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Le chômage se stabilise à 30%

Après une année à 35% marquée par les mouvements sociaux, le chômage revient à 30% à Mayotte, soit le taux de 2016 et 2017. Si nous restons la région la plus touchée d'Europe, on note une accélération des créations d'emploi dans les entreprises.

Mayotte est numéro 1 ! Sur 200 régions européennes, aucune n’égale le taux de chômage qui sévit dans l’île. Celui-ci, étudié par l’Insee en 2019, s’établit à 30% de la population âgée de 15 à 64 ans. Et contrairement à 2018 où l’activité avait pâti des grèves et des barrages, 2019 s’inscrit bien dans une tendance. « Cela confirme que Mayotte est le territoire avec le taux de chômage le plus élevé. Et là ce n’est pas conjoncturel, ça fait plusieurs fois qu’on a 30%, contre 9% en métropole et entre 18 et 24% dans les autres outre mer » constate Jamel Mekkaoui, directeur de l’Institut national des statistiques et études économiques (Insee).

Cette étude repose sur les critères internationaux du BIT, le bureau international du travail, qui considère comme chômeur toute personne de 15 à 64 ans n’ayant pas du tout travaillé sur une période de référence et qui est en recherche active d’emploi. D’une part, ça veut dire que les résultats peuvent différer de ceux de Pôle Emploi. « Les statistiques de Pôle Emploi sont très conjoncturelles et dépendent des politiques publiques, en plus à Mayotte, il y a moins de 15 000 inscrits, ça ne correspond pas du tout à la réalité du territoire » explique Jamel Mekkaoui. D’autre part, cela signifie que les habitants sans emploi, qui en veulent un mais qui ne cherchent pas activement ne sont pas comptés. Si on les rajoute, on arrive à environ 35% de la population adulte. En somme la population se divise en trois parts similaires : les personnes en emploi, les personnes sans emploi qui en voudraient un, et ceux qui n’en cherchent pas du tout, comme les étudiants.

En résumé…

Cette stabilisation à 30% signifie aussi que les créations d’emploi ont suivi la croissance démographique, sans parvenir à la dépasser. Il y a donc bien plus d’emplois. Ceux-ci ne sont toutefois pas répartis de manière égale selon les secteurs. Si l’enquête sur les entreprises doit être rendue publique en janvier, on peut dès à présent constater trois tendances : une légère hausse de l’emploi dans la fonction publique d’Etat, une baisse notable dans la fonction publique territoriale, principalement due à la suppression des contrats aidés, et une forte hausse des créations d’emploi dans le privé. Ce qui nous mène à une première sur le territoire : cette année la fonction publique n’est plus le principal moteur de création d’emploi. L’Etat a maintes fois répété ces dernières années que c’était aux entreprises de créer de la valeur sur le territoire, et celles-ci semblent bien commencer à jouer leur rôle. Bien sur on peut supposer que les créations d’emploi restent liées à la commande publique, et donc à l’argent de l’Etat. Ce dernier ne cache d’ailleurs pas sa volonté, à travers le plan pour l’avenir de Mayotte, de donner du travail aux entreprises, petites et grandes, du territoire. Avec à la clé des emplois et des formations. Ce constat reste néanmoins à prendre avec des pincettes, malgré une hausse des créations de postes, l’emploi salarié dans le privé ne représente toujours que 11% de l’activité à Mayotte, contre plus de 40% en métropole.

Les femmes sont moins bien loties

Ensuite, s’il y a une inégalité par secteur d’activité, il y a aussi de fortes disparités au sein de la population. Ainsi l’étude révèle que les créations d’entreprises ont principalement bénéficié aux natifs de Mayotte, et notamment aux plus de 30 ans. Le chômage des natifs de l’île baisse ainsi de 21 à 18%. Il passe en revanche de 41 à 43% pour les natifs de l’étranger. Il baisse aussi légèrement chez les hommes, passant de 26 à 25% mais augmente d’autant chez les femmes, passant de 33 à 35%. Ces comparaisons s’entendent entre 2017 et 2019, 2018 marquant une forte hausse conjoncturelle pour tout le monde.

Jamel Mekkaoui

Le rôle de l’Insee étant d’éclairer le débat public afin d’aider à orienter les politiques menées, ces chiffres, attendus chaque année, ont leur importance. On peut les voir sous le prisme de la bonne nouvelle de la création d’emplois dans le privé, qui ne peut qu’être un cercle vertueux. Ou on peut constater que la « stabilisation » se fait à un taux excessivement élevé, unique en Europe, et que toutes les mesures déjà entreprises pour l’emploi et la formation professionnelle auraient bien besoin d’un coup d’accélérateur.

Y.D.

 

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