« Les adultes sont complices ! » Coup de gueule du syndicat Alliance après les affrontements de Tsoundzou

C'est une scène surréaliste qu'on vécue les policiers dépêchés à Tsoundzou ce jeudi après-midi, et jusque tard dans la soirée. Des jeunes caillassant les forces de l'ordre et les automobilistes, et à côté, des adultes spectateurs, qui en plus d'observer sans être inquiétés, ont même demandé aux policiers de ne plus envoyer de gaz. Une attitude "complice" qui interroge le syndicat Alliance.

« C’est pour déposer plainte, on a été caillassés hier à Tsoundzou ». Au comptoir du commissariat de Mamoudzou, les deux soignants qui se présentent ne sont pas les seuls à se plaindre des dégradations subies jeudi après-midi. Alors qu’ils remontaient vers Mamoudzou, les affrontements le long de la nationale les ont contraints à emprunter les petites ruelles. Là, le piège se referme. Organisés, des jeunes tendaient des guet-apens sur ces voies étroites et difficiles à sécuriser. La voiture trinque, les deux soignants de la réserve sanitaire s’en tirent  sans blessures.

Les affrontements ont pourtant failli conduire à un drame. Sur ces mêmes ruelles, où la police nationale tentait d’appréhender les fauteurs de trouble, un jeune fonctionnaire s’est retrouvé isolé de son groupe et pris à partie. « Ils ont crié qu’ils savaient qui il était, qu’ils allaient le tuer » relate Bacar Attoumani en qualité de secrétaire départemental d’Alliance police nationale. Acculé, le policier sort son arme et parvient à s’extraire sans avoir à tirer.

Pour le syndicaliste, ces faits doivent alerter. Mais ce qui alarme encore plus Alliance Police nationale, c’est l’attitude d’adultes du quartier sur place pendant les affrontements.

« Ce n’est pas dans la culture à Mayotte de laisser des jeunes affronter la police sans agir, en tant qu’adulte on est a minima responsable, on peut agir sur ce qui se passe sur la voie publique » assure le syndicaliste. Pourtant ce qu’il a constaté sur place, ce sont « des adultes qui sont dans les parages, qui ne sont pas du tout inquiétés ni concernés. On part de l’entrée de Kwalé jusqu’à la station, et sur le parc on a des adultes qui assistent, qui consomment ou qui vendent, on a une guérilla et les gens sont comme chez eux » décrit Bacar Attoumani, interloqué par la scène. Dans le parc ou devant la mosquée, ces adultes sont comme spectateurs, et ne cherchent pas à se mettre à l’abri. Pis, au lieu d’agir pour faire cesser les caillassages, « des adultes sont venus nous voir en nous demandant d’arrêter de gazer car ça créait un désagrément » s’étrangle le syndicaliste qui s’interroge. « Pour Alliance, ces adultes sont complices. Les adultes sont complices à partir du moment où ils restent et n’agissent pas. Et on s’interroge car là, ça ne partait pas d’affrontements entre bandes, alors comment 200 jeunes se retrouvent au même endroit pour caillasser les forces ? »

Pour lui, deux suppositions, aussi inquiétantes l’une que l’autre. « Soit c’est volontaire et des adultes manipulent les jeunes, et alors l’Etat doit trouver les bons relais. Soit c’est par crainte de représailles qu’ils n’agissent pas, et ça veut dire que la politique de la peur l’emporte, et que l’Etat a perdu dans les quartiers… »

Les violences auraient pu partir d’un simple contrôle du GAO, le groupe d’appui opérationnel de la police aux frontières, non loin du collège de Kwalé, avant d’embraser tout Tsoundzou. Une demi-douzaine de mineurs ont été interpellés.

Y.D.

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