Par la voix de son secrétaire départemental Rivo Rakotondravelo, le syndicat du premier degré avait été le lanceur d’alerte numéro 1 auprès du candidat Hollande alors en campagne sur notre territoire en 2012. Celui-ci s’était engagé sur la production de 600 classes durant son mandat s’il était élu.
Rappelons que pour absorber les deux paramètres que sont la démographie et la pression migratoire, les écoles débordent à Mayotte, et que deux classes doivent se partager une même salle, le matin et l’après-midi, un système de rotation qui concerne encore 70 écoles, selon le SNUipp.
Lors d’un point le 14 mars à la préfecture, un état des lieux des besoins et le plan de programmation correspondant, étaient dressés. Etaient présents des représentants de la préfecture, du Vice Rectorat et de la DEAL.
Le SNUipp rapporte un taux de réalisation de 22% sur les constructions de salle de classe, « 65 livrés pour 286 programmées », sur ces 5 dernières années, et de 51% sur les rénovations, « 380 sur 731 programmées. » Sur cette période, ce sont 80,66 millions d’euros qui ont été alloués à Mayotte pour la construction et les rénovations des écoles, soit 16 millions d’euro par an.
Encore au moins 10 ans de rotation
Dans sa logique de rattrapage et conformément au Plan avenir pour Mayotte, la préfecture prévoit 434 constructions et 561 rénovations d’ici 2025, soit prés de 1.000 classes, avec un budget annoncé de 100 millions d’euros. « Pour supprimer les rotations aujourd’hui en 2019, il faudrait livrer au minimum 350 salles de classe ». Soit « une classe par jour », comme l’avait indiqué la ministre Annick Girardin devant l’Assemblée Nationale l’année dernière.
Et en intégrant la scolarisation des 3 ans, le SNUipp a fait ses comptes, « il faudrait au minimum 700 nouvelles salles de classe à la rentrée prochaine. La préfecture a d’ailleurs reconnu que le problème des rotations ne sera pas encore réglé dans 10 ans. » Un délai qui donne le tournis !
Une situation générée par le manque de moyens des communes jusqu’à présent, et par une dotation qui restait insuffisante de l’Etat, portée par le président Sarkozy à 10 millions d’euros puis passée à 20 millions d’euros en 2016, sous Emmanuel Macron.
L’État prié de reprendre la main
A l’heure où certains projettent l’appropriation par la Région Mayotte de sa compétence de la construction des collèges et lycées, toujours dans les mains de l’Etat, c’est au contraire à un retour en arrière que demande le SNUipp depuis quelques années, en priant l’Etat de reprendre la main sur le premier degré également. Les marchés passés par les communes sont souvent annulés, souvent faute de respect des procédures de passation.
Difficile pour la préfecture de prendre seule un tel engagement, et c’est toujours un accompagnement qui est proposé aux communes, « l’irresponsabilité, la faillite et le manque de volonté des élus de Mayotte arrangent le gouvernement », accuse le SNUipp, qui dénonce le non respect des engagements pris par l’Etat.
« En tout état de cause, les constructions scolaires dans le 1er degré resteront l’une des priorités parmi les revendications du SNUipp-FSU Mayotte pour qu’à terme les enseignants puissent travailler dignement. »
On peut donc compter sur le syndicat pour tenir à jour les réalisations des prévisions ambitieuses au regard des difficultés rencontrées ici, notamment sur le foncier.
Anne Perzo-Lafond