Grève du 2 octobre à La Réunion : l’inquiétude budgétaire grandit

Sous les drapeaux syndicaux, les rues de Saint-Denis ont vibré au rythme des slogans et des revendications.

Saint-Denis, ce jeudi 2 octobre 2025. Le Jardin de l’État s’est rempli dès le matin de drapeaux, pancartes et slogans. Si l’ambiance se veut parfois légère, la colère reste bien présente. À l’appel de l’intersyndicale, plusieurs centaines de personnes ont battu le pavé dans la capitale réunionnaise, tandis qu’un autre cortège se rassemblait à Saint-Pierre. En toile de fond : le budget 2026, gelé depuis la chute du précédent gouvernement, et les arbitrages attendus de Sébastien Lecornu, nommé à Matignon.

« L’éducation est la base pour l’avenir »

La Réunion, grève du 2 octobre 2025, manifestation,
Après deux heures de marche dans les rues de Saint-Denis, les cortèges syndicaux – CGTR, FSU, CFDT, FO, CFTC, Unsa, Union étudiante 974, Saiper et CFE-CGC – rejoints par les retraités de la fonction publique et Attac, ont convergé vers la préfecture.

Parmi les voix qui s’élèvent, celle des enseignants résonne particulièrement. Une professeure de collège de Saint-Denis dénonce une réduction des moyens qui, selon elle, met en danger l’avenir de la jeunesse : « L’éducation, c’est la base. Si les moyens manquent, c’est l’avenir du pays qui est compromis ».

Elle illustre son propos avec l’exemple du Pass Culture, dont le crédit individuel a été réduit pour certains élèves : « L’an dernier, chaque élève avait 25 euros. Aujourd’hui, c’est tombé à 2,5 euros. Notre mission, ce n’est pas seulement de faire cours, c’est aussi d’accompagner les jeunes pour qu’ils découvrent la culture et deviennent des citoyens curieux et responsables ».

À ses côtés, une enseignante retraitée élargit le propos : « Éducation et santé, ce sont les deux piliers. Si on s’attaque à ça, on détruit les services publics, et derrière, c’est toute la société qui s’effondre ».

« Macron démission ! »

La Réunion, grève du 2 octobre 2025, manifestation,
Deux ans après son entrée en application, la réforme des retraites de 2023 reste impopulaire.

Tout au long du cortège, les slogans fusent. Le plus repris reste un classique : « Macron démission ! ». Un docker, présent avec ses collègues, explique son engagement : « On défile pour nos conditions de travail. Ce n’est pas seulement pour nous, c’est aussi pour ceux qui viendront après ».

Un retraité, visiblement fatigué mais tenace, reprend lui aussi le refrain : « Et je vous jure, je pensais pas être encore là à crier ça à mon âge… ».

Les jeunes, eux, oscillent entre humour et préoccupations plus concrètes. L’un résume sa présence avec dérision : « Je suis là pour tout un tas de trucs… un peu tout : retraites, pouvoir d’achat, répression économique… ». Derrière le ton léger, la défiance vis-à-vis des choix gouvernementaux transparaît.

Un budget 2026 sous tension

Au-delà des slogans, c’est la question budgétaire qui cristallise les inquiétudes. Depuis la chute du gouvernement de François Bayrou, le projet de loi de finances 2026 est suspendu. Les syndicats redoutent des coupes dans des secteurs jugés essentiels : éducation, santé, retraites, protection sociale.

« On nous parle d’économies, mais où vont-elles être faites ? » interroge un syndicaliste. « Si c’est encore sur les services publics, c’est tout le pays qui en paiera le prix ».

Dans les cortèges de Saint-Denis comme de Saint-Pierre, les discussions vont bon train : certains évoquent la dette publique, d’autres la hausse des prix, d’autres encore la crainte que les aides profitent davantage aux grandes entreprises qu’aux citoyens. Tous s’accordent sur un point : l’incertitude est trop grande et les réponses du Gouvernement se font attendre.

Mathilde Hangard

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