Le 3ème comité de suivi du Plan Global de transport et de déplacement de Mayotte a permis de donner les premières échéances de mise en place de moyens alternatifs à la voiture. Il est de la compétence du conseil départemental, c’est donc le 3ème vice-président Ali Omar chargé de l’administration générale, des transports et de la transition écologique, qui siégeait, aux côtés de la DEAL (Equipement), de la préfecture ce mercredi 30 mars 2022, et de partenaires financiers comme la Banque des Territoires.
Il s’agit de trouver des solutions à l’échelle du département, puisque rappelons que le projet CARIBUS de transport collectif urbain sur le Grand Mamoudzou est mené par la CADEMA.
Le département s’attèle à plusieurs modes de transports. A très court terme, ce sont des rotations de barges qui seront testées sur la ligne Longoni-Dzaoudzi uniquement pour le transport des camions. Un travail est en cours pour régler les détails techniques, et on imagine que le lieu de beachage à Longoni en fait partie, mais au conseil départemental on annonce des expérimentations de rotations, « dès que le Pole et le Karihani sont revenus de Maurice, c’est à dire dès juillet », nous précise Ali Omar. Les anciennes barges y seront dédiées.
A moyen terme, c’est le transport maritime de passagers qui est visé. « Nous mettrons en place des navettes d’une capacité de 100 à 150 personnes, qui navigueront à 40 nœuds 74km/h, reliant Mamoudzou par le Nord jusqu’à Longoni, et par le Sud, à Iloni ». Les études sont lancées pour un montant de 2 millions d’euros, « pour notamment étudier les profondeurs aux marées haute et basse afin de choisir le type de pontons adapté ». L’agrandissement des gares maritimes de Mamoudzou (Grande Terre) et de Fongoujou (PT) impose de déplacer les mamas brochettis dont le village au fronton noirci avait été inauguré il y a quelques années. « Nous avons budgétisé 30 millions d’euros sur Fongoujou, intégrant l’agrandissement de la cale sèche, ce qui évitera d’envoyer les barges en arrêt technique à Maurice ». Enfin un signal de cohérence avec les achats d’amphidrome !
Deux téléphériques à l’étude à Mayotte
Fongoujou qui reste le centre de toutes les attentions puisqu’un téléphérique est annoncé, « un premier tracé est prévu pour rallier l’aéroport », précise Ali Omar. Le téléphérique est un mode de transport en vogue, puisque ce 15 mars, La Réunion a inauguré le sien, long de 2,7 km culminant jusqu’à 300m d’altitude, et doté de 5 stations. Il dessert le campus universitaire et des quartiers densément peuplés. C’est l’entreprise Poma, qui se présente comme le leader mondial du transport par câble, qui est aux manettes. C’est elle qui livre le plus long téléphérique urbain de France à Toulouse. Et qui pourrait être sollicitée à Mayotte. Une autre étude est en effet menée sur une liaison Passamainty-rond point de Jumbo à Majikavo.
Le projet de transport par bus en interurbain, sur les lignes Mamoudzou-Chirongui, Mamoudzou-Dzoumogne et Dzaoudzi-Fongoujou, a déjà fait l’objet d’un appel à projets. Comme nous l’avons vu, le Pôle d’Echange Multimodal de Coconi est en cours de construction, intégrant notamment des parking relais, « celui de Chirongui est fini ».
Enfin, la billettique est bien prévue pour intégrer un système commun à tous les modes de transports, pour effectuer comme c’était annoncé, le trajet aéroport de Pamandzi vers Kani Keli avec un seul et même billet.
Pour financer tout ça, les fonds européens sont sollicités, avec amorçage par le conseil départemental sur les 25% non financés. On se souvient de l’inquiétude qui régnait à la suite de l’annonce de Bruxelles de l’arrêt de financement des infrastructures par le fonds FEDER afin qu’il soit affecté à un autre développement que du béton sur l’enveloppe 2021-2027. Mayotte étant très en retard, il fallait demander une dérogation, c’est quasiment fait, selon l’élu, « notre vice-président Salime Mdere est monté au front au niveau de la Commission européenne, nous avons obtenu un accord de principe. »
A un horizon beaucoup beaucoup plus lointain, le « Treni bile » (train bleu) et un viaduc, sont toujours dans les cartons, « nous devons déjà mener des investissements lourds pour les projets décrits ci-dessus, nous ne pouvons pas nous éparpiller », conclut Ali Omar.
Anne Perzo-Lafond