C’est une question qui taraude bon nombre d’habitants de l’île, et ce quel que soit l’endroit où l’on habite : Y aura-t-il de nouvelles restrictions dans les semaines et les mois à venir concernant la consommation et l’accès à l’eau ?
Pas plus tard qu’en février dernier le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, alertait sur les capacités de production d’eau potable du territoire et appelait à être « très attentif », car « le risque d’une nouvelle crise de l’eau semblable à 2023 existe bel et bien, il faudra s’y préparer, et je m’y prépare ». Il appelait par ailleurs à être innovant pour ne pas tomber dans une gestion de pénurie à coup de bouteilles d’eau.

Puis à la fin du mois de février, c’était au tour du préfet de Mayotte d’évoquer une hausse possible des tours d’eau dans les mois à venir. Il chapeautait en effet un comité de suivi de la ressource en eau et laissait entendre que même si la situation n’était pas encore catastrophique, les prochaines semaines allaient être déterminantes pour savoir si les tours d’eau allaient augmenter. « La situation est meilleure qu’en 2023 mais moins bonne qu’en 2024. Les nappes phréatiques et les rivières sont à un bon niveau, mais les deux retenues collinaires sont à des niveaux en dessous de la normale », indiquait François-Xavier Bieuville au sortir de la réunion. « Il y aura sans doute des interdictions, de la régulation avec peut-être une augmentation des tours d’eau, mais aussi une réflexion concernant les prochains mois, ceux de la saison sèche », ajoutait-il prudent.
Combani à 100% et Dzoumogné à 84% !
Il faut croire que les fortes pluies au mois de mars et celles des 3 premières semaines d’avril auront sauvé la saison et vont permettre aux Mahorais d’entrevoir les prochains mois, ceux de la saison sèche, plus sereinement.

Il y a encore quelques semaines, en avril 2025, lors de la visite de la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche à Mayotte, Agnès Pannier-Runacher, le président de la Société Mahoraise des Eaux (SMAE), Karl Morin, expliquait que le niveau des retenues était suffisant pour atténuer la crise de l’eau annoncée mais que planait tout de même le doute sur les prochains mois. La retenue collinaire de Combani était alors remplie à 86% et celle de Dzoumogné à 60%. Rien n’était donc encore gagné… « Avec le niveau actuel des deux retenues collinaires, on tiendra jusqu’à début février 2026 », affirmait-il. Et il insistait sur le fait qu’il fallait continuer de procéder à une gestion de la ressource minutieuse avec un maintien quasi-obligatoire des coupures d’eau sur l’île pour tenir jusqu’à la prochaine saison des pluies.
La ministre de la Transition écologique indiquait alors que l’on devait « renforcer l’accès à l’eau et faire en sorte d’aller le plus vite possible pour réduire les tours d’eau, on ne peut pas se permettre de mettre en difficulté les Mahorais et les Mahoraises ». En outre, elle ajoutait « qu’il faut accélérer les procédures pour construire une nouvelle retenue collinaire mais aussi l’usine de désalinisation dans les deux prochaines années ». Certes oui ! Mais à quand les premiers coups de pioche pour réaliser ces travaux ? Les responsables politiques sont unanimes, quel que soit leur bord de gauche ou de droite, sur la nécessité de mettre en place ces infrastructures mais pour l’instant rien ne bouge réellement !

Contactée ce lundi 5 mai 2025, la préfecture nous a indiqué qu’à l‘heure actuelle la retenue collinaire de Combani était remplie à 100% et celle de Dzoumogné à 84%. De quoi rassurer les Mahorais pour les mois qui viennent même s’il faudra encore vivre avec les tours d’eau qui, espérons-le, seront moins fréquents que durant les années précédentes.
B.J.