« Les maths c’est logique car on invente rien », affirme Mayna, 14 ans, en classe de troisième au collège de Koungou, sous l’approbation de ses amies, Rasna, Samra et Ezganelie. Ce mercredi 19 mars, dans le cadre de la Semaine des mathématiques, elles présentent, avec plusieurs autres camarades, un atelier technologique et scientifique aux différentes classes de l’établissement qui, le temps d’une heure, s’installent pour les écouter mais aussi pratiquer. Jeux vidéos, robots, drones, modèle de serre agricole connectée…, l’objectif est de montrer à tous l’utilité et l’application concrète des mathématiques, une discipline d’avenir nécessaire dans de nombreux parcours professionnels.

« Moi je veux faire de la médecine chirurgicale », continue justement Mayna, qui considère la matière comme un jeu et non une contrainte. Signe de sa passion, elle a préparé avec ses camarades une vidéo pour le concours national VideoDiMath, où elles expliquent en trois minutes la loi de Benford. « J’espère qu’on va gagner ! », ajoute-t-elle, contente du rendu final de la vidéo diffusée aux collégiens ce matin.
Si pour elle l’importance des mathématiques n’est plus à démontrer, ce n’est pas le cas pour beaucoup d’autres, et les ateliers de ce mercredi sont l’occasion de créer des vocations, ou au moins un intérêt pour le plus grand nombre.
Sortir les mathématiques des murs du collège
Juste à côté, dans une salle adjacente, se tient un atelier consacré aux fractales, des structures mathématiques auto-similaires. En d’autres termes, plus on regarde de près une fractale, plus on retrouve une forme similaire à celle qu’on a observée à grande échelle. « C’est une notion importante car on retrouve les fractales dans la nature, les océans, les feuilles, les arbres. Ce sont les fractales qui permettent d’équilibrer l’écosystème marin, en façonnant les coraux par exemple », explique Diallo, professeur de mathématiques. « Il faut mettre les maths hors des murs du collège, leur montrer qu’on peut les observer tous les jours. Derrière ça peut donner envie aux élèves de s’intéresser à la préservation de l’environnement, à l’architecture, à l’ingénierie ».

A l’étage de l’établissement, un atelier a permis aux élèves de s’entraîner aux mathématiques sur un site internet qui propose différents exercices selon les niveaux de chacun. Un moyen pour les collégiens d’avancer à leur rythme et surtout un outil pour les professeurs qui peuvent accompagner au mieux chaque élève. « Il y a un grand engouement de la part des collégiens, la seule difficulté c’est quand les élèves sortent de l’établissement ils n’ont pas forcément accès à des ordinateurs, et aux infrastructures pour pouvoir réutiliser les outils. On espère que ça changera dans l’avenir », remarque Chamassi Abdillah, professeur de mathématiques.

Les élèves ont également pu participer à un atelier orienté sur l’utilisation des mathématiques dans la protection de l’environnement et la réduction des impacts du changement climatique, et à une pièce de théâtre montée par les collégiens qui sensibilisent sur l’importance de l’apprentissage.
Préparés et animés par les élèves de 3ème et de 4ème pour les 5èmes et les 6èmes, les ateliers créent des liens entre les générations, ces dernières peuvent ensuite faire perdurer la tradition au fil des années.
Une tradition importante qui a résisté à Chido
« Cette année après Chido c’était difficile d’organiser ces ateliers, car on a pas eu beaucoup de temps et les élèves étaient en difficulté mais on s’est battu avec l’aide de la direction pour mettre en place quelques animations », souligne Souane Ibrahima, professeur de mathématiques et organisateur depuis plusieurs années de l’événement au collège de Koungou. « Tant que je suis là, je vais œuvrer pour qu’on respecte cette tradition, on voit que c’est bénéfique, les élèves en ont besoin. C’est aussi une manière de promouvoir Koungou, car lorsqu’on parle de cette ville on parle d’insécurité, mais quand on voit les élèves s’épanouir c’est motivant ».

« La reprise a été difficile comme dans tous les établissements, mais ici on voit une équipe pédagogique très engagée et je tiens à les remercier », insiste Jacques Mikulovic, recteur de l’académie de Mayotte qui a visité les ateliers. « On a pu voir des élèves qui sont extrêmement brillants et ça c’est rassurant pour l’avenir ».
La matinée s’est terminée par l’épreuve de la « Course aux nombres » : 30 questions de calculs mentaux en 9 minutes. Les 2 meilleurs élèves de chaque niveau ont été récompensés d’une calculatrice et de stylos.
Victor Diwisch