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Lettre ouverte : Djabiri Madi Leroi interpelle le préfet sur les « risques d’inondations » à Acoua

A l'approche de la saison des pluies, cet habitant, connu comme auteur, alerte. "Les colmatages ne suffisent plus, il serait temps que l'Etat répare ces erreurs pour avoir autorisé, en début des années 90, la destruction de la mangrove et de l'étang de la place pour y construire des habitations. Un vrai travail de réaménagement des quartiers s'impose pour éviter tout drame lié à la montée des eaux et aux débordements des rivières".

L’homme de lettres Djabiri Madi Leroi en a écrit une publiquement à l’adresse du préfet Thierry Suquet. « En tant que citoyen vivant dans le quartier théâtre des problèmes d’inondation quasi tous les « kashikazi », j’interpelle ici Monsieur le Préfet sur la psychose qui gangrène l’esprit des habitants de la ville d’Acoua à chaque goutte de pluie » écrit le résident qui rappelle que la saison des pluies « c’est dans quatre mois ».

« Monsieur le Préfet,

Je porte ici la voix des habitants de la ville d’Acoua, ceux des quartiers allant de Mrôni-fady à Mrôni-bokaen passant par les Ecoles des deux rivières.

Ces quartiers se trouvent à l’embouchure d’une dizaine de rivières convergentes qui prennent leur source entre le mont Djabaly, Maevaranoet plus particulièrement au mont Šorongo. Ces rivières convergentes se jettent toutes et débordent dans ces quartiers par le biais du Canal Boka et de Mrônlalahy par temps de pluie.

Chaque saison de pluie arrive avec son lot de violences dans ces quartiers depuis plusieurs années déjà et la tendance ne va pas en s’améliorant. En 2014 la tempête Hellên nous a démontré l’urgence qu’il y’ a à s’occuper sérieusement de la sécurité des personnes qui vivent dans cette zone vis-à-vis des risques d’inondation. Un état de catastrophe naturelle avait été décrété pour permettre de déployer les aides nécessaires à la remise en état des infrastructures impactées. Cette année encore, le 23 février 2021, les habitants ont été surpris dans la nuit par une montée soudaine des eaux et au matin nous n’avons pu que constater les dégâts. Le Préfet, votre prédécesseur y est arrivé en diligence et s’est prononcé sur la mobilisation des services pour faire reconnaître encore une fois les faits de catastrophe naturelle pour permettre ainsi de colmater les trous de « la cuvette ». Nous sommes toujours en attente du décret. Cependant, à force de colmatage, j’ai bien peur que ne disparaisse complètement la forme et la couleur de la « cuvette » pour ne laisser la place qu’aux matériaux ayant servi à panser les trous…

Mais…pourquoi je ne m’adresse pas directement au Maire de la ville, me dira-t-on ?

Je voudrais rappeler que les quartiers ici, constamment impactés par les inondations ont été construits à l’endroit de toute une forêt de palétuviers (la mangrove) et de l’étang Mrôni-boka.

Acoua, orages, Mayotte
Des véhicules emportés par la coulée de boue en février dernier à Acoua

Monsieur le Préfet, au début des années 90, Mayotte encore collectivité territoriale, les maires n’agissaient que sous le diktat du préfet et des services de l’Etat. C’est alors qu’il a été permis, voire même dicté à la Commune d’Acoua de détruire la mangrove, de remblayer avec simplement de la terre l’étang Mrôni-boka pour y construire des maisons au grand dam des habitants qui s’étaient prononcés contre le projet. Je rappelle que cet endroit abritait diverses espèces parfois endémiques : des poissons, des leptocéphales, des crabes violonistes, des oiseaux et toute une légende liée aux esprits sur lesquels les anciens s’appuyaient pour transmettre des valeurs fondamentales aux plus jeunes. (…)

On dénombre aujourd’hui plus de 200 familles (je vous laisse le traduire en nombre de personnes) demeurant ces quartiers et par conséquent exposées aux risques d’inondation à la fois par la montée de la mer mais plus grave encore par les pluies diluviennes. La nature ne fait que reprendre petit à petit ce qui lui appartient. C’est ainsi Monsieur le Préfet que l’Etat, la préfecture a une très grande part de responsabilité sur ce mal qui gangrène cette zone d’habitation de la ville d’Acoua.

Je demande donc et ceci est la voix de sinistrés des inondations, à ce que l’Etat prenne ses responsabilités et accompagne cette fois fortement et rapidement la Commune d’Acoua pour repenser les aménagements de cette zone. Il s’agit ici, au-delà de précipiter (encore une fois) le décret reconnaissant l’état de catastrophe naturelle, de penser sérieusement, d’engager sérieusement des vrais travaux pour sécuriser les habitants et leurs biens.

Je rappelle que nous sommes déjà en mi-juillet, il ne nous reste que 4 mois avant l’arrivée de la prochaine saison de pluies et nous n’avons même pas encore effacé les stigmates de la dernière inondation. Je crains l’aggravation de la situation si rien n’est fait d’ici les premières précipitations.

Monsieur le Préfet, je réitère, au-delà de pallier aux urgences plus que nécessaires, il est tant que l’état prenne vraiment ses responsabilités pour corriger cette erreur du passé qui impacte fortement aujourd’hui la quiétude des habitants de cette partie de la ville d’Acoua.

Je vous saurais gré de recevoir les échos de ce cri d’alerte et d’appel à la responsabilité afin d’apaiser définitivement l’inquiétude de la population de cette localité face aux problèmes d’inondation qu’elle subit à chaque goutte de pluie. »

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