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mardi 30 avril 2024
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Assises : Cinq jours de procès où la victime a fait face aux cinq accusés

Hier se tenait le dernier jour d’un long procès fleuve aux assises qui aura duré cinq jours et à cheval sur deux semaines. Quatre accusés comparaissaient pour viol en réunion et un cinquième pour complicité de viol. Ils encouraient jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle.

Pour rappel, les faits se sont déroulés dans la nuit du 23 au 24 mars 2019. Une jeune interne en médecine originaire de La Réunion et en stage à Mayotte part fêter son vingt-sixième anniversaire avec quelques amis en boîte de nuit. La suite est beaucoup moins festive puisqu’au cours de la soirée, alors qu’elle était sortie dehors pour discuter tranquillement avec une de ses connaissances, la jeune fille se retrouve, par la suite, à un moment seule entourée de plusieurs individus. Ces derniers vont alors la violer à tour de rôle en la menaçant. Après plusieurs dizaines de minutes de calvaire, elle réussit à fausser la compagnie à ses bourreaux, parvient à retourner dans la boîte de nuit et retrouve ses amis à qui elle explique ce qui vient de lui arriver.

« Quand j’étais présent ce n’était pas un viol »

Comme trop souvent, les prédateurs sexuels ne reconnaissent pas les faits de viol et parlent d’acte consenti de la part des deux parties, ou prétexte la consommation de stupéfiants leur faisant oublier certains détails et le passage à l’acte. « J’avais consommé de la chimique et bu de l’alcool. Les stupéfiants ont des effets aphrodisiaques, explique un des accusés devant le tribunal. L’envie d’un acte sexuel est décuplée en étant sous stupéfiants. J’ai eu une forte excitation. Mais pour moi tant que j’étais présent ce n’était pas un viol. Ça ne ressemblait pas à une agression ». Cet individu était à l’époque sous contrôle judiciaire pour d’autres faits et avait notamment l’interdiction de fréquenter et de rôder autour de certains lieux comme cette boîte de nuit. « Si je suis condamné, ça sera à tort », clame-t-il devant le président du tribunal, Cyril Ozoux.

La partie civile n’a pas demandé le huit clos lors de ce procès

Puis c’est au tour d’un autre accusé de venir s’expliquer à nouveau sur les faits commis et sur sa personnalité. « Selon les experts psychiatriques vous avez eu une enfance difficile… Vous vous êtes retrouvé seul dès l’âge de 10 ans après l’expulsion de votre mère et que vous n’aviez pas de bons rapports avec votre père », relate le président du tribunal. Puis il poursuit la lecture des rapports des experts. « Toujours selon eux, vous seriez narcissique avec un fort besoin de vous valoriser, une absence totale de respect pour les autres et un problème avec la discipline vous empêchant d’avoir un comportement normal pour la vie en société. Votre forte consommation de chimique et de bangué constituerait également un problème majeur. « C’est vrai que j’avais consommé de la chimique, mais je n’aborde pas les femmes comme ça sans leur consentement. Je voudrais avoir une vie normale et être heureux dans ma vie », répond l’accusé qui est, par ailleurs, un des auteurs du meurtre de Christophe Brousset à Kawéni en 2016. Il était alors sous contrôle judiciaire en 2019 en attendant son procès qui s’est tenu il y a tout juste un mois et où il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

Un troisième accusé s’avance à la barre pour expliquer qu’il est « quelqu’un de simple, pas très bavard. Je joue au foot, je suis tranquille, raconte -t-il. Pour moi, je n’ai pas contraint la dame. J’ai demandé la permission pour savoir si elle était d’accord et si je pouvais participer. C’est une erreur judiciaire », d’après lui. Le président du tribunal fait état de sa personnalité… « Selon les médecins qui vous ont examiné, vous avez eu une enfance heureuse. Je n’ai pas besoin de milliers d’euros pour être heureux. L’argent ne fait pas le bonheur et le bonheur ne fait pas l’argent », raconte le prévenu.

Les deux autres accusés se sont comportés de la même façon en niant les faits et en faisant mine de ne pas se rendre compte que la victime n’était pas consentante. L’un d’eux dira même qu’il est « quelqu’un de bien, que l’être humain peut faire des erreurs et que si la victime n’était pas consentante, il présente ses excuses ».

Une victime face à ses bourreaux

Lors de ces cinq jours de procès la victime était présente et a affronté les accusés avec force, dignité et courage et a ainsi déclaré, avant que les débats ne se clôturent, que ce procès lui a permis d’avoir les idées plus claires en dépit de ce qui lui était arrivé. Elle a demandé au tribunal si elle pouvait lire un petit texte, sans doute une sorte d’exutoire pour elle.

Le ministère public a requis des peines allant de 16 ans à 18 ans de réclusion criminelle

« Ils m’ont volé mon quotidien, ma vie car j’y pense tous les jours. J’ai toujours un choc post traumatique quatre ans après les faits. J’ai subi une violence psychologique avec cet acte, le jour de mon anniversaire. J’ai toujours des blocages, de la souffrance. J’ai été sali, honteuse et suis toujours sidérée. J’ai été obligée d’expliquer à mes proches et à ma famille mon retour prématuré à La Réunion avec tous les commérages que cela entraine, alors que je me sentais bien à Mayotte, je me voyais y rester quelque temps. J’étais très vulnérable à ce moment de la vie. Quand j’ai rencontré mon petit copain je me suis questionnée de savoir si je devais lui en parler et quelle serait sa réaction. C’est un traumatisme très lourd à porter », confie-t-elle.

Sur les cinq prévenus, deux étaient déjà condamnés dans d’autres affaires, l’un pour meurtre et l’autre pour viol commis sur mineur, dix ans auparavant. Dans son réquisitoire l’avocate générale a requis 18 ans de réclusion criminelle pour trois des accusés, 16 ans pour un quatrième et l’acquittement, faute de preuves, pour le dernier.

A l’issu du délibéré, les jurés ont condamné le principal accusé à la peine de 14 années de réclusion criminelle ; disent que la peine de réclusion criminelle prononcée à son encontre sera assortie d’une période de sûreté des 2/3 ; le condamnent également à la peine de 6 mois d’emprisonnement pour les faits de tentative d’évasion dont il est reconnu coupable. Est aussi prononcée une mesure de suivi socio-judiciaire assortie d’une injonction de soins pour une durée de 3 ans et fixe à deux années la durée de l’emprisonnement encouru en cas de non respect des obligations. Ils condamnent un deuxième accusé à la peine de 12 années de réclusion criminelle. De plus, deux autres accusés sont condamnés à la peine de 10 années de réclusion criminelle et prononcent à leur encontre une interdiction définitive du territoire Français. Le cinquième accusé est acquitté des faits reprochés.

B.J.

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