Ils exploitaient la misère de gens vulnérables sans scrupules

À Kawéni, des travailleurs sociaux ont découvert neufs hébergements indignes loués par un couple franco-malgache à des personnes en grande pauvreté. 

Alors qu’ils procèdent à une opération de relogement dans le quartier « Manga Télé » de Kawéni, des travailleurs sociaux découvrent neuf logements particulièrement indignes, dans lesquels vivent des personnes en grande pauvreté, s’adonnant pour certaines à de la prostitution. 

16 logements indignes pour exploiter la misère des autres 

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Pour repérer et traiter les situations d’habitat indigne, l’ARS exerce une police spéciale du préfet dans le domaine de l’habitat insalubre (illustration/DR)

Au cours de l’enquête, un couple franco-malgache est identifié comme étant à l’origine de cette entreprise. Sur place, les constats sont affligeants. À deux adresses, l’une au 47 rue Zamantale, et l’autre au 13 rue Baho Lacinema à Mamoudzou, le couple loue des logements, répartis au sein de deux maisons en béton, sept cases en tôle, dépourvues de sanitaires et de points d’eau, considérablement humides, sans aération, où les fils électriques baignent dans des flaques d’eau, et aux odeurs nauséabondes. Au total, seize logements sont loués pour 200 à 300 euros par mois à des personnes en situation de grande pauvreté, certaines en situation irrégulière, dont une femme lourdement handicapée, un mineur sourd et muet, et une femme enceinte. Certains locataires vivent sur place depuis deux ans, sans bail, ni quittance de loyer. D’autres se prostituent pour survivre. 

Une « entreprise » conjugale 

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Un marchand de sommeil peut être condamné à une peine d’emprisonnement allant de six mois à trois ans, et à des amendes, de 500 à 25.000 euros

Résultat, le business du couple leur rapportait des gains très confortables, sans que les factures SMAE ne soient honorées. Pourtant, cette location s’effectue sur des terrains qui n’appartiennent pas au couple, mais à la mairie de Mamoudzou. Malgré cela, trop « obnubilé par l’argent », le couple investit tout de même 100.000 euros sur le terrain occupé illégalement pour construire leur propre maison et plus de 42.000 euros à Madagascar pour y construire une maison à Nosy Bé. D’autre part, la femme du couple déclare posséder une entreprise de vente de vêtements au détail. Pourtant, aucune entrée de fonds relative à la vente ou l’achat de marchandises n’est constatée, laissant planer un grand doute sur le caractère fictif de l’entreprise mais aussi sur la provenance des transferts d’argent conséquents envoyés à Madagascar. Sollicitée, la DGFIP de Mayotte indiquait qu’aucun chiffre d’affaires concernant cette entreprise n’avait été déclaré. Par ailleurs, ni les revenus locatifs n’avaient été déclarés auprès de l’administration fiscale, ni le chiffre d’affaires de l’entreprise de la femme, qui lui avait permis de gagner entre 2.000 et 3.000 euros nets mensuels durant plus d’un an. 

Des marchands de sommeil « menaçants »

Le couple, dont l’homme est âgé de 45 ans, de nationalité française, père de six enfants, et la femme, âgée de 33 ans, mère de deux enfants, arrivée de manière irrégulière à Mayotte, en attente du renouvellement de son titre de séjour, reconnaissent placidement les faits. Mais les « propriétaires », décrits comme menaçants par les locataires, ne s’émeuvent pas pour autant des conditions d’hébergement proposées, prétextant que beaucoup font la même chose à Mayotte, en restant autocentrés sur leurs projets. La femme précise qu’au moment de rencontrer son compagnon en 2016, ce dernier louait déjà trois chambres dans un banga, sur ce même terrain. En 2019, le couple aurait construit sans permis et sur le lit de la rivière, des habitations de fortune avant de bâtir leur propre maison. À l’époque, le couple louait des chambres pour 50 euros compte tenu de leur insalubrité (pas de chape, sol en terre). 

Ces deux marchands de sommeil ont été respectivement condamnés à dix-huit mois d’emprisonnement chacun, assortis de neuf mois de sursis simple, à une amende de 5.000 euros chacun et à une interdiction d’acheter un bien immobilier pendant dix ans.

Mathilde Hangard

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