L’insécurité s’est invitée en introduction de la séance plénière ce mardi. Seize rapports étaient au programme, nous y reviendrons, et si on s’attendait à une motion portant sur des dispositions pour lutter contre la délinquance, celle-ci visait le recensement de la population dont dépend la dotation globale de fonctionnement versée par l’Etat. C’est par un discours que le président Ben Issa Ousseni donnait les grandes lignes de la position du département sur le contexte insécuritaire.
Il justifiait son absence de parole ces derniers jours, « si c’est pour redire les mêmes choses, pour être dans le registre de la condamnation, sans éléments nouveaux ». Le président du Département constate un déchainement de violence qui prend « des formes de plus en plus dangereuses ». Mais rien que pour sa compétence qu’est le transport scolaire, d’un coût de 46 millions d’euros « sans compensation » de l’Etat, le contexte nécessite bien cette prise de parole.
Surtout que c’est ce marché du transport scolaire qu’il avait décidé de suspendre lors de l’opération « Ile Morte » de protestation contre la délinquance, menée le 13 septembre 2022 de concert avec les maires de Mayotte qui avaient de leur côté fermé les écoles. Il avait débouché sur des engagements de part et d’autres. « Deux mois plus tard, nous faisons tous le constat que rien ne s’est amélioré. »
Quelle paternité pour la Police des transports ?
Il fait partie des acteurs qui voient dans la police des transports, terrestres et maritimes, une solution aux agressions. Pour Ben Issa Ousseni, elle doit être mise en place par l’Etat. En réalité, rien n’est moins clair. Sur certains départements français, elle relève de la Région, quand d’autres, les Côtes d’Armor en l’occurrence, l’ont placé sous l’autorité de la police nationale ou de la gendarmerie. Un ancien député du Val-de-Marne avait expliqué qu’il fallait conserver une logique, « Quand la région a une compétence importante transports-lycées, elle doit assurer la sécurité des usagers, ni plus ni moins ».
Si le conseil départemental de Mayotte a la compétence des transports scolaires, il n’a pas récupéré celle des collèges, ni celle des lycées au titre de Région. Mais compte le faire, si l’on en croit plusieurs prises de parole de Ben Issa Ousseni ce mardi.
Deuxième proposition, celle faite au préfet d’un Contrat local de sécurité dédié aux transports, « qui permettrait de mutualiser le recours à l’ensemble des forces de sécurité du territoire et d’agir ainsi plus efficacement et de manière ciblée. » Un vrai sujet, car la coopération entre gendarmerie, police nationale et police municipale n’est pas toujours fluide, un travail est à mener pour améliorer la prise en charge de la sécurité publique. Surtout qu’on ne comptait hier, toujours aucune interpellation des agresseurs, alors que les caméras embarquées dans les bus sont parlantes.
Pour tout ce qui est prévention, le conseil départemental assure agir, mais « ça ne suffit pas ! ». Il qualifiait l’arrivée du RAID par « une première réponse à la demande des maires. »
En conclusion de son discours, Ben Issa Ousseni lâchait, « ne nous résignons pas », en ajoutant qu’à la police des transports, il fallait « agir en profondeur sur les causes du mal, la pauvreté, la précarité, l’immigration clandestine ».
A.P-L.