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Mamoudzou

DTM : Les gilets de sauvetage étaient de sortie dans la barge

Un exercice d’évacuation de passagers d’une barge était organisé jeudi, au quais Issoufali, en milieu de matinée. 

En revenant de La Réunion, à la gare maritime de Dzaoudzi, Issam est rassuré de ne pas s’être trompé de barge au niveau du quai Issoufali, où l’amphidrome Polé allait servir pour un exercice d’évacuation de passagers.

La direction des transports maritimes (anciennement STM, devenu DTM) organisait depuis plusieurs semaines un exercice de mise en pratique des procédures d’évacuation de passagers en mer, de l’amphidrome Polé vers l’amphidrome Karihani.

Une situation d’urgence à quai à défaut d’une évacuation en mer

À travers cet exercice d’évacuation, le STM souhaitait surtout tester les capacités des équipages mobilisés et des acteurs réunis autour d’une cellule de crise dédiée pour améliorer ses capacités de réponse à une situation d’urgence réelle. Mais le programme a été modifié quelques jours plus tôt. À l’origine, il était prévu que l’amphidrome Polé subisse une panne générale d’alimentation électrique, « black-out » en mer, entre les deux ports de Mamoudzou et de Dzaoudzi. L’évacuation des passagers devait être organisée grâce à une deuxième barge, Karihani, qui serait venue s’accoler, « à couple », à la barge Polé en difficulté, pour évacuer les passagers, grâce à une rampe, leur permettant d’être déplacés sur une autre barge.

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Pour le consultant expert des procédures maritimes, « il y aura des couacs, c’est tout l’intérêt de l’exercice. L’avantage c’est que les bateaux se rassemblent donc on peut faire l’évacuation d’un bateau à l’autre (…) l’idée c’est comment le faire avec une procédure réfléchie pour protéger les usagers. »

Cependant, pour des « raisons pratiques », comme nous l’a rapporté un consultant de l’entreprise Chess Maritime, Olivier Choyer, l’évacuation des passagers s’est réalisée directement au quai Issoufali. Le consultant, venu dans la cabine de pilotage, en amont de l’exercice, explique au capitaine et au second, le déroulé de l’exercice d’évacuation, qui se fera à quai : « À l’origine, l’évacuation devait se faire sur l’eau avec deux barges à flot mais pour des raisons pratiques on a décidé de faire un exercice à blanc qui fera l’exercice réel en septembre », a-t-il expliqué.

9h57, déclenchement de l’alarme d’urgence 

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Durant tout l’exercice d’évacuation, le capitaine était en lien avec la cellule de crise du STM pour le bon déroulé de la procédure

Dans la cabine de pilotage de la barge Polé qui s’apprêtait à partir en direction de Grande-Terre, une alarme d’urgence retentit sur le navire. Immédiatement, l’équipage se dirige vers la cabine de pilotage. Le capitaine du navire donnait alors les instructions d’évacuation des passagers aux membres d’équipage, qui s’activèrent sur tous les ponts pour rassembler les passagers par groupes à certains endroits du bateau et les mettre en sécurité, certains à bâbord, d’autres à tribord pour « équilibrer au maximum le navire », nous a rapporté le capitaine, qui restait au sein de la cabine du pilotage pour « gérer la radio » en lien avec la cellule de crise du STM, épaulé par un mécanicien. Malgré le vent et la houle, le capitaine du Polé est parvenu à amarrer la barge « en crabe », grâce aux quatre propulseurs qui tournent sur eux-mêmes à 360 degrés, permettant à l’amphidrome de se déplacer de gauche ou à droite, jusqu’au quai.

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Les membres d’équipage ont aidé les passagers à s’équiper d’un gilet de sauvetage en amont de l’évacuation du navire

Le second capitaine faisait le tour du navire pour identifier des personnes fragiles à bord qui nécessiteraient d’être évacués prioritairement, les enfants, les femmes enceintes ou les personnes âgées. Notre rédaction s’est retrouvée à bâbord du navire, où les membres d’équipage équipaient chaque passager, un à un, d’un gilet de sauvetage. En attendant les instructions du capitaine, matelots, mécaniciens et agents de sécurité ont encadré chaque passager pour « éviter un mouvement de foule. » Une vingtaine de minutes plus tard, après le feu vert donné par la capitainerie et les instances maritimes, le capitaine a ordonné l’évacuation des passagers directement sur le quai Issoufali. Bien qu’il était prévu que les passagers, même à quai, soient évacués à l’aide d’une rampe sur la barge Karihani, qui se tenait à côté du Polé, la fin de l’exercice a été annoncée alors que l’ensemble des passagers étaient à quai.

Premier couac, les barges n’auraient pas de permis de navigation 

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Au sein de la DTM de Mayotte, une trentaine de capitaines et seconds capitaines sont en exercice, dont six femmes

Lorsque nous demandons pourquoi l’exercice n’a pas été réalisé en mer, si les considérations techniques semblaient le permettre, il semblerait plutôt qu’un problème juridique se soit posé. D’après les éléments qui nous ont été transmis, les barges ne disposeraient toujours pas de permis de navigation. Un comble pour ces navires qui transportent des passagers chaque jour, matin, midi et soir, entre Grande-terre et Petite-terre. Un des acteurs maritimes nous a cependant confié que « rien n’empêchait que l’évacuation se fasse en mer, puisque les barges transportent des passagers chaque jour », mais il semblerait que des autorisations soient toujours en cours du côté des affaires maritimes pour que les barges disposent desdits permis. Sans permis de navigation, on peut se demander quel serait le scénario de sauvetage en cas de problème majeur en mer ? Comment le commandant pourrait-il protéger ses passagers et les faire évacuer ? Si l’évacuation, d’un point de vue strictement technique, pourraient être bien réalisée, qu’en serait-il des questions de responsabilité ?

Un succès malgré un exercice peu crédible

Alors que les passagers, venus volontairement sur le navire pour participer à cet exercice, ont pris place à bord de la barge, qui n’avait fait que quelques mètres, avant que l’alarme ne retentisse, les capitaines et les membres d’équipage sont parvenus à « maîtriser la foule », « rassurer les passagers », et « assurer leur évacuation sur le quai Issoufali en toute sécurité », nous a rapporté le capitaine. En effet, bien que « l’évacuation des passagers n’ait pas réellement été testée », pour reprendre les mots d’un agent de la STM, celle-ci s’est bien déroulée, notamment avec la cellule de crise, qui coordonnait le dispositif. Aussi, on peut saluer le travail de l’équipage, qui a insisté pour équiper d’un gilet de sauvetage, l’ensemble des passagers, y compris, les journalistes, malgré l’exercice « test », en déclarant : « Nous serons les derniers à quitter le navire, c’est vous les passagers notre priorité, le capitaine, partira le dernier. »

Mathilde Hangard

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