Visite E. Borne : Mansour Kamardine fustige les incohérences « mortifères » des politiques publiques à Mayotte

Faut-il conditionner les constructions d’école et de logements à la convergence des droits sociaux à Mayotte et à l’égalité républicaine sur les titres de séjour ? En tout cas, on ne peut pas lancer l'un sans l'autre, explique en substance le député mahorais dans un communiqué préalable à la visite de la Première ministre.

S’il se réjouit de la visite d’Elisabeth Borne à Mayotte ce 8 décembre, notamment parce qu’il s’agit du « 1er déplacement d’un chef de gouvernement depuis 15 ans dans le 101ème département français », le député LR Mansour Kamardine n’en est pas moins déçu, fustigeant comme il a eu l’occasion de le faire lors des rencontres parisiennes du CIOM, « des politiques publiques mortifères », pour ce qu’elles « ne tiennent pas compte des priorités des mahorais. »

Ce serait une nouvelle fois le cas selon lui rapportant les thèmes de la visite de la Première ministre, qui porteraient notamment sur les constructions scolaires, des logements sociaux et de la politique maternelle et infantile, des thématiques qui contribuent à « un appel d’air permanent à l’immigration qui déstabilise le territoire. » Il rappelle les 200.000 enfants qui attendent aux Comores d’être scolarisés à Mayotte surtout que s’enchainent là-bas, pénurie et grèves des enseignants non payés et écoles fermées.

Si le député ne fait pas cas des avancées que permettraient une politique massives de logement, élément bloquant des démolitions d’habitat insalubre faute de pouvoir reloger les habitants réguliers, ainsi que la construction d’écoles supplémentaires pour absorber les centaines d’enfants déscolarisés, ou encore la dotation de plus de 100 millions d’euros sur la protection de l’enfance qui va soulager le budget du CD, c’est qu’il met en parallèle cette politique en face d’une autre, totalement inégalitaire, en matière de droit : « Dans le même temps, le gouvernement refuse de mettre fin au titre de séjour spécifique à Mayotte qui transforme l’île en zone de concentration dans laquelle les Français ne représentent plus que le tiers de la population et où ils subissent la loi des gangs, des atteintes permanentes aux biens et aux personnes et des violences barbares qui terrorisent littéralement, comme ces derniers jours, des quartiers entiers. »

Des politiques partiales qui divisent

Elisabeth Borne, Gérard Larcher, Yaël Braun-Pivet, Gérald Darmanin, Jean-François Carenco, Mayotte
En mai dernier, Ben Issa Ousseni reçu par Elisabeth Born pour échanger sur la situation à Mayotte

Autre injustice, les allocations et retraites qui sont de moitié de celles de l’Hexagone ici, quand la fiscalité y est alignée, « le pouvoir exécutif refuse d’envisager la convergence sociale réclamée à cor et à cri par les Mahorais au nom de l’égalité républicaine, mais également pour se maintenir dignement sur leur territoire plutôt que de le fuir pour des régions plus clémentes de la France. » Une convergence que les élus mahorais ont demandé pour 2026 comme nous l’avions révélé, lors des rencontres CIOM.

Cette perspective de multiplier un axe des politiques publiques, les écoles et les logements, sans aligner les infrastructures nécessaires au développement économique et social du territoire, comme « les routes nationales, la piste longue aéroportuaire et le port de Longoni, (…) une citée judiciaire, le second hôpital, la seconde prison, l’université », et sans permettre aux titulaires de titres de séjour de quitter le territoire, contrairement à ce qui se fait partout ailleurs en France, est incohérente, « mortifère », appuie l’élu, qui conclut, « Mayotte est en feu, les Mahorais sont sous le joug de la terreur, mais le gouvernement privilégie le traitement social de l’immigration incontrôlée ! Or traiter les conséquences sans traiter les causes ne fait qu’amplifier le problème. »

Il invite donc la population à se rendre « nombreuse » au-devant d’Elisabeth Borne le 8 décembre en déployant un accueil propre à Mayotte, pour « lui montrer ainsi la richesse de notre culture régionale », non sans lui dire « notre ferme désaccord quant aux priorités gouvernementales actuelles de notre territoire. »

Anne Perzo-Lafond

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