30.8 C
Mamoudzou

À Koungou Manga, « avant le 26, on vivait en parfaite harmonie avec le quartier Jamaïque» (NE PAS PDF)

« Je sais bien toutes les idées reçues que l’on se fait sur Koungou et surtout ce quartier, mais honnêtement, nous y vivions très bien, on ne s’est jamais senti en danger ici ». François*, près du portail de la résidence dont on se souciait guère auparavant qu’il ne ferme pas, parle au passé. Car le 26 février, la « parfaite harmonie » qu’il décrit entre les habitants du lotissement Sim et ceux du quartier informel situé quelques dizaines de mètres plus haut, vole en éclat. L’ « horreur », les « scènes de guerre », s’emparent des lieux dans des circonstances traumatisantes déjà largement relayées. La descente dans un déferlement de violences trouverait son origine dans une série d’interpellations.

« Ce n’était pas du tout inévitable »

« On vivait vraiment bien ici, nos scooters et nos motos dormaient dehors, si quelqu’un voulait se servir c’était facile mais ça n’arrivait pas. Je pense que ce qui s’est passé le 26 n’était pas du tout inévitable, ça a tellement éclaté d’un coup, dans la folie, qu’il y a forcément quelque chose qui a provoqué cela », se désole François.

Qui, malgré le choc, tient à livrer sa version alors que l’argument sécuritaire est largement utilisé pour justifier l’opération de démolition du quartier voisin. D’abord, « il ne faut pas faire d’amalgames, les gens qui habitent là haut sont très loin d’être tous des délinquants,

Les murs du Hameau du récif et de Koungou Manga témoignent encore du déferlement de violence qu’ont subit les habitants des lotissements Sim le 26 février.

il s’agit pour l’immense majorité de familles qui vivent, certes chichement, mais paisiblement. Ceux qui appellent ça une zone de non-droit ne savent pas vraiment de quoi ils parlent », appuie le fonctionnaire. Lequel se refuse à voir dans les actes commis le fait des seuls habitants de « la Jamaïque ». « Je suis convaincu qu’il s’agit largement de bandes de délinquants qui ont profité du chaos, des jeunes qui ont trouvé refuge ici après s’être fait décaser d’autres endroits de l’île », estime-t-il.

« Ils sont tous partis… »

Dans ce contexte, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, le locataire n’est « pas soulagé » de voir les bulldozers raser le quartier dont seraient issus ses assaillants. « Bien sûr qu’il faut faire quelque chose pour apaiser Mayotte, mais je ne sais pas si c’est la bonne réponse, j’ai même peur que ça ait l’effet inverse. C’est compliqué… » Le cinquantenaire souffle, regarde autour de lui. « Ils sont tous partis, il ne reste que quatre ou cinq familles », commente-t-il, seul, au milieu du lotissement désert où des murs noircis de flammes témoignent encore de l’horreur vécu.

« Ce qu’il s’est passé, je ne le souhaite à personne… », lâche-t-il faiblement. Avant de se reprendre : « la seule chose positive dans tout ça, c’est que ça permet enfin de mener des travaux de sécurisation ! »

En atteste la présence d’un agent de la Sim. Et l’installation de barreaux aux fenêtres, d’un portail qui ferme, de points d’attache pour les deux-roues… « Mais bon, c’est des bricoles, quand une horde capable de défoncer des murs débarque, ça ne fait pas le poids ». Pour lui, la seule garantie serait de retrouver « l’harmonie » d’antan, avec les habitants des hauteurs qui n’ont pas été délogés. Avec sa femme, déterminée elle aussi à rester sur place, ils veulent y croire.

G.M.

*Le prénom a été modifié.

Article suivant

Partagez l'article:

Newsletter JDM !

Soyez connecté en permanence avec l'actualité de Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre politique de confidentialité.

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

L’agenda du week-end : du volley, des sorties, des soirées et le nettoyage de la plage de Sohoa !

Ce week-end, en période de vacances scolaires, plusieurs activités...

Journée d’information, de sensibilisation et de dépistage cancer

Programme action du 11 mai 9h00 : Accueil, petit déjeuner...

Point épidémiologique sur le choléra à Mayotte au 8 mai 2024

Au 8 mai 2024 on comptabilise 63 cas de...