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Un détenu sur trois récidive dans l’année qui suit sa libération indique le ministère de la Justice

Une vaste enquête statistique sur la récidive en sortant de prison interroge sur l'efficacité de la seule incarcération. Selon les types d'infractions commis, le risque de récidive varie. Surtout, le travail en détention et les mesures d'insertion réduisent les risques de réitération à court terme.

L’enquête dévoilée par le ministère de la Justice est nationale, et si elle ne se penche pas sur chaque département en particulier, elle compile des données de métropole et d’outre-mer.

Deux grands axes s’en dégagent. D’une part,  un taux de récidive globalement important dans l’année qui suit la remise en liberté d’un détenu. De l’autre, de  nombreux facteurs qui réduisent le risque de récidive, et des inégalités en fonction du type d’infraction reprochées.

Le premier chiffre fourni est frappant. « 31  % des sortants de prison de l’année 2016 ont à nouveau été condamnés pour une infraction commise dans l’année de leur libération, et parmi eux, 79 % sont sanctionnés d’une nouvelle peine d’emprisonnement ferme ». En d’autres termes, la prison appellerait la prison ? Pas si simple.

D’abord, les récidivistes sont principalement les auteurs d’atteintes aux biens (vols notamment), à hauteur de 43% pour les vols simples, et 39% pour les vols aggravés mais sans violence. « Ces récidivistes sont par ailleurs recondamnés à une peine de prison ferme dans 82 % des cas » indique le rapport. La récidive touche près du tiers des condamnés pour des affaires de stupéfiants (29%) et de délits routiers (38%). D’ailleurs, un quart des récidives concernent des infractions routières. Plus inquiétant, « concernant les auteurs emprisonnés pour des vols simples, ceux d’entre eux qui récidivent commettent un nouveau vol simple dans un cas sur cinq, mais basculent vers un vol aggravé dans un cas sur quatre ».

En revanche, contrairement à une idée reçue, les auteurs de violences sexuelles récidivent peu à court terme. A peine plus d’un condamné sur 10 récidive dans l’année de sa libération.

Alors que les « statistiques ethniques » sont rares en matière pénale en France, le rapport s’est quand même penché sur la récidive des étrangers, et là encore, l’enquête bat en brèche d’éventuels préjugés. En effet, « le taux de récidive des étrangers est plus faible que celui des Français (23 % contre 33 %). Mais cet écart est à relativiser : comme l’indiquent Kensey et Benaouda en 2011, « la connaissance du casier judiciaire [des étrangers] est moins certaine », et une partie d’entre eux peut « faire l’objet d’une mesure d’expulsion du territoire national ». »
On le voit, « l’infraction en récidive est très liée à la nature de l’infraction à l’origine de la détention » note le rapport.

Vers plus de moyens pour l’accompagnement après la détention ?

Néanmoins, pas de fatalité, l’étude montre aussi que des mesures permettent de réduire le risque.

L’étude met en lumière les critères qui augmentent le risque de récidive, ainsi, plus le condamné est jeune, plus il risque de récidiver. Les détenus souffrant de troubles psychiques sont eux aussi plus sujets à la récidive, de même que les condamnés présentant une instabilité dans l’emploi ou le logement (35%). Un faible niveau d’étude augmente aussi le risque. A l’inverse, être marié réduit le risque de récidive de près de 5 points.

Partant de là, tout ce qui joue en faveur d’une meilleure stabilité de vie, réduit le risque de récidive ; insertion, travail, accompagnement médical, vie familiale etc.

Pas tous égaux face à la récidive

« Le fait de travailler en prison réduit légèrement le risque de commettre une nouvelle infraction, de 1,8 points » note le rapport. Par ailleurs, « les personnes ayant bénéficié d’une libération conditionnelle après leur période d’incarcération sont sensiblement moins nombreuses à récidiver que les personnes n’ayant bénéficié d’aucun aménagement de peine (23 % contre 33 %) ».

Globalement, les éléments réduisant sensiblement le risque de récidive sont ceux qui passent par un accompagnement et des critères d’insertion dans la société. Or, la plupart des détenus sont libérés sans passer par un aménagement de peine.

En filigrane, c’est la question des moyens alloués à la Justice et de leur répartition qui se pose. Les services de la PJJ et du SPIP (insertion et probation) subissent un manque récurrent de moyens humains pour suivre tous les justiciables qui devraient l’être. En pesant sur ce levier, la récidive pourrait baisser, pour le plus grand bien des prisons mais surtout de la population. En particulier à Mayotte, qui coche toutes les cases aggravant la récidive : jeunesse de la population, précarité financière et de logement, et manque de moyens.

Y.D.

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