Alertée sur la situation sanitaire de Mayotte après le passage du cyclone Chido, l’ONG Super Novae est d’abord venue soigner les personnes blessées au cours de la catastrophe. Créée en 2021 par Alexandre Chatillon, cette ONG intervient plus particulièrement dans les zones de conflit ou de post-conflit et est spécialisée dans la santé et l’insertion économique des jeunes. Après les soins d’urgence liés aux conséquences du passage du cyclone, l’ONG a décidé de prolonger son séjour sur notre territoire en déployant sa clinique mobile dans les quartiers les plus précaires de l’île où l’accès aux soins s’avère souvent compliqué.

« La demande s’est rapidement éloignée des urgences vitales liées aux conséquences du cyclone, nous avons donc décidé de rester afin d’aller à la rencontre des populations les plus précaires », explique Alexandre Chatillon. La clinique mobile a donc sillonné l’île en y plantant ses 2 tentes afin que ses 2 infirmières et ses 2 médecins puissent recevoir des patients. « Nous nous sommes installés chaque jour dans un quartier différent avec un point fixe et une maraude », détaille-t-il. Si l’ONG est restée discrète en termes de communication afin d’éviter les vols et les agressions, cela ne l’a pas empêchée de soigner 3.500 personnes depuis début février.
Une action financée par un système de mécénat
Super Novae a pu déployer sa clinique mobile grâce au mécénat du Groupe Bernard Hayot (GBH) dont le siège social se situe à Fort-de-France en Martinique. Présent sur 19 territoires en Outre-mer et en Afrique, ce groupe est présent à Mayotte depuis 2020 à travers les enseignes Carrefour et Douka Be, qu’il a racheté à Casino. « Dès le lendemain du passage de Chido, nous avons envoyé 250 tonnes de marchandises dont 150 par avion militaire depuis La Réunion », a déclaré son directeur général Michel Lapeyre, actuellement en visite sur notre île pour rencontrer les autorités locales. « Nous avons créé un fonds de 2 millions d’euros pour aider Mayotte dans les domaines de la Santé, de l’Agriculture (notamment pour l’accès à l’eau pour les maraîchers) et de la Culture », annonce-t-il.

200.000 euros ont ainsi été dédiés au déploiement de la clinique mobile de Super Novae. « Même si ce n’est qu’une goutte d’eau au vu de la situation sanitaire très problématique de l’île, nous avons souhaité apporter notre contribution à ce secteur », ajoute-il. Ce financement a non seulement permis à Super Novae de soigner les patients en demande, mais également de distribuer beaucoup de médicaments. Les cas les plus graves ont été acheminés vers les dispensaires ou le CHM grâce à un système de « taxi-ambulance ». Le financement s’arrêtant à la fin de ce mois d’avril 2025, l’ONG est contrainte de tirer sa révérence pour le moment, mais n’est pas opposée au fait de revenir. « Au-delà du financement, notre retour est aussi conditionné par le fait de trouver des médecins généralistes dont au moins un sur deux a de l’expérience en médecine tropicale », détaille Alexandre Chatillon.
Le groupe GBH continuera-t-il à financer la clinique mobile à Mayotte ? Michel Lapeyre a souhaité garder le suspense !
Nora Godeau