Polytechnique à la rencontre des lycéens de Mayotte : les enjeux des études supérieures dans le département

Ce mardi matin, deux élèves de Polytechniques partaient à la rencontre des élèves de terminale Spé Maths du lycée Bamana, et de ceux de la classe CPGE. Une rencontre aux allures de tutorat et d’accompagnement, face au défi latent d’emmener les élèves mahorais vers les études supérieures.

Accompagner les mahorais dans leurs velléités d’études supérieures, c’est la mission prise en main par l’école Polytechnique dans le cadre du dispositif Les Cordées de la Réussite. Un enjeu de taille, mais qui soulève également des questions, face au nombre très limité d’élèves choisissant d’effectuer leurs études supérieures sur le territoire.
C’est ainsi qu’une délégation de deux élèves de polytechniques accompagnés d’une coordinatrice du pôle diversité et réussite de l’école visitaient ce mardi les élèves de terminale Spé maths du lycée Bamana, avec pour objectif de les accompagner «  de telle façon à ce qu’ils puissent construire un parcours d’orientation et obtenir à l’issue une école d’ingénieur », selon les mots du proviseur du lycée Laurent Prevost.

La délégation de Polytechnique

L’idée que les élèves mahorais intègrent les meilleures écoles de la république, « ça correspond aussi aux attentes de la nation, aux besoins de l’île » expliquait d’emblée le proviseur aux futurs étudiants. « Dans les années 2030 on va avoir besoin de compétences à 80% cognitives, on n’a plus besoin de gens manuels, d’exécutants, désormais tous les emplois sont sur la base de la connaissance. Donc c’est important que vous puissiez à Mayotte parvenir à ce niveau d’employabilité, parce que les défis que vous allez avoir à résoudre lorsque vous aurez fini votre cursus et serez de retour ici, sont énormes bien entendu » .
Puis, s’adressant à la délégation de Polytechniciens, le chef d’établissement déclarait que «  Les demandes d’orientation en CPGE ( NDLR Classes préparatoires aux grandes écoles) ne sont pas terribles… Il y a vraiment un enjeu pour nous après votre passage de remplir cette CPGE et après votre passage, on espère bien qu’ils vont modifier leurs choix sur Parcoursup parce que là ce n’est pas brillant ».

C’est devant une classe de jeunes motivés et enthousiastes que les deux élèves de seconde année de Polytechnique détaillaient leurs parcours, vantant les intérêts de l’école d’ingénieur en rappelant les différents atouts de telles institutions. Et ce, en donnant de bien raisonnables conseils à leurs benjamins : « C’est une formation d’excellence, mais, excellence c’est un grand mot, il ne faut pas se mettre de barrières » expliquaient l’un d’entre eux. Et l’autre d’ajouter que, face aux inégalités des différents établissements en termes de rayonnement, « la meilleure école d’ingénieur, c’est celle que vous choisirez ».

Des élèves très attentifs

Et ce tout en rappelant quelques chiffres : « après une école d’ingénieur, 96% des étudiants trouvent un emploi ». En 2019, « 125 000 ingénieurs étaient recrutés en France, et ¾ des étudiants ingénieurs embauchés l’étaient en CDI ». Une stabilité qui peut sembler bien alléchante dans un département où le chômage atteint les 30%.
Les interrogations des lycéens n’ont pas manqué, preuve d’un intérêt certain pour leur avenir. Avenir qu’ils semblent d’ailleurs imaginer en dehors du département, sur le plan scolaire tout du moins, et ce au grand désarroi du proviseur. «  « Nous à ce jour on a visu de ce que les élèves ont demandé ( Ndlr sur Parcoursup) . Et il se trouve que lorsque je regarde ce que les élèves demandent aujourd’hui : mes élèves de terminal n’ont pas demandé la classe de CPGE de Bamana. Donc c’est un peu paradoxal, on a ce souci ici sur Mayotte, c’est que les lycéens veulent absolument partir à la Réunion ou en métropole à l’issue de leur baccalauréat. Donc l’idée c’est de leur montrer en quoi il y a une plus-value à rester sur Mayotte et intégrer la CPGE de Bamana ».
Une volonté de voyager liée à la crainte d’une qualité d’étude moindre au sein du 101ème département ? Ou à celle d’un parcours encore jeune et n’ayant pas encore fait ses preuves ? Face à cette idée, le proviseur répond que «   l’inspection générale a coutume de dire qu’il faut environ trois ans avant que le rythme de croisière ne soit établi. (Ndlr après deux ans de fonctionnement) On est dans ces difficultés là pour différentes raisons, manque d’enseignants, qualité du recrutement des élèves la première année… Les choses se régularisent progressivement, cette année cela devrait fonctionner un peu mieux ». La messe est dite, les élèves auront le dernier mot.

Mathieu Janvier

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