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Le Département de Mayotte soutient Zena Airlines mais « les compagnies devront faire des efforts », affirme Ben Issa Ousseni

Alors que les collectifs de citoyens militent contre les tarifs exponentiels des billets d’avion au départ de Mayotte, le Département a accordé une subvention de 500.000 euros à la compagnie aérienne Zena Airlines, pour l’aider à obtenir son Certificat de Transport Aérien (CTA).

Un peu de neuf sous le soleil. Jeudi 10 octobre 2024, l’Assemblée départementale de Mayotte a voté en faveur d’une subvention de 500.000 euros destinée à aider la compagnie aérienne Zena Airlines à obtenir son Certificat de Transport Aérien (CTA). La participation des collectivités au secteur de l’aérien était une des mesures préconisées dans le rapport d’information de l’ancien député guadeloupéen UMP (ex-LR) Joël Beaugendre datant de… 2014.

Fier de ce « pas décisif », le Département souhaite ainsi montrer qu’il est l’allié des Mahorais, en facilitant leurs déplacements aériens et en transformant « durablement l’économie de Mayotte », pour « renforcer sa connectivité avec le monde. » 

Une autorisation de transports de passagers nécessaire 

départementales, Mayotte
Le Département voit dans cette subvention, « un soutien décisif » pour la compagnie aérienne, lui permettant de « débuter ses activités de transport aérien commercial »

Prochaine étape, démontrer des garanties techniques solides. La compagnie Zena Airlines devra déposer une demande auprès de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), pour l’obtention d’un certificat, l’autorisant à transporter des passagers vers et depuis Mayotte. 

Des efforts attendus des concurrents 

Depuis une vingtaine d’années, les tarifs des billets d’avion vers et au départ de l’archipel mahorais n’ont eu de cesse d’augmenter. En cause, les élus pointent du doigt la compagnie Air Austral qui détient quasi l’exclusivité du marché aérien mahorais. Le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, estime que cette situation a largement profité à la compagnie aérienne Air Austral, dont les prix de ses billets d’avion sans limite concurrentielle, sont jugés très nettement abusifs par les citoyens. « Air Austral fait ce qu’elle veut, elle pratique des prix exorbitants car elle est la seule sur le territoire », réitère le représentant du 101ème département. 

Clément Beaune, aérien, ferroviaire, Outre-mer, Mayotte
« Il faut aligner deux ou trois salaires pour partir dans l’Hexagone », s’indigne Ali Djaroudi, président de l’association d’usagers du transport aérien à Mayotte

Pour le Département, l’enjeu est de taille. « Quelque soit la ligne aérienne concernée », Ben Issa Ousseni juge que les concurrents d’Air Austral (ndlr : Air France, Corsair) devront aussi « faire des efforts ». Actuellement, alors qu’à La Réunion, 5 vols directs par jour sont proposés pour rejoindre Paris, à Mayotte, les vols directs se font de plus en plus rares. La plupart des vols disponibles comportent une, voire deux, ou encore trois escales, en passant par La Réunion, le Kenya, ou encore les Pays-Bas, à des tarifs pouvant aller jusqu’à 2.000 euros l’aller. 

La « continuité territoriale » en jeu 

En référence à la piste courte de l’aéroport de Pamandzi, les représentants d’Air France et de Corsair affirment que les infrastructures aéroportuaires de Mayotte sont « nettement insuffisantes » pour envisager une implantation durable de leur compagnie sur l’île. En conséquence, Mayotte est le seul département des outre-mer à ne pas être desservi par la compagnie aérienne Air France, censée assurer un rôle de « continuité territoriale » entre l’Hexagone et les départements d’outre-mer. 

Mayotte, piste longue,
Alors que l’allongement de la piste de Pamandzi a été écartée au profit de la création d’un nouvel aéroport à Bouyouni, le sujet n’est toujours pas tranché

Au sujet des 500.000 euros accordés à Zena Airlines, le président du Conseil départemental souhaite rester prudent. L’objectif n’est pas d’aider systématiquement les compagnies aériennes qui envisageraient de desservir Mayotte, l’enjeu est qu’une compagnie aérienne, telle qu’Air France, respecte son rôle de « société nationale » et de « continuité territoriale », explique le représentant du département. « Nous on veut que les entreprises viennent et que les compagnies fassent des efforts (…) Air France dessert tous les outre-mer sauf Mayotte. Aujourd’hui, on n’arrive pas à faire changer leur position. J’ai échangé avec les responsables (ndlr : de Air France et de Corsair), ils n’ont pas changé de position (…) Ce n’est pas d’actualité ni à Bercy et au ministère des Outre-mer. C’est très difficile ». 

L’arrivée de Zena Airlines pourrait bien bousculer le prétexte cité par les compagnies Air France et Corsair d’une piste d’atterrissage trop courte à l’aéroport de Marcel Henry. Ben Issa Ousseni estime que si Air Austral a résolu cette contrainte en mettant en service des Boeing 787-8, les fameux Dreamliners, pouvant décoller sur piste courte, Air France et Corsair peuvent y parvenir également. Néanmoins, si le président de la compagnie aérienne Zena Airlines, Julien Novou, déclare que la stratégie commerciale concurrentielle permettra de faire baisser sensiblement les prix des billets d’avion au départ de Mayotte, les Mahorais préfèrent être déçus qu’espérer dans le vague.

Mathilde Hangard

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