec les mêmes mesures de soutien à la population. »

Profils similaires d’EPL en métropole

Salim Nahouda reçu au conseil départemental ce mardi avec ses collègues grévistes

L’actionnariat à 25% de EDF à travers sa filiale ne suffit pas selon lui, « cela ne lui donne que deux sièges. Les autres sont répartis entre SAUR (2), le Département (3), et l’Etat (2) à travers les ministère de l’Industrie et de l’outre-mer. En conséquence, en réponse à nos revendications sur les mesures sociales, nous avons droit à « c’est impossible, vous n’êtes pas EDF ! »

Les évolutions sur l’actionnariat ne se décident pas uniquement en local par le conseil départemental, selon Fady Hajjar : « Cela passe par l’Assemblée nationale. D’autre part, Quaero affiche une volonté d’investissement à long terme à Mayotte notamment dans les énergies renouvelables. » Il met en avant des profils similaires à EDM en métropole, « Electricité de Strasbourg, Gaz de Bordeaux. Comme nous, ils sont un Etablissement Public Local, non rattachés à EDM. Ce n’est pas un sous-modèle, au contraire, il a fait ses preuves. »

Sur la 2ème revendication portant sur la reprise intégrale des années de services, EDM a déjà réclamé au représentant de l’Etat Charles Giusti cette prise en compte, « on nous a expliqué que le blocage venait de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte. » Présidée justement par Salim Nahouda… Qui acquiesce, « les taux de cotisation étaient inférieurs jusqu’en 2011. Et la Caisse des retraites des Fonctionnaires de Mayotte ayant fermée, ils ne perçoivent pas cette partie. Nous avons donc demandé une prise en charge comme cela s’est fait à La Réunion lorsque l’entreprise ne cotisait pas encore à la Caisse nationale des industries Electriques et gazières. »

« Non Quaero, oui EDF »

Le conflit est annoncé comme reconductible, mais avec un phénomène aggravant : des coupures intempestives et aléatoires. EDM adresse un communiqué* à ce sujet.  Le Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) en a subi ce lundi, et des secteurs le seront à nouveau ce mardi. C’est d’ailleurs actuellement le cas sur Koungou. « Nous ne les maitrisons pas, mais l’intersyndicale en assumera à chaque fois les conséquences. »

Anne Perzo-Lafond

* Communiqué de EDM : « Suite au mouvement social au sein de l’entreprise, des coupures ponctuelles et aléatoires sont opérées sur les outils de production et de distribution d’électricité par les grévistes (postes de transformations, poste source).
Si vous êtes impactés par les coupures, nous vous prions de patienter. Les manœuvres de rétablissement, très délicates et parfois longues au vu des équipements touchés, se font manuellement au fur et à mesure afin de minimiser l’impact de ces coupures.
La Direction d’EDM vous présente toutes ses excuses pour les désagréments occasionnés et vous remercie de votre compréhension. »

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