Ce n’est plus le député Kamardine lui-même qui interpellait ce mercredi le Premier ministre à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, mais le président de son groupe Les Républicains Olivier Marleix. « C’est la 3ème semaine que Mayotte est paralysée par la mobilisation de la société civile qui proteste contre l’explosion de l’insécurité et l’amplification de l’immigration clandestine (…) car Mayotte ne veut pas devenir le Lampedusa de l’Océan Indien, déclarait-il soulignant, l’absence de réponse du gouvernement. »
Les premiers mots du Premier ministre furent pour juger le cotexte à Mayotte « insupportable » : « Si cette situation touchait un département de l’Hexagone, on en entendrait parler matin, midi et soir dans les médias. » Si Gabriel Attal soulignait l’action des forces de l’ordre sur les interpellations, il conditionnait la reprise du dialogue à la désignation d’un interlocuteur : « j’invite les collectifs à saisir l’invitation des élus et des représentants de l’Etat à échanger ».
Causes et lieux différents, mais même résultat : lors de la crise sociale de 2017 en Guyane, avec des manifestations particulièrement violentes, on se souvient qu’Emmanuel Macron avait lâché, « La République ne cède pas aux gens en cagoule », en demandant à échanger avec les élus.
Refonte de Shikandra
Si pour Mayotte, les Forces vives ont un meilleur crédit, « les manifestants combattent une situation insupportable », répétait Gabriel Attal, il n’en demeure pas moins que la démarche est la même.
Il rappelle avoir tenu parole sur le camp de Cavani, « j’avais répondu à Said Omar Oili qu’il commencerait à être démantelé le lendemain, ça a démarré le lendemain », en indiquant que 200 personnes avaient été évacuées, « il reste 500 à mener, je demande une accélération, ce sera mené à son terme ».
Le Premier ministre rappelait ensuite les combats menés en à mener. Certains avec moins de réussite que d’autres, notamment sur la lutte contre l’immigration illégale, qui incitait le député Marleix à renchérir, « cela fait 7 ans que les résultats ne sont pas au rendez-vous, il faut mettre les moyens de la Marine nationale ».
Revenant sur les points censurés par le conseil constitutionnel dans le cadre de la loi Mayotte, Gabriel Attal invitait à les reprendre « dans la loi Mayotte », annonçait la « refonte de l’opération Shikandra » de lutte contre l’immigration clandestine.
Le gouvernement tend donc la main aux élus qui la tendent aux Forces vives, toutes ses mains seront-elles saisies et sous quelles conditions ?
En tout cas, à l’issue de cette séance à l’Assemblée, Estelle Youssouffa a proposé à Gabriel Attal que les parlementaires puissent entamer les négociations, « il m’a donné son accord de principe », souligne la députée.
A.P-L.