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Mamoudzou

Évacuation de plusieurs établissements scolaires en raison d’une eau impropre à la consommation

L’arrêté de non-conformité de l’eau de l’ARS sur les zones les plus peuplées de Mayotte, Petite Terre, Mamoudzou et Koungou, a perturbé l’organisation de plusieurs établissements scolaires ce jeudi. Certains ont fermé, d’autres pas, nous avons donc fait le point avec le rectorat pour connaître leur modus operandi.

La logique prévaut dans tout ça, nous rapporte Benjamin Lazard-Peillon, directeur de cabinet du recteur, qui livre la « doctrine maison », par temps calme et par tempête.

Rappelons que les établissements du second degré (collèges et lycées), qui relèvent tous du rectorat, sont raccordés au « chemin de l’eau ». C’est-à-dire qu’ils ne sont pas soumis aux tours d’eau, « ce qui nous permet d’accueillir les élèves tous les jours ». Deux exceptions qui devraient rentrer dans les rangs dans les jours à venir, les collèges de Passamainty et de M’gombani, « les travaux de raccordement au ‘chemin de l’eau’ sont quasiment terminés ». Hormis ces deux établissements, « ceux du second degré fonctionnent de façon continue ».

Mais ce beau rouage irrigué s’est quelque peu effrité ce jeudi de communiqué de l’ARS Mayotte  sur une non-conformité de l’eau touchant les zones les plus peuplées de l’île, Petite Terre, Mamoudzou Nord et Sud et la périphérie de Koungou. L’eau qui coulait dans les établissements de ces zones n’étant plus buvables directement, à moins de la faire bouillir ou d’attendre 6 heures. « Nous avons donc organisé l’évacuation de tous les établissements, explique encore Benjamin Lazard-Peillon. Dès 8h58 quand le communiqué de l’ARS est tombé, nous l’avons envoyé aux chefs d’établissements pour déclencher le plan de sécurisation et empêcher les jeunes de boire l’eau du robinet, car elle n’était exploitable que pour le lavage des mains et les sanitaires. »

« Nous avons libéré les élèves »

Le collège de Majikavo a dû fermer à midi

Sur la masse de collèges et de lycées touchés, tous n’ont pas subi le même sort. « Le lycée des Lumières s’est doté d’un stock stratégique d’eau en bouteille en cas de problème comme celui-ci, qui lui a permis de tenir aujourd’hui et jusqu’à samedi, si jamais les résultats des nouveaux tests n’étaient pas favorables ». On ne sait pas quand ils tomberont. Même anticipation au LPO de Kawéni, « il a pu tenir la journée, on avisera demain pour la suite. »

Quant aux autres établissements, le lycée de Petite Terre, les collèges de Labattoir et Pamandzi, de Doujani, de K1 et K2, de Koungou et de Majikavo, ont eu cours jusqu’à midi, « nous avons ensuite libéré les gamins en lien avec les bus de Transdev et les forces de l’ordre, nous avons étalé la sortie des élèves. »

Si l’eau est de nouveau conforme, pas de problème, mais au cas où elle ne le serait pas, les jeunes sont priés de venir en cours avec leur gourde de 600ml remplie chez eux avec de l’eau bouillie, « seuls les cours d’EPS seront touchés, car allégés pour éviter une transpiration excessive.

Du côté des écoles, qui sont de la compétence des maires, c’est plus compliqué. Nous avions vu qu’il y a trois cas de figure : celles qui sont comme les établissements du secondaire sur le « chemin de l’eau » ont dû théoriquement suivre la même logique que celle appliquée par le rectorat. Celles qui ne sont pas sur le chemin de l’eau mais raccordées aux cuves de stockage d’eau du réseau lors des jours « verts », à usage sanitaire et de lavage des mains, non consommable car stockée. Les élèves détiennent tous des gourdes à remplir chez eux. Ces zones rejoignent le reste de l’île depuis ce jeudi en passant en tour d’eau de 48 heures, avec une autonomie des cuves qui peut être mise à mal, « on préconise un usage raisonné des chasses d’eau pour tenir sur la durée ».

Les « ni-ni » de l’eau

Fuite d’un des lavabos à l’école Jardin fleuri

Ce passage à 48h de coupure se fait dans un contexte de non-conformité de l’eau ce qui complique la tâche pour les familles qui doivent approvisionner les gourdes des enfants.

Enfin, les « ni-ni », les écoles qui ne sont ni sur le « chemin de l’eau », ni raccordées aux cuves. « Cela concerne une seule commune, Koungou. » Nous avons malgré tout interpellé le directeur de cabinet du recteur sur les écoles de Cavani Sud, dont celle de Jardin fleuri, une enseignante nous ayant rapporté que « le raccordement n’est pas encore effectif », nous montrant un calendrier que l’on pourrait qualifier de « non scolaire », avec des jours de complète fermeture. Et indiquant la présence de fuites.

Comme à Koungou, les élèves auront été privés de nombreuses heures d’enseignement. Pour cette dernière commune le DGS nous avait fait valoir que les raccordements sont en cours, mais tardivement car « nous avons eu connaissance tardivement, début septembre de plusieurs écoles à équiper de cuves alors qu’elles devaient être sur le chemin de l’eau ». Espérons que depuis ce message, la situation se soit améliorée, il en va de l’avenir des jeunes.

Et un planning allégé qui détonne

Une situation qui n’est pas sans rappeler la période Covid, où après un tâtonnement au début de l’épidémie, les établissements avaient continué à fonctionner, hors périodes de confinement, avec des fermetures au cas par cas, mais avec une doctrine bien établie, il est bon de le souligner cette fois encore. Le contexte de pénurie et de potabilité de l’eau à dimensions variables, complexifie encore une fois la scolarisation des nombreux jeunes, avec des responsables qui doivent naviguer à vue… Et pas à sec, on l’espère !

Anne Perzo-Lafond

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