Le shimaoré et le kibushi sont deux langues locales qui tiennent une place privilégiée à Mayotte. En juillet dernier, l’Institut national de la statistique et des études économiques avait notamment mis en avant la proportion de la population maîtrisant ces deux langues : « parmi les habitants de l’île âgés de 15 ans ou plus, 75 % déclarent maîtriser le shimaoré et 18 % le kibushi. Au total, 81 % des habitants de Mayotte déclarent maîtriser au moins l’une de ces deux langues ».
Le shimaoré et le kibushi, une tradition orale
Dans le cadre de l’appel à projet « Eté culturel » de la Direction des affaires culturelles, la mairie de Bouéni a souhaité, grande première pour la municipalité, « mettre en place des ateliers d’écritures de shimaoré et de kibushi car sachant qu’il s’agit de tradition, les adultes et les enfants éprouvent des difficultés à l’écrire », informe Christelle Boudarel, cheffe de projet Politique de la ville. Pour une meilleure maîtrise à l’écrit, « l’idée était d’apprendre ces deux langues en partant de contes et d’histoires mahoraises », précise-t-elle.
Durant tout l’été, sur les sept villages que compte la commune trois d’entre eux ont été retenus afin d’accueillir les permanences des ateliers d’écriture. Qu’il s’agisse de la Maison des jeunes et de la culture de Bouéni le lundi, celle de Moinatrindri le mercredi ou encore l’espace numérique de M’zouasia le mardi, près d’une vingtaine de jeunes y ont participé. Si les ateliers étaient initialement ouverts à tous, « les jeunes âgés de 8 à 14 ans » se sont rapidement démarqués. Deux animateurs, un ancien policier municipal et un professeur d’anglais à qui le projet tenait à cœur ont encadré les différentes permanences.
Le rendu des ateliers attendu lors des Journées européennes du patrimoine
« Nous allons comme chaque année participer aux Journées européennes du patrimoine, qui ont lieu les 17 et 18 septembre prochains, et l’objectif est de retranscrire en shimaoré un conte oral lu sur scène »,
détaille Christelle Boudarel. Sachant qu’avec la rentrée les jeunes ne seront plus présents, des permanences seront programmées les mercredis après-midi et les samedis afin de peaufiner le travail de compilation et de montage, avec en ligne de mire la présentation de leur travail pour le week-end du 17 et 18 septembre.
Au regard de l’engouement suscité par cette démarche, la cheffe de projet Politique de la ville n’exclut pas d’organiser de nouveaux ateliers lors « des petites vacances où sur les prochaines grandes vacances ». Ces événements culturels participent à leur manière à la sauvegarde du patrimoine immatériel de l’île au lagon.
Pierre Mouysset