A la suite de son annonce d’accompagnement obligatoire des jeunes sur le chemin de l’école, qui a fait le buzz ce samedi, consécutive aux deux meurtres de jeunes ado, nous avons contacté Ambdilwahedou Soumaïla pour qu’il s’explique sur sa démarche: « Nous ne faisons que répercuter une des décisions des Assises de la Sécurité, sur la partie prévention. Beaucoup de parents le demandent, ainsi que les associations que j’ai rencontrées ce dimanche. Les forces de l’ordre n’en peuvent plus d’être caillassées ces vendredi et samedi à Kawéni et Tsoundzou I. Après, tout le monde en appelle au président de la République ou aux élus, mais les parents, où sont-ils ? On ne peut plus les laisser dormir pendant que leurs enfants vont à l’école, ils doivent prendre leurs responsabilités. »
Dans le détail, « les parents devront laisser leurs enfants aux Equipes Mobiles de Sécurité (EMS) à proximité des écoles, jusqu’à dix mètres avant le portail et avant la sonnerie si leur agenda ne leur permet pas d’être là à 7h. Ces derniers les feront entrer dans la cour, comme s’y est engagé le recteur. » Idem à l’arrêt de bus, « les parents confient l’enfant aux médiateurs du conseil départemental, qui les feront ensuite monter dans le bus ».
« J’en ai mare d’envoyer des condoléances »
Pour le maire, il s’agit simplement d’appliquer la loi, « l’article 371-1* du code Civil établit l’autorité parentale comme protection de l’enfant dans sa sécurité, sa santé, sa moralité. Or, les enfants nous demandent d’activer cette protection. C’est une mesure de bon sens. »
Les enfants non accompagnés devront rentrer chez eux, détaille encore Ambdilwahedou Soumaïla, « et expliquer à leurs parents ou aux référents qui s’occupent d’eux qu’ils n’ont pas d’autres solution que de les amener à l’école. Cela se fera en partenariat avec la police nationale et la police municipale. » Dans l’éventualité où des jeunes réagiraient violemment face à un sentiment d’exclusion, le maire répond que « on ne laissera pas le désordre. Nous voulons juste protéger les mineurs. Quand je vois que des très jeunes vont de Kavani au collège de M’gombani seuls à pied, je me dis qu’on ne peut laisser la situation perdurer ainsi. »
La mesure qui devait entrer en vigueur ce lundi est repoussée à jeudi, le temps d’entamer ce qui est essentiel, la sensibilisation des parents. Et trois jours, c’est peu… « Nous donnons du temps à la sensibilisation des parents et des élèves, et pour que l’information soit partagée. Mais trop repousser, ce serait reculer. J’en ai mare de devoir envoyer des condoléances aux familles, il y a urgence à agir. »
Anne Perzo-Lafond
* L’article 371-1: « L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. Elle appartient aux parents jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques. Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. »