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Sécheresse implacable : À l’eau les pompiers ! 

Au regard de cette crise de l’eau qui touche notre département et des mesures restrictives sécuritaires qui vont fort probablement s’amplifier d’ici quelques semaines, nous nous sommes entretenus avec le directeur du Service départemental d'incendie et de secours de Mayotte (Sdis976) afin d’avoir sa vision de la situation et les solutions déjà explorées notamment auprès de ses 8 casernes.

Comme tout un chacun, les centres des secours de Mayotte ne sont pas épargnés par les tours d’eau, restreignant de manière légitime le quotidien des ces professionnels pour qui l’eau est aussi un élément élémentaire propre aux missions qui incombent à leurs fonctions, notamment en matière de lutte incendie. Une réponse incendie justement, équivalente à 90m3 en instantané, appuyée d’une possible mobilisation de 95 sapeurs-pompiers en un quart d’heure. 

SDIS976

À cette denrée indispensable et précieuse d’intervention, s’ajoute l’aspect purement hygiénique des personnels de garde (généralement en roulement de 24h), pour laquelle il a été mis en place depuis déjà un certain temps, des citernes de récupération d’eau de pluie et de stockage couplées à la pression du réseau, afin de palier aux problématiques des coupures d’eau. La priorité du Colonel Olivier Neis, étant justement d’anticiper (le pire?!).

JDM : Colonel, quelles sont les actions concrètes que vous avez d’ores et déjà menées au regard de cette préoccupante situation qui n’en est qu’aux prémices de ses complications finalement ?

Colonel Olivier Neis : Ma décision a été de dédoubler ces citernes afin d’amplifier l’autonomie de chaque centre. Elles arriveront d’ici peu et seront d’une capacité de 5m3 pour les grosses casernes et de 3m3 pour les autres. Si on fait attention à ne pas faire couler l’eau inutilement entre le moment où l’on se mouille et celui où l’on se rince, cette capacité est largement suffisante pour subvenir aux besoins d’une garde. Depuis un certain temps déjà, les exercices de manoeuvre se font sans mise en eau et le lavage des véhicules est exclusivement restreint aux points de sécurité (pare-brise, rétroviseurs, phares).

Et concernant les interventions, s’il devait y avoir une coupure générale ? 

Tant que le réseau d’eau sera en capacité de nous distribuer les ressources nécessaires, nous l’utiliserons mais dans le cas contraire, il sera anticipé un pompage directement en eau de mer. Une manoeuvre qui n’est pas des plus simples sachant, d’une part, les accès sécurisés plutôt restreints et, d’autre part, toute la complexité mécanique que cela va engendrer.

Colonel Olivier Neis

Une corrosion peut-être prématurée non ?!

Oui, vous avez tout compris; cela a d’ailleurs été évoqué lors de notre dernier conseil d’administration, vendredi 14 avril. La logique voudrait que, si nous sommes dans l’obligation de pomper en eau salée pour une intervention, il faille rincer rapidement la mécanique globale et les outils par la suite. Or, dans ce cas de figure impossible, il est certain que le vieillissement prématuré du parc automobile d’intervention incendie sera inévitable et à remplacer d’ici 3 ans. Quels frais ! 

Donc dans cette configuration du reculer pour mieux sauter, on en est où du point de vue national ? Quelconques directives ou solutions déjà entreprises ? 

Un travail de concertation est en cours avec la Direction générale de la sécurité civile (DGSC) pour justement voir à court terme les solutions envisagées et envisageables. Le ministre Jean-Francois Carenco a justement confirmé, il y a 15 jours à l’Assemblée Nationale, cet engagement en plus de l’extension de production de l’usine de dessalement et de son souhait d’eau à prix coutant en plus des packs qui seront nécessairement importés.

Système de récupération et de stockage d’eau déjà existant au sein du centre de secours principal de Kawéni

Ça va faire un peu cher l’emprunte carbone… Plutôt ironique au regard de la politique de protection de l’environnement et aussi des milliers de potentielles bouteilles plastiques qui risquent de se retrouver dans le lagon ?

La consommation moyenne journalière à Mayotte, c’est environ 40 000 m3 d’eau. Vous imaginez effectivement le nombres de palettes de bouteilles et d’allers-retours qu’il va falloir faire avec la Réunion ou ailleurs. L’hypothèse de faire venir un tanker d’eau a aussi été évoquée mais qui va nous proposer cela ? Prendre le risque de se séparer d’une potentielle source d’eau sachant que cette crise est mondiale, c’est plutôt ambitieux comme piste. Cette situation est compliquée, c’est certain mais on trouvera des solutions, nous n’avons pas le choix. 

Un dernier mot ?

Il faut que la population prenne en considération que l’Eau c’est la Vie; c’est purement précieux et il y en a de moins en moins. Je suis un éternel optimiste mais là, il faut être lucide, le plus dur est à venir. Les gens qui continuent égoïstement à faire la sourde oreille et qui lavent leur voiture en cette période par exemple, il ne faut pas se voiler la face, ils ne font que raccourcir le temps des coupures plus longues, voire définitives, qui nous attendent. Arrêtons de gaspiller.

 

MLG

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