Sakouli inaugure le premier poste de secours de Mayotte, le défi de la formation reste entier

Le tout premier poste de secours de maîtres-nageurs-sauveteurs de Mayotte a été inauguré, vendredi 4 juillet, sur la plage de Sakouli, à Bandrélé. Une installation qui doit servir de modèle pour le territoire qui, en plus du manque d’infrastructures, fait face à un manque de secouristes formés.

La terrasse en bois du poste de secours maitre-nageur-sauveteur (MNS) de la plage de Sakouli offre une vue imprenable sur l’anse de Bandrélé. Inauguré après plusieurs mois de travaux, vendredi 4 juillet, par la communauté de communes du sud (CCSud), le bâtiment est le premier de la sorte à Mayotte. Situé au centre de la plage, il est muni d’un local, de toilettes, de quatre cabines, dont une pour les personnes à mobilité réduite, et de douches.

Sakouli une plage aux nombreux drames

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Le président de la CCSud et maire de Bandrélé, Ali Moussa Moussa Ben et Daniel Fermont, secrétaire général de la préfecture le jour de l’inauguration.

Très fréquentée tout au long de l’année, la plage de Sakouli est connue pour être le théâtre d’accidents aquatiques et de noyades. En 2017, un jeune sauveteur de 19 ans a perdu la vie en secourant trois enfants, en avril 2018, un homme de 18 ans a été submergé par de fortes vagues, il est retrouvé mort le lendemain. En mai 2019, une jeune fille de 16 ans se noie lors d’une baignade en groupe et le 17 août 2020, un homme de 19 ans disparaît en mer, son corps est repêché le lendemain matin. « L’engouement que connaît la plage de Sakouli s’est accompagné d’accidents dramatiques qui ont révélé l’urgence de ce site », indique le président de la CCSud et maire de Bandrélé, Ali Moussa Moussa Ben, lors de l’inauguration, « l’objectif est clair, le poste doit permettre d’assurer une surveillance efficace de la baignade ».

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Chaque année des accidents et des noyades arrivent sur la plage de Sakouli très fréquentée.

« Nous avons mené à bien un très beau projet. C’est une vitrine pour le territoire, et j’espère qu’il inspirera d’autres communes », souligne Daniel Fermont, secrétaire général de la préfecture de Mayotte, qui a contribué au financement à hauteur de 36,7 % sur un budget total de 960.853 euros.

Mais pour sécuriser la baignade efficacement et donner envie aux autres communes d’investir dans un poste de secours, tout l’enjeu est désormais de former des sauveteurs.

L’impératif de la formation des sauveteurs

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Franck Fagart, directeur de l’ADSS, et Sébastien Martinez, représentant de la FNMNS, alerte sur la problématique de la formation des secouristes.

« Pour ouvrir un poste comme celui-là de façon ponctuel il faut entre quatre et cinq nageurs-sauveteurs, et à la haute saison il en faut une dizaine », note Sébastien Martinez, représentant de la Fédération nationale des métiers de la natation et du sport (FNMNS), « aujourd’hui on ne sait pas encore qui seront les sauveteurs qui seront opérationnels à Sakouli, mais je pense que le poste ne sera pas ouvert pour le mois d’août ».

Les dates ne sont pas encore connues, mais des formations seront bientôt organisées par la FNMNS et l’Association départementale de sauvetage et de secourisme de Mayotte (ADSS).

« Pour que les sauveteurs soient opérationnels sur ce genre de structure il faut qu’ils aient le diplôme de sauveteur complet, c’est-à-dire le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (B.N.S.S.A) et le brevet de surveillance et d’exploitation 1 et 2″, continue Sébastien Martinez, qui attend de savoir jusqu’où seront poussées les formations qui seront mises en  place. Car après le B.N.S.S.A, le sauveteur peut passer le permis côtier afin de pouvoir se rendre sur le lagon et il peut encore évolué en se formant aux fonctions de formateur de secourisme afin de préparer le brevet d’État professionnel (BPJEPS) qui ouvre la voie à des responsabilités accrues dans la surveillance et la sécurité.

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Pour le moment aucune date n’est connue pour l’ouverture effective du poste de secours.

« Le secours ne supporte pas l’amateurisme », remarque Franck Fagart, directeur de l’association départementale de sauvetage et de secourisme Mayotte, « pour un premier poste du genre à Mayotte il faut faire les choses bien pour donner une impulsion ».

Pour le moment seuls trois Mahorais ont le B.N.S.S.A sur l’ensemble du territoire, le reste des maitres-nageurs-sauveteurs proviennent de la métropole. « Avoir une belle structure c’est bien mais il faut à l’intérieur des gens qualifiés et le minimum aujourd’hui c’est d’avoir ce brevet », poursuit Franck Fagart, « il y avait déjà un poste de secours sur la plage du Faré, mais il n’y a jamais eu de maîtres-nageurs dedans, j’espère que cela ne va pas se répéter ici ».

Juste à côté du poste de secours, le panneau « baignade non surveillée » est toujours en place, un signe que, malgré l’inauguration du bâtiment, les baigneurs restent pour l’instant livrés à eux-mêmes sur la plage de Sakouli.

Victor Diwisch

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