« Le pire c’est de ne rien faire. Dans ce cas, le résultat est de toute façon gravé dans le marbre. Mieux vaut avoir un vivant avec quelques côtes cassées plutôt qu’un mort. Dès lors, agir quand on est témoin d’un arrêt cardiaque est la seule chance de survie pour la victime». Les propos du docteur Lamhaut font mouche dans l’assistance. La quinzaine de personnes présente dans la salle écoutent attentivement les explications. Le médecin, poursuit son discours, « dans tous les cas, sachant qu’en théorie le temps d’intervention des pompiers est de 15 minutes, et que chaque minute qui passe réduit de 10% les chances de survie, s’il n’y a pas d’action de votre part, la mort est assurée ».
Si en France, le taux de récupération après un arrêt cardiaque s’élève péniblement à 5%, à Mayotte, il est tout bonnement nul. Autrement dit, sur les 110 arrêts recensés en moyenne chaque année sur l’île, aucune des victimes n’en réchappe. Cette situation est d’autant plus dommageable que souvent des témoins se trouvent à proximité. En outre, 30 à 40 % de ces arrêts concernent des enfants, voire des nourrissons ; une spécificité propre à Mayotte. Les facteurs en cause ? Les noyades ainsi que la bronchiolite. Selon l’infirmière du SMUR présente dans la salle, sur les deux dernières semaines, 14 arrêts cardiaques sur des enfants ont été recensés, sans survivant. Dans ces cas précis, « il s’agit avant tout de faire de la prévention pour se prémunir contre ces décès qui peuvent être évités tout simplement en surveillant les enfants et en nettoyant régulièrement le nez des bébés avec du sérum physiologique pour éviter qu’ils s’étouffent », abonde le médecin.
Massage sans interruption
Pour les adultes, il ne s’agit pas de prévention mais de sensibilisation aux gestes qui sauvent. Dès lors, si la personne est inconsciente, la première des actions à entreprendre est d’appeler le 15 et d’expliquer calmement la situation tout en décrivant exactement l’adresse du lieu afin de faciliter la venue des secours. Ensuite, il suffit d’écouter les consignes de l’interlocuteur qui va être en mesure de guider le témoin. Le massage cardiaque doit être pratiqué jusqu’à l’arrivée des secours sans interruption. En outre, l’application SAUV life permet, entre autres, d’indiquer si un défibrillateur se trouve à proximité afin de renforcer les chances de survie. Un outil numérique indispensable pour améliorer le temps de réaction.
Après la théorie vient la pratique. Les participants se relaient sur le mannequin mis à leur disposition. « N’ayez pas peur, même dans la réalité vous ne ferez de mal à personne. Le seul mal que vous pourriez faire, c’est de ne rien faire », tient à préciser à nouveau le docteur Lamhaut. Les gestes à l’attention des bébés étant très différents que ceux pour un adulte, l’infirmière du SMUR invite également à s’entraîner sur un mannequin de nourrisson.
Le président et cofondateur de l’association SAUV life, s’est félicité de cette semaine de mobilisation sur l’arrêt cardio-respiratoire. « L’application développée par l’association a été le moteur et le motif d’impulsion de cette démarche. Plusieurs phases ont émaillé cette semaine. D’abord, expliquer l’application au personnel du SAMU. Ensuite, sensibiliser les plus jeunes, comme nous l’avons fait au collège de M’gombani, ainsi que la population de manière générale par notre action dans la galerie marchande de Jumbo ». Une démarche qui vise donc à sensibiliser de futurs citoyens sauveteurs, indispensable maillon d’une chaîne humaine qui relie à la vie.
Pierre Mouysset