Journées du patrimoine : le shimaoré et le kibushi à portée de plume

Depuis le 18 juillet, la municipalité de Bouéni a organisé des ateliers d’écriture en shimaoré et kibushi. Les travaux d’expression écrite réalisés à partir de contes mahorais seront présentés lors des prochaines Journées européennes du patrimoine les 17 et 18 septembre prochains. Une initiative qui veille à améliorer une meilleure connaissance écrite de ces langues locales, et ainsi sauvegarder le patrimoine de l’île

Le shimaoré et le kibushi sont deux langues locales qui tiennent une place privilégiée à Mayotte. En juillet dernier, l’Institut national de la statistique et des études économiques avait notamment mis en avant la proportion de la population maîtrisant ces deux langues : « parmi les habitants de l’île âgés de 15 ans ou plus, 75 % déclarent maîtriser le shimaoré et 18 % le kibushi. Au total, 81 % des habitants de Mayotte déclarent maîtriser au moins l’une de ces deux langues ».

Un public très jeune à participer à ces ateliers

Le shimaoré et le kibushi, une tradition orale

Dans le cadre de l’appel à projet « Eté culturel » de la Direction des affaires culturelles, la mairie de Bouéni a souhaité, grande première pour la municipalité, « mettre en place des ateliers d’écritures de shimaoré et de kibushi car sachant qu’il s’agit de tradition, les adultes et les enfants éprouvent des difficultés à l’écrire », informe Christelle Boudarel, cheffe de projet Politique de la ville. Pour une meilleure maîtrise à l’écrit, « l’idée était d’apprendre ces deux langues en partant de contes et d’histoires mahoraises », précise-t-elle.

Durant tout l’été, sur les sept villages que compte la commune trois d’entre eux ont été retenus afin d’accueillir les permanences des ateliers d’écriture. Qu’il s’agisse de la Maison des jeunes et de la culture de Bouéni le lundi, celle de Moinatrindri le mercredi ou encore l’espace numérique de M’zouasia le mardi, près d’une vingtaine de jeunes y ont participé. Si les ateliers étaient initialement ouverts à tous, « les jeunes âgés de 8 à 14 ans » se sont rapidement démarqués. Deux animateurs, un ancien policier municipal et un professeur d’anglais à qui le projet tenait à cœur ont encadré les différentes permanences.

Le rendu des ateliers attendu lors des Journées européennes du patrimoine

« Nous allons comme chaque année participer aux Journées européennes du patrimoine, qui ont lieu les 17 et 18 septembre prochains, et l’objectif est de retranscrire en shimaoré un conte oral lu sur scène »,

La MJC de Bouéni

détaille Christelle Boudarel. Sachant qu’avec la rentrée les jeunes ne seront plus présents, des permanences seront programmées les mercredis après-midi et les samedis afin de peaufiner le travail de compilation et de montage, avec en ligne de mire la présentation de leur travail pour le week-end du 17 et 18 septembre.

Au regard de l’engouement suscité par cette démarche, la cheffe de projet Politique de la ville n’exclut pas d’organiser de nouveaux ateliers lors « des petites vacances où sur les prochaines grandes vacances ». Ces événements culturels participent à leur manière à la sauvegarde du patrimoine immatériel de l’île au lagon.

Pierre Mouysset

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

Les députés adoptent la suppression des titres de séjour territorialisés en 2030

Les échanges houleux entre députés étaient à prévoir, qui illustrent la méconnaissance du phénomène migratoire à Mayotte. L’évolution est à souligner au sein du gouvernement où le curseur commence à bouger. La mesure doit être assise sur une lutte contre l’immigration clandestine efficace… ce qui reste encore à démontrer

Au lycée de la Cité du Nord, la possible fin des récréations embrase la communauté éducative

Entre la contestation de la suppression des récréations, des pannes informatiques persistantes et des locaux dégradés, les enseignants du lycée du Nord dénoncent une situation de plus en plus intenable.

Intercommunalités de France, Interco’ Outre-mer et l’association des intercommunalités de Mayotte alertent sur une « loi de programmation » sans programmation

Les présidents d'Intercommunalités de France, d'Interco Outre-mer et d'Interco 976 (Mayotte), alertent sur la contradiction majeure entre une volonté politique et le projet de loi qui doit la traduire. Ils soulignent que le texte, en l'état, ne s’apparente pas à une loi de programmation réelle et ne donne pas aux territoires les moyens de la mettre en œuvre, risquant ainsi de transformer une promesse d'avenir en une crise durable.

Air Austral déplore un manque de repères pour poursuivre sa croissance

Hugues Marchessaux, président du directoire d’Air Austral et président d’Ewa Air et Drissa Samaké, directeur général d’Ewa Air, ont dressé, ce mardi 24 juin, le bilan de l’exercice 2024-2025 des deux compagnies. Avec des résultats d’exploitation positifs, malgré les événements perturbateurs et les contraintes, l’avenir semble prometteur, mais le manque de visibilité à moyen et long terme, notamment sur les infrastructures, laisse planer le doute.