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Valérie Pécresse : « Je suis venue marier les îles de France »

Ambiance chaude dans l’hémicycle pour la venue de Valérie Pécresse lors de la signature d’un partenariat entre sa Région d’Ile-de-France et Mayotte. Il était question de déclaration d’amour et de preuve d’amour entre les deux régions.

L’hémicycle du conseil départemental était plein ce vendredi pour accueillir Valérie Pécresse, qui a bravé les retards aériens depuis La Réunion. Il s’agit pour la présidente LR de la Région Ile-de-France de signer avec tous les départements d’outre-mer, des conventions de partenariat, une première en France : « Je suis venue marier les îles de France », dira-t-elle très justement, un jeu de mots qui aura ses limites en Guyane…

De quoi s’agit-il ? « Avec mon collaborateur Patrick Karam, nous nous sommes aperçus de la difficulté que rencontraient les jeunes ultramarins qui arrivaient dans notre région, après avoir été reçus aux concours de la fonction publique. Difficulté de trouver un logement, différence de cultures, il faut les accompagner », nous déclarait l’élue à l’issue des signatures.

L’Ile-de-France, surnommée le 6ème DOM en raison de la présence de 800.000 ultramarins sur ses 12 millions d’habitants. Les Mahorais sont nombreux à y habiter, mais les chiffres divergent, « environ 30.000 à 40.000 », selon Valérie Pécresse. Une cinquantaine travaillerait dans l’administration pénitentiaire, et certains sont victimes d’actes xénophobes, rapportait le député Mansour Kamardine. Beaucoup travaillent dans l’éducation nationale ou dans la police.

Le partenariat est multiforme, comme le détaillait Valérie Pécresse applaudie par son auditoire. Le secteur du sport offre une première opportunité pour Mayotte qui compte organiser les Jeux des Iles de l’océan Indien en 2027, avec « un vivier de grands sportifs en Outre-mer, mais bien souvent des infrastructures d’entrainement qui manquent. A travers les conventions signées avec les délégations sportives, nous allons en financer. » L’ancienne ministre en profitait pour glisser à l’intention du gouvernement actuel que les ambitions mahoraises doivent passer par l’allongement de la piste d’aéroport.

« Des billets en cas de deuil »

Un pan de kishali traditionnel pour Valérie Pécresse aux côtés de Patrick Karam

Même logique pour les étudiants, « nous allons permettre l’accès aux bourses aux jeunes talents de moins de 30 ans, mais aussi à ceux qui voudront intégrer nos instituts de formation aux soins. Pour que nous ne faisions plus venir des infirmiers ou des puéricultrices de l’étranger, avec la même problématique dans l’hôtellerie, la restauration, et tous les secteurs en tension chez nous. » Le Pôle d’incubateur de startups francophone pourrait être ouvert à tous les DOM.

Profiter des ressources agricoles locales des territoires ultramarins est une bonne idée, « plutôt que de fournir les cantines avec des bananes dominicaines », mais il faudra commencer par approvisionner nos propres cantines à Mayotte, en structurant les chaînes alimentaires.

Le bien-vivre passe par l’accès au logement, « nous luttons contre les discriminations en pratiquant le ‘testing’ », auprès des propriétaires sélectifs, ou en favorisant la caution logement. Des « billets-deuil » de transport aérien, seront mis à disposition des habitants ultramarins qui connaissent un décès dans leur famille.

Une « volonté d’accompagner Mayotte », pour laquelle le président Soibahadine Ibrahim Ramadani remerciait son interlocutrice, « surtout que vous ne venez pas dans un esprit de campagne, vous restez bien à la tête de votre région ? », s’inquiétait-il dans un sourire à l’endroit de sa voisine, Sarkozyste convaincue.

Rien n’est encore budgétisé, nous indiquait Valérie Pécresse, « tout dépend de la volonté des jeunes Mahorais à entrer dans ces dispositifs », mais le président Soibahadine souhaitait de son côté ne pas en rester aux déclarations d’intention : « Je propose la mise en place d’un comité de suivi avec des représentants des deux collectivités, un protocole administratif opérationnel, et un calendrier d’exécution ». Le tout ponctué par un bilan semestriel, « et une restitution à nos élus. » Le président évoquait le potentiel à retirer des futures exploitations gazières au Mozambique, « Mayotte is the place to be ! »

Un retard imputable à tous les gouvernements

A côté du député Kamardine, Dominique Sorain appelait à porter de l’intérêt à Mayotte

Alors que le président rappelait que Mayotte allait fêter dans un mois le 8ème anniversaire de sa départementalisation, le volet politique, c’est Patrick Karam qui l’attaquait. Adjoint de Valérie Pécresse et président d’honneur du CREFOP, il rappelait que la départementalisation, « c’est Sarkozy ! », et que celle qui l’avait toujours défendue, « c’est Valérie Pécresse ». « Mayotte c’est la France, ce n’est pas négociable, et donner aux autres DOM au détriment de Mayotte, c’est intolérable ! », lançait-il, on suppose à l’endroit de l’actuel gouvernement, dans des envolées de tribun d’une maitrise de haut vol.

Le préfet Sorain fermait le ban des discours officiel. Il félicitait Valérie Pécresse pour son déplacement, « nous avons besoin de ce soutien à Mayotte, mais il y a un retard colossal, et ceci est de la responsabilité de tous les gouvernements », replaçant le débat à sa juste place, « il n’y a pas eu assez d’efforts faits pour Mayotte, l’eau potable, l’assainissement, la formation. Actuellement, nous avons un engagement très fort de l’Etat, notamment avec le contrat de convergence », notait le représentant de l’Etat, qui rappelait la venue d’Emmanuel Macron en juin.

C’est la première convention signée avec une région de métropole, sans doute un signe que Mayotte prend peu à peu sa place de région, « c’est un tout cas un signe fort d’ancrage de Mayotte dans le territoire national », concluait Dominique Sorain.

Valérie Pécresse dédiait cette signature « aux femmes Mahoraises, car ce sont elles qui ont obtenu de haute lutte le statut de département. »

Anne Perzo-Lafond

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