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Hypertension : « On peut parler d’épidémie à Mayotte », déclare Olivier Brahic aux Soroptimist

La semaine dernière, le Club Soroptimist Mayotte proposait à ses représentantes nationales, une présentation sur les caractéristiques de l’hypertension à Mayotte et ses conséquences pour la femme Mahoraise.

« Pour que la voix des femmes compte ». Le club Soroptimist Mayotte tisse sa toile discrètement, bien que créé il y a plus de 30 ans. Il prend place dans une organisation à l’échelle mondiale, Soroptimist International, qui s’étend de l’Amérique à l’Europe en passant par le Sud-Ouest Pacific, l’Afrique et la Grande Bretagne, forte de 72.000 membres dans 121 pays.

Ce sont deux figures locales bien connues qui animent le mouvement à Mayotte, Sophia Hafidhou, qui le préside, et Sanya Youssouf, sa secrétaire générale. C’est autour d’un sujet de santé primordial ici qu’elles recevaient ce mercredi trois invitées nationales du mouvement, Karinne Petchy, VP Outre-mer de Soroptimist International France, Christelle Philippe-Cerisier, VP en charge du Nord-ouest de la France, et Ketty Saint-Clair, VP Paris Est et Vincennes : l’hypertension artérielle chez les femmes mahoraises.

D’emblée, le premier intervenant, Olivier Brahic, directeur général de l’ARS Mayotte posait le contexte : « On peut parler d’épidémie à Mayotte tant le phénomène est répandu avec une personne sur deux souffrant d’hypertension en mai 2022, associé à une sur six touchée par le diabète ». Le plus grave, c’est que la moitié des hypertendus ne le savent pas. Et cette situation de méconnaissance vaut pour d’autres pathologies, complétait-il, « quatre femmes sur cinq n’ont jamais fait de mammographie, et trois sur cinq de dépistage du cancer de l’utérus ».

Les équipes mahoraises recevaient celles de métropole

Ce n’est pas faute d’avoir réclamé à l’ARS Mayotte d’initier des campagnes de prévention, mais à cette question, Dominique Voynet qui dirigeait auparavant la structure, répondait qu’elle avait eu fort à faire avec le Covid.

La priorité reste celle de réguler les naissances, le problème démographique étant le poids majeur sur les politiques publiques. On attend toujours l’équivalent du « 1,2,3, bass »… Des actions de prévention qui vont permettre à la population de se connaître, et donc de mieux se prendre en charge. Avec in fine, moins de frais pour la société. « Lors de la campagne de dépistage gratuite que nous venons d’initier, ce sont 14 stands qui se déplacent chaque jour sur l’ensemble de l’île, nous voulons initier un choc de dépistage », informait-il son auditoire. En trois jours, ce sont 3.663 personnes qui ont ainsi été dépistées.

Un Nutri-score dans le Bouclier Qualité Prix

Les représentantes nationales de Soroptimist ne pouvaient mieux tomber puisque les consultations pour l’élaboration d’un Projet régional de Santé propre à Mayotte battent leur plein, comme ce fut le cas ce samedi sur les problèmes de l’accès aux soins et de l’attractivité médicale du territoire, après avoir ouvert le débat sur les maladies chroniques. En octobre, une concertation citoyenne sur la santé de la femme et de l’enfant sera organisée à Chirongui. « Nous avons actuellement deux objectifs, diminuer la consommation de sodas qui pose un problème de santé publique, et initier l’équivalent d’un Nutri-score au sein du Bouclier Qualité Prix ». Inédit. Le Nutri-score est un système d’étiquetage nutritionnel à cinq niveaux, allant de A à E et du vert au rouge, en fonction de la valeur nutritionnelle du produit alimentaire. Ce dispositif devrait donc permettre de marier qualité et prix.

Autre domaine où la prévention se positionne, l’infection à papillomavirus, une Infection sexuellement transmissible, « les chiffres ne sont pas bons à Mayotte, nous travaillons sur ce sujet avec le rectorat et REDECA ».

Le Nutri-score pourrait faire son entrée dans le BQP

A l’issue de la conférence, l’Hypertension artérielle n’avait plus aucun secret pour le public féminin, choyé par le docteur Combo Yacout Abdoul Djabar. « C’est la maladie chronique la plus fréquente dans le monde, et qui touche surtout les femmes enceintes. Etant donné le taux de natalité élevé ici, c’est dire s’il faut être vigilant ». Il faut savoir que chacun peut acheter un holter tensionnel ou le louer à l’hôpital. L’association de l’hypertension avec le diabète ou le surpoids est un facteur aggravant. On a vu lors de l’épidémie de Covid, que ces comorbidités précipitaient l’état du patient jusqu’au décès. « La pression artérielle est trop forte sur les vaisseaux, ce qui peut provoquer un infarctus du myocarde ».

L’hypertension peut être liée à des maladies rénale, hormonale, la prise de médicaments, le manque d’activité physique, « mais aussi la malbouffe et trop salée. En ce sens, la femme mahoraise a évoluée dans ses habitudes alimentaires, il faudrait reprendre de bons réflexes ». La traduction de l’hypertension en shimaore donne « maladie du sel », rapporte d’ailleurs le médecin.

Une matinée riche d’enseignements pour la délégation féminine qui se réjouissait, « au cours de cette présentation, nous avons pu retrouver notre devise Comprendre, Défendre et Entreprendre », nous glissait Karinne Petchy.

Anne Perzo-Lafond

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