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vendredi 14 mars 2025

Conjoncture : Une économie mahoraise et un climat des affaires exsangues

L’IEDOM vient de publier son enquête sur les tendances conjoncturelles du 4e trimestre à Mayotte, et dont les deux dernières semaines ont été marquées par le passage du cyclone Chido qui a ravagé l’île et a durablement impacté son économie. L’institut a donc adapté l’enquête avec des questions spéciales sur l’impact du cyclone pour mieux appréhender cet évènement et ses conséquences.

Comme chaque trimestre, l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM) mène une enquête conjoncturelle auprès d’un échantillon d’entreprises mahoraises. Pour le 4e trimestre 2024, elle a eu lieu du 27 janvier au 10 février 2025. Toutefois, compte tenu du passage du Chido, « les résultats présentés ici sont à prendre avec précaution, car les réponses sont probablement celles des entreprises ayant pu à minima reprendre leur activité », précise l’IEDOM

Des entreprises fortement impactées par les conséquences du passage de Chido

entreprise, Mayotte
Des mesures de soutien aux entreprises comme le dispositif d’activité partielle ou la suspension de la collecte et du recouvrement des cotisations par l’URSAFF ont été mis en place

La totalité des entreprises interrogées signale avoir subi des dégradations matérielles au moins partielles et avoir connu des difficultés organisationnelles, notamment en ce qui concerne les déplacements, les transports ou encore les communications… Et tous les types de biens sont concernés par les dégradations : outils de production, surfaces de vente, bureaux, véhicules professionnels, locaux de stockage, etc. Aussi, la moitié des entreprises de l’échantillon interrogées ont vu leurs charges d’exploitation augmenter après le passage du cyclone.

Par ailleurs, des mesures de soutien aux entreprises comme le dispositif d’activité partielle ou la suspension de la collecte et du recouvrement des cotisations par l’URSAFF ont été mis en place. Ainsi, au moment de l’enquête, la majorité des répondants a déclaré ne pas avoir réduit leurs effectifs (seuls 5,3 % indiquent s’être séparés d’employés).

Une reprise de l’activité progressive et disparate selon les secteurs

96,5 % des entreprises interrogées annoncent avoir été en mesure de reprendre ou de poursuivre leur activité au moins partiellement. « Parmi elles, 42,1 % estiment avoir retrouvé le même niveau qu’avant Chido ». De plus, les situations sont très variables d’une entreprise à l’autre. « Parmi celles qui n’ont pas repris leur activité ou qui l’ont repris seulement partiellement, 33,3 % estiment pouvoir retrouver les niveaux d’avant Chido d’ici six mois, 51,5 % entre six mois et un an, les 15,2 % restants n’anticipent pas de reprise complète avant au moins un an », indique l’institut.

Toujours selon l’enquête menée par l’IEDOM, 29,8 % des chefs d’entreprise interrogés évoquent la crainte d’une défaillance au cours des six prochains mois. Ainsi, « pour le premier trimestre 2025, 42,9 % des entreprises anticipent une baisse d’activité, 33,9 % une stabilité et 23,2 % une hausse ». Les entreprises prévoyant une hausse d’activité au premier trimestre 2025 appartiennent toutes, comme on peut s’en douter…, aux secteurs du BTP et de l’industrie.

Concernant les mesures de soutien aux entreprises, 75 % des répondants envisagent de solliciter au moins un type d’accompagnement au prochain trimestre. Néanmoins, la trésorerie reste une préoccupation pour 73,7 % des chefs d’entreprise qui craignent une dégradation en 2025, relate l’institut.

Le moral des entrepreneurs en berne et une inflation qui tourne toujours autour de 2%

L’indicateur du climat des affaires (ICA) chute de 7,3 points et s’établit à 101,9 points au quatrième trimestre 2024. « Cette évolution s’explique principalement par les prévisions incertaines des chefs d’entreprises. Il est à ce stade difficile pour les chefs d’entreprise d’établir des prévisions d’activité pour le prochain trimestre en termes quantitatifs », d’après l’IEDOM.

De plus, l’indice des prix à la consommation (IPC) est stable pour le deuxième trimestre consécutif (+0,6 %) et la tendance est confirmée dans la majorité des grands postes de consommation. « En glissement annuel, l’inflation s’élève à 2,4 % (après +2,1 % à septembre 2024), rythme supérieur à celui observé au niveau national (+1,3 %). Cette hausse des prix est portée par l’ensemble des grands postes. Les prix de l’énergie augmentent de 5,6 % et ceux de l’alimentation de 3,4 % sur les douze derniers mois. Les services et les produits manufacturés croissent également, respectivement de 1,8 % et 0,7 %. ».

Le nombre des demandeurs d’emploi progresse nettement et les ménages ont moins consommé

Au quatrième trimestre 2024, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A progresse de 12,1 % par rapport à septembre 2024. Cette hausse est davantage portée par les hommes (+18 %) que par les femmes (+9,4 %). D’un point de vue générationnel, les -25 ans sont les plus concernés (+20 %), suivis des plus de 50 ans (+11 %) et des 25-49 ans (+ 9,9 %).

Sur un an le nombre de demandeurs d’emploi (categ A) augmente pour la première fois depuis plus d’un an (+3,3 %). Toutefois, « compte tenu de la mise en place du dispositif d’activité partielle et de probables défauts de déclarations, l’impact du cyclone Chido sur l’emploi rend difficile l’interprétation de ces données », note l’IEDOM.

Concernant la consommation des ménages, elle fléchit au dernier trimestre 2024. Ceci est dû notamment à une chute de l’importation des produits courants et aussi celle des produits d’équipement du foyer.

Enfin les importations se réduisent (-13,8%). Tous les grands postes contribuent à cette baisse. L’énergie chute drastiquement (-54,6 %), suivie par les importations de produits courants (-17,6 %), les biens d’investissement (-9,8 %), les biens intermédiaires (-7,2 %) et les biens d’équipement du foyer (-5,6 %). « Le passage du cyclone a eu un impact instantané sur le niveau des importations. En comparaison à décembre 2023, où il s’élevait à 76,9 millions d’euros (89,3 millions d’euros pour décembre 2022), décembre 2024 enregistre seulement 40,3 millions d’euros d’importations, le plus bas niveau sur les cinq dernières années », constate l’IEDOM. Concernant les exportations, l’institut note un net recul de 49 % sur le trimestre et de 4,4 % sur un an.

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