A Mayotte, « un niveau de violence et d’insécurité jamais atteint », tempête le député Kamardine

Les agressions à répétition notamment de personnel de l’administration, laissent un territoire sinistré où la population vit plus confinée qu’au temps de la crise sanitaire du Covid. Ce qui incite aux départs, dénonce Mansour Kamardine.

Après l’opération Wuambushu qui n’a pas eu l’effet escompté, Mayotte semble être retombée dans l’oubli des élites gouvernementales. En décalage total avec ce que vit la population au quotidien qui ressemble de plus en plus souvent à des scènes de guerre. En témoigne l’agression dont a été l’objet un habitant de Koungou ce vendredi soir à hauteur de la mosquée de Majikavo Koropa. Une barre de fer a été plantée dans son véhicule alors qu’il roulait, heureusement il n’avait alors embarqué aucun passager. Il compte déposer plainte pour tentative de meurtre.

Samedi dernier, le 13 janvier en pleine journée, des habitants de la même commune nous relatent des barrages et caillassages répétitifs : « Nous avons essayé par trois fois de nous rendre au supermarché Jumbo, mais les jeunes possèdent apparemment la voie publique à Majikavo et en font ce qu’ils veulent ».

Une situation invivable, qui incite le député Mansour Kamardine à monter au créneau. Rapportant une agression de deux magistrats à Mayotte le week-end dernier, il déplore un « niveau de violence et d’insécurité à Mayotte à un niveau jamais atteint ». En résulte une fuite en avant de bon nombre de professionnels hors du département, « La situation est telle qu’il devient de plus en plus difficile d’assurer l’affectation de fonctionnaires, notamment de l’éducation nationale et des services hospitaliers, de magistrats et de greffiers à Mayotte. Cette difficulté de recrutement amplifie largement un sous dimensionnement patent des administrations de l’Etat à Mayotte, qui place la plupart des services publics en surchauffe permanente, lorsqu’ils ne sont pas déjà en carence de compétences sur leur champ d’intervention obligatoire. »

« La population se calfeutre »

Mansour Kamardine dénonce une situation qui aboutit à une « carence de compétences » dans les services publiques

Les forces de l’ordre sont manifestement en sous nombre, laissant la rue aux agresseurs parfois très jeunes. A la suite des violences, les interpellations sont nombreuses, la gendarmerie a ainsi arrêté plus d’une quinzaine de personnes pour des faits graves ces derniers jours : l’auteur d’une tentative de meurtre le 5 janvier 2024, de 5 agresseurs d’un gendarme « avec guet-apens et usage d’une arme », de trois auteurs d’une tentative d’assassinat et destruction du bien d’autrui, etc. Des délits commis sur plusieurs zones de l’île, Dzaoudzi, Bandrélé, Bouéni, Chirongui ou encore Ouangani.

Mais il faut surtout agir en amont, les citoyens ne se sentent plus protégés, comme le souligne encore le député mahorais : « Les habitants du 101ème département ne peuvent échapper actuellement à la violence, les agressions se faisant également dans les domiciles où la population se calfeutre. C’est notamment le cas des Mahorais qui sont chez eux à Mayotte et qui n’ont pas vocation à fuir en masse l’insécurité. »

En conséquence, il exhorte le gouvernement « à un renforcement majeur immédiat et prioritaire des forces de maintien de l’ordre, de la police judiciaire et des personnels de l’administration judiciaire et pénitentiaire ».

Même démarche pour le maire de Mamoudzou dans un nouveau courrier adressé à Gérald Darmanin – ils font suite à deux précédentes demandes des 31 juillet et 13 décembre 2023 – dans lequel il réitère le souhait que le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer place le département en état d’urgence sécuritaire.

A.P-L.

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