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vendredi 14 mars 2025

Les techniques de potabilisation d’eau toujours bloquées en métropole

Si depuis la catastrophe Chido, l’eau est revenue au robinet – moyennant les tours d’eau permanents – le risque d’une nouvelle pénurie n’est pas écarté. Il est donc urgent d’ouvrir le territoire aux techniques de potabilisation qui ont fait leurs preuves.

En août 2023, en pleine crise de pénurie d’eau, le JDM avait déjà mis en avant la société Flitralife produisant des machines de potabilisation. Une fois prélevée, l’eau de rivière est versée dans la machine, et un coup de manivelle suffit à remplir des bouteilles d’eau potable. Pourtant, pas de réponse favorable à sa proposition de livrer les communes de l’île. Et alors qu’elle est lauréate du concours Lépine, accréditée par le COFRAC (Comité Français d’accréditation), et agréé par les ministères en charge de l’Environnement (pour l’eau) et celui de la Santé.

Rebelote après Chido, avec un mieux puisque le ministère de l’Intérieur valide la commande de plusieurs machines, 110 pour une production de 900.000 litres d’eau potable par jour, mais elle n’ira pas au bout, comme nous venons de l’apprendre. La société privée mandatée par l’Etat pour gérer le dossier impose en effet des conditions prohibitives, comme l’a fait par la suite remarquer le député de la 3ème circonscription de la Vienne, Pascal Lecamp, à Manuel Valls qu’il interpellait à l’Assemblée sur ce sujet: « Le processus s’est bloqué, car la société commanditaire par laquelle est passée la sécurité civile a commencé à négocier les modalités de paiement. Êtes-vous prêt, Monsieur le ministre, à prendre l’avion avec l’une de ces machines qui permet en un tournemain de transformer l’eau saumâtre en eau potable ? »

Pascal Minot qui gère la société peut donc compter sur des appuis, et espère toujours que ce dossier va aboutir. Il mise notamment sur le professionalisme d’Yves Kocher, expert de haut niveau chargé de l’animation locale du « plan eau Mayotte » auprès du préfet de Mayotte depuis le 14 janvier 2025, qui semble remettre de l’ordre dans les rangs.

Rejets à 5 kilomètres

La machine de potabilisation de Filtralife de seulement 80kg

Un autre entrepreneur est sur les rangs pour apporter de l’eau à moindre coût et alors que les rayons des supermarchés peinent à se garnir comme nous l’avions rapporté. Dominique Lenglart propose avec son association Solutions H2O, cinq dessalinisateurs, permettant de potabiliser chacun 300.000 litres d’eau par jour, soit 1,5 million de litres sur le territoire. Il se plaint lui aussi de l’absence de réponse favorable. « Les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale se disent intéressés et me répondent qu’ils ont transmis aux autorités locales à Mayotte. Mais alors que nous pouvons fournir l’eau pour 0,04 euro par habitant sur l’île, je n’ai aucune réponse à mes sollicitations, pas plus des deux députées. Depuis 10 semaines de catastrophe climatique, pas grand-chose n’est fait pour cette île. » Il sourit en nous transmettant l’attestation de changement de présidence en 2022 de cette association créée en 2016, « elle est signée par le sous-préfet du Nord de l’époque, François-Xavier Bieuville ! »

Le procédé de dessalement utilisé depuis des années en Petite-Terre, reste controversé. C’est pourquoi, il prend les devants : « Nous récupérons l’eau à 3 kilomètres dans des zones de 1.500 mètres de fond. Et nous rejetons le plancton et le sel à 5 kilomètres, donc au-delà de la barrière de corail, et dans des zones soumises à une courantologie. Donc c’est sans risques, surtout en comparaison des déchets qui jonchent les plages de l’île. » Et de l’assainissement déficient sur l’ensemble du département.

Une installation conséquente donc à mettre en place pour amener des tuyaux à 5 km des côtes. Dominique Lenglart explique que le matériel est prêt, « 5 containers dans lesquels se trouvent les 5 dessalinisateurs, 100m3 de photovoltaïque pour être en autonomie, et des tubulures. Ils pourraient être rapidement chargés sur un Antonov ».

Il n’en est pas à sa première installation, souligne-t-il, « nous avons implanté des dessalinisateurs en Casamance, au Maroc ou plus près, à Bormes-les-Mimosas. »

Petite éclaircie, un rendez-vous téléphonique ce vendredi avec le cabinet de Manuel Valls.

Alors que les retenues collinaires ont été sollicitées avant l’heure et qu’on espère que la prédiction de Manuel Valls d’une possible nouvelle crise de pénurie d’eau  « semblable à 2023 », ne se réalisera pas, il va falloir doter l’île des techniques existantes.

A.P-L.

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