Une véritable « vague orange », couleur de l’actuel président malgache Andry Rajoelina, a déferlé sur certains lieux hautement fréquentés par la diaspora malgache ce samedi à Mayotte. En parallèle, des manifestations du collectif de l’opposition, le « collectif des onze », étaient une fois de plus violemment réprimées sur la place du 13 mai à Tananarive. Le vendredi 3 novembre, un article du journal Le Monde révélait le contenu d’une lettre de ce même collectif adressée aux parlementaires français, les incitant à « ouvrir les yeux sur la situation à Madagascar » et à sortir de leur silence prudent. « Faut-il attendre que le sang coule dans les rues d’Antananarivo pour que la France et d’autres gouvernements étrangers sortent de leur réserve et condamnent clairement la manipulation du processus électoral par le président Andry Rajoelina en vue de sa réélection ? », ont invectivé les 11 candidats dans leur lettre.
Outre le soupçon de manipulation du processus électoral, le collectif dénonce également le fait qu’Andry Rajoelina possède la nationalité française depuis 2014, ce qui devrait normalement lui interdire selon eux, de participer à cette nouvelle élection. Une affirmation que dénoncent ses partisans, présents ce samedi au bar restaurant Le Taxi-brousse à Tsoundzou 2. « Il est parfaitement possible d’avoir la double nationalité à Madagascar. Selon la constitution, on n’est démis de sa nationalité malgache que si on en fait la demande, ce n’est pas automatique », affirme Eric Raharison, l’un des responsables du mouvement TEM (Tous Ensemble pour Madagascar), venu spécialement de La Réunion pour inciter la diaspora malgache de Mayotte au vote par procuration en faveur d’Andry Rajoelina. Posséder la double nationalité, peut-être, mais se faire élire président, rien n’est moins sûr. C’est donc aux spécialistes en droit malgache qu’il faudrait s’adresser pour trancher cette question épineuse.
Le silence sur la répression des manifestations
Outre TEM, des représentants de quatre autres associations pro ANR (le parti de l’actuel président) était présentes ce samedi au Taxi-brousse. Elles se sont ensuite rendu à Bambo Est, autre haut lieu de la diaspora malgache à Mayotte. Par ailleurs, ces groupes d’influence sont extrêmement présents sur les réseaux sociaux. La propagande du président Andry Rajoelina est donc extrêmement bien rodée et ses partisans semblent avoir réponse à tout, sauf sur une chose. Interpelés sur les violences contre les manifestants de l’opposition, les associations ont gardé le silence, ne sachant que dire. En revanche, les pro-ANR ont contre-attaqué concernant les accusations de fraude, arguant que c’était là une technique de l’opposition pour « descendre » Andry Rajoelina. « Il ne faut pas croire, les autres candidats font aussi de la propagande », assure Eric Raharison.
Ce dernier nous a affirmé par ailleurs être pro Rajoelina car « il ramène l’ordre à Madagascar », « construit des écoles et des hôpitaux » et « applique la tolérance zéro face à la corruption contrairement aux présidents qui l’ont précédé ». Une sorte de « dictature éclairée » si on lit entre les lignes des affirmations de ces associations, qui ont bien entendu nié le terme sans pour autant pouvoir justifier ou expliquer les violences du parti au pouvoir de ces derniers jours.
Nora Godeau