A la suite de la réflexion des maires de Mayotte justifiant leur demande de report des élections législatives en raison d’un mandat perturbé par les successives crises sanitaires, sociales et cycloniques, Djabiri Madi Leroi juge que l’heure est à la mobilisation des services municipaux. En n’attendant rien d’autre qu’un simple accompagnement de l’établissement public mis en place par le président de la République. Une démarche « proactive » qui incitera à la continuité du service public.
Lettre ouverte aux Maires de Mayotte
Objet : Mobilisation pour évaluer les impacts du cyclone Chido et anticiper la loi programme pour Mayotte.
Mesdames et Messieurs les Maires,

Depuis 2020, Mayotte a traversé une série de crises majeures : pandémie de Covid-19, grèves, crise de l’eau et, plus récemment, les ravages du cyclone Chido. Ces épreuves successives ont mis notre territoire et sa population à rude épreuve. Aujourd’hui, alors que l’échéance des élections municipales de 2026 approche, certaines inquiétudes émergent quant à la capacité des élus à mener à bien leur mandat en raison de la période de réserve électorale.
Si ces préoccupations sont compréhensibles, il est primordial de rappeler que cette période ne saurait être un prétexte à l’inaction. Bien au contraire, face aux défis urgents qui s’imposent à nous, les maires ont un rôle clé à jouer dans l’évaluation des dégâts et la mise en place de solutions adaptées.
Je vous exhorte donc à mobiliser dès maintenant toutes les forces vives de vos communes : associations, techniciens, citoyens engagés et experts locaux. Une évaluation précise des dommages causés par Chido est indispensable pour mieux orienter les demandes d’aide et structurer les efforts de reconstruction. Cette démarche proactive contribuera également à nourrir la loi programme en préparation pour Mayotte, en mettant en avant nos besoins prioritaires en matière de développement, de réhabilitation et de renforcement des infrastructures.
Par ailleurs, bien que l’État ait annoncé la création d’un établissement dédié au soutien et à la coordination des efforts de reconstruction, il est essentiel de rappeler que cet organisme n’est qu’un outil d’accompagnement. Les véritables acteurs de terrain restent les élus locaux et leurs équipes communales. C’est à vous, maires et conseillers municipaux, qu’il revient d’identifier les besoins spécifiques de chaque localité et d’y apporter des réponses adaptées.

Concernant les inquiétudes soulevées sur la transition électorale, notamment par les maires de Bandrele et de Mtsamboro, il convient de souligner que la règle de continuité du service public garantit la poursuite des actions entreprises. Les projets de reconstruction et les initiatives urgentes ne s’arrêtent pas avec l’élection de nouveaux édiles. L’administration communale, dotée de sa structure et de ses compétences, continuera à œuvrer au service de la population sans interruption.
Toutefois, pour assurer une gestion efficace et coordonnée de cette reconstruction, il est essentiel que les communes ne travaillent pas en ordre dispersé. Je vous invite donc à renforcer la « coopération intercommunale » en mettant en place un « dispositif de concertation » entre les différentes municipalités. Une mutualisation des ressources et des expertises permettra d’accélérer la reconstruction et d’optimiser l’accès aux financements publics et européens.
Dans cette optique, je propose l’établissement d’un « calendrier d’actions précises », avec des échéances claires pour l’évaluation des dégâts et la mise en œuvre des premiers projets de reconstruction. Une réunion de travail entre les élus, les représentants des associations locales et les experts techniques pourrait être organisée rapidement afin de définir les grandes lignes de cette coopération.
Nous avons la responsabilité d’agir dès aujourd’hui, sans attendre les échéances électorales ni les délais administratifs. C’est dans cet esprit de responsabilité et d’anticipation que je vous appelle à prendre les devants, à mobiliser vos équipes et à enclencher sans tarder l’évaluation des impacts du cyclone Chido.
Dans l’attente de voir cette initiative se concrétiser pour le bien de notre île, je vous prie d’agréer, Mesdames et Messieurs les Maires, l’expression de mes salutations respectueuses.
Djabiri Madi Leroi