De l’escalade pour réussir… Lundi, une visioconférence organisée dans le cadre du programme national « Les Cordées de la Réussite » a permis à des élèves des collèges de Kani-Kéli et de Tsimkoura de s’entretenir avec François Hollande, l’ancien président de la République française de 2012 à 2017. L’initiative, saluée par le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, visait à rapprocher les élèves des institutions républicaines et à susciter des vocations à travers un dialogue avec une personnalité politique.
Pendant près d’une heure, les collégiens ont posé une série de questions préparées en amont dans le cadre de leur enseignement moral et civique à l’ancien chef de l’État. En retour, François Hollande a livré un témoignage personnel, sans esquiver les questions parfois franches, voire intimes, de ses jeunes interlocuteurs.
Une vocation politique tardive, nourrie par la curiosité

Invité à revenir sur ses jeunes années, François Hollande a confié qu’il ne nourrissait pas, adolescent, de projet présidentiel. « Quand vous étiez plus jeune, pensiez-vous déjà à vous engager en politique et devenir président ? », demande un élève du collège de Kani-Kéli. « Non pas du tout. À votre âge, je voulais surtout comprendre le monde, me forger mes idées », a-t-il expliqué, évoquant une jeunesse marquée par les débats familiaux, entre un père de droite et une mère de gauche. « Mes parents parlaient souvent de politique. Mon père était de droite, ma mère de gauche, ce qui faisait naître des débats à la maison. J’avais de la curiosité, de l’envie d’apprendre. L’idée de devenir président ne m’a pas effleuré avant d’être adulte. C’est venu ensuite, avec mes engagements locaux, en tant que député, maire, chef de parti », a confié l’homme politique.
C’est par l’engagement local — d’abord comme député, puis comme maire et chef de parti — que l’ambition nationale s’est imposée progressivement. Une manière, selon lui, de rappeler que l’engagement ne naît pas dans les hautes sphères, mais dans la proximité et le terrain.
Mayotte, entre priorités sociales et impératifs de reconstruction

Interrogé par un élève de Kani-Kéli sur le plan « Mayotte 2025 », qu’il avait initié lors de son quinquennat, l’ancien président a rappelé les trois axes principaux du dispositif : L’éducation, la santé et l’emploi. Mais face aux évolutions récentes, notamment les dégâts causés par le cyclone Chido le 14 décembre 2024, François Hollande a plaidé pour une adaptation du projet : « Ce plan visait à améliorer l’éducation, la santé et l’emploi sur l’île. Il faut reconstruire mieux, pas à l’identique. Offrir une perspective d’avenir durable à la jeunesse mahoraise ». Un message qui fait écho aux défis persistants de l’île, confrontée à une pression démographique forte, à un accès inégal aux services publics et à une situation économique précaire.
Redonner du sens à l’engagement civique

L’un des enjeux du programme « Les Cordées de la Réussite » est de lutter contre l’autocensure et de promouvoir l’ambition, même dans les territoires éloignés des centres de décision. La question posée par un élève de Tsimkoura sur l’engagement des jeunes a ainsi ouvert un échange sur la crise de confiance démocratique. « Comment encourager les jeunes à s’engager ?« , demande l’élève. « En leur montrant que leur voix compte ! », a insisté François Hollande, appelant à valoriser toutes les formes de participation : associative, syndicale, ou politique. « Ce que vous faites aujourd’hui est un premier acte d’engagement, et il est précieux. »
À la question finale posée par un élève — « Un conseil pour réussir dans la vie ? » — l’ancien président a préféré l’encouragement à la recette miracle : « Accrochez-vous. On parle souvent des décrocheurs. Moi, je préfère les accrocheurs. Continuez à apprendre, à vous former, à vous investir. La vie vous offrira plus que ce que vous imaginez aujourd’hui.«
Par-delà les échanges, cette visioconférence a permis d’incarner les institutions de la République et de rappeler, au cœur de l’océan Indien, que l’avenir démocratique se construit dans les salles de classe.
Mathilde Hangard