La crise sanitaire n’est pas durablement aggravé la situation de l’emploi à Mayotte, mais elle ne l’a pas arrangé non plus selon l’enquête emploi de l’Insee, qui définit le chômage au sens du Bureau International du Travail, et non selon les données de Pôle Emploi.
« Au 2e trimestre 2021, à Mayotte, 51 000 personnes ont un emploi, un niveau proche de celui de 2019, avant le début de la crise sanitaire. Cependant, entre 2019 et 2021, la population en âge de travailler continue d’augmenter. De fait, la situation reste très difficile en 2021 : seuls 32 % des 15-64 ans ont un emploi, soit 3 points de moins qu’en 2019. Les personnes employées à domicile, celles nées à l’étranger ainsi que les hommes de 30 à 49 ans sont les plus touchés par la crise : leur taux d’emploi diminue fortement. La situation des jeunes ne se dégrade pas, grâce à un allongement de leurs études. Mais 25 000 jeunes de 15 à 29 ans ne sont toujours ni en emploi, ni en études, ni en formation. Le taux de chômage s’établit à 30 %, à un niveau équivalent à celui constaté entre 2016 et 2019″.
« Avec l’arrêt de la croissance de l’emploi, le taux d’emploi ( rapport entre le nombre de personnes en emploi et la population totale) des personnes de 15 à 64 ans recule fortement » note l’Insee. « Au 2e trimestre 2021, 32 % des personnes âgées de 15 à 64 ans ont un emploi, soit 3 points de moins qu’en 2019. En effet, la population âgée de 15 à 64 ans continue d’augmenter entre 2019 et 2021 (+ 10 800 personnes supplémentaires) alors que l’offre d’emplois n’augmente pas ». Principales victimes, les personnes natives de l’étranger et les hommes de 30 à 49 ans.
Les emplois à domiciles sont, eux aussi, particulièrement affectés par la crise sanitaire. « Entre 2019 et 2021, 1 400 de ces emplois sont détruits ; il en reste 3 900 en 2021 ». Un point corrélé au précédent puisque nombre d’emplois à domicile à Mayotte sont occupés par des personnes nées à l’étranger.
A l’inverse, l’emploi en entreprise progresse, avec 1000 emplois créés en trois ans, malgré un ralentissement de cette croissance.
Quant au secteur public, il se maintient. » L’emploi public reste stable, avec 20 900 personnes travaillant dans ce secteur en 2021. En particulier, le recours aux contrats aidés « Parcours Emplois Compétences » (PEC) reste à un niveau proche de celui de 2019 : en 2021, 2 200 personnes en bénéficient ».
La crise sanitaire s’est aussi traduite par des milliers de salariés en chômage partiel sur le territoire, ce qui a sauvé des emplois selon l’Insee. « Lors du confinement du 5 février au 15 mars 2021, jusqu’à 3 000 personnes bénéficient des dispositifs d’activité partielle mis en œuvre depuis mars 2020. Ces dispositifs permettent de préserver certains emplois en indemnisant les salariés dont le nombre d’heures rémunérées par les entreprises baisse à cause d’une activité économique limitée. Toutefois, l’activité partielle est bien moins fréquente que lors du premier confinement de 2020 au cours duquel plus de 9 000 personnes en bénéficiaient. »
Résultat de tous ces facteurs, « Au 2e trimestre 2021, le taux de chômage au sens du BIT s’établit à 30 % de la population active à Mayotte. Il retrouve son niveau d’avant la crise sanitaire, et usuellement constaté depuis 2016. Mayotte reste ainsi le département français au taux de chômage le plus élevé. »
Les dernières années n’ont bien sur pas été linéaires. « En 2020, le chômage avait baissé en trompe-l’œil (28 %) en raison du confinement qui avait conduit nombre de personnes sans emploi à réduire leurs recherches d’emploi. En 2018, le chômage avait été très élevé (35 %), suite aux mouvements sociaux et à la baisse des contrats aidés. »
Ainsi, « au 2e trimestre 2021, 22 000 personnes sont au chômage au sens du BIT. À ces chômeurs s’ajoutent 34 000 personnes sans emploi qui souhaitent travailler, mais qui ne sont pas considérées au chômage. Elles sont inactives au sens du BIT, majoritairement parce qu’elles ne font aucune démarche active de recherche d’emploi ». C’est le fameux « halo du chômage ».
« Au total, qu’elles soient au chômage ou dans le halo, 56 500 personnes souhaiteraient travailler, soit 35 % des personnes de 15 à 64 ans, comme en 2019 » constate l’Insee.
Y.D.