De mémoire d’électeur, jamais autant de candidats à la présidentielle n’ont boycotté une élection à Madagascar. Retraité de la société minière de Madagascar, Jean-Louis a pourtant été de toutes les crises depuis la transition de 1991. Il ne comprend pas que seulement trois candidats sur treize se tiendront réellement sur la ligne départ jeudi pour le premier tour. « Je suis pour l’élection, je vais aller voter. On a déjà vécu trop de crises politiques. Je suis fatigué des coups d’État », souffle-t-il sans dévoiler le nom qu’il glissera dans l’urne.
Diary n’est pas de cet avis. Vendeuse dans une épicerie, la jeune femme de 32 ans a tenu à manifester ce mardi à l’appel du collectif des dix candidats d’opposition pour demander le report de l’élection. « Non je ne vais pas voter dans ces conditions », affirme-t-elle. « Les résultats sont déjà préparés, le président Rajoelina a donné ses ordres à la HCC » ,la Haute cour constitutionnelle, équivalent de notre Conseil constitutionnel, accusée par les opposants d’être inféodée au pouvoir.
« Les candidats sont tous les mêmes, ils ne pensent qu’à leur bien ! »
Sur une île profondément divisée par les batailles électorales, une troisième voix se fait entendre. Celle de ceux qui ne croient plus dans la politique. Valsoa n’y a même jamais cru. À 21 ans, cette jeune diplômée en recherche d’activité aurait dû participer à sa première élection. « Je ne suis pas intéressée, les candidats sont tous les mêmes, ils ne pensent qu’à leur bien ! », lance-t-elle. « Il y a peu de changement et tous les cinq ans ça recommence ».
De notre envoyé spécial Ivan Rakotovao