Dans le cadre de la réforme du recrutement des enseignants, le concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) verra, à partir de 2026, son seuil d’accès abaissé à bac+3. Actuellement, l’exigence est un master (bac+5), mais ce changement vise à rendre le métier plus attractif et à réduire la durée des études nécessaires pour y accéder. La réforme met également l’accent sur une formation professionnalisante à l’issue du concours. Un période transitoire est prévue, permettant aux étudiants en cours de master de se présenter jusqu’en 2027 selon les modalités actuelles.
Cette évolution fait partie d’un mouvement plus large visant à moderniser l’accès à la fonction enseignante, qui fait face à une crise de recrutement particulièrement marquée dans certains territoires français.
Une dérogation spécifique pour Mayotte

Dans ce contexte national de réforme, un arrêté du 22 avril 2025 introduit une dérogation pour Mayotte. Ce texte, publié le 7 mai au Journal officiel « Lois et Décrets », prévoit que les candidats aux concours internes et seconds concours internes de l’académie de Mayotte pourront désormais se présenter avec un diplôme bac+2, ou un titre équivalent classé au niveau 5 du Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Cette dérogation s’inscrit dans une volonté d’adapter les exigences aux réalités locales. Contrairement aux concours externes et aux concours du second degré (comme le CAPES ou l’agrégation), pour lesquels le niveau reste fixé à bac+5, cette mesure s’applique spécifiquement aux concours internes, destinés aux candidats ayant déjà une expérience dans le système éducatif.
Un contexte de recrutement difficile

Cette dérogation s’explique par les difficultés de recrutement à Mayotte, où environ 50 % des enseignants sont des contractuels. Le système éducatif local souffre d’une forte pénurie d’enseignants titulaires, et la mesure vise à faciliter l’accès à la titularisation des personnels déjà en poste. Elle répond notamment aux obstacles géographiques et sociaux rencontrés par les candidats potentiels, qui trouvent difficilement un accès direct aux études longues, notamment en raison de l’éloignement géographique et des contraintes économiques. Ainsi, l’arrêté chercherait à stabiliser le corps enseignant en offrant une voie de recrutement plus accessible et mieux adaptée aux réalités locales. Si cette mesure est parfois mal reçue, sous des accusations d’enseignement au rabais à Mayotte, elle devrait n’avoir qu’un impact limité sur le nombre global de recrutements, et reste symbolique dans un contexte où les inégalités entre territoires de la République sont fréquemment dénoncées.
Mathilde Hangard