Arrivés samedi matin de métropole, Arnaud Rousseau et Jérôme Despey se sont tout d’abord rendus à la CAPAM (Chambre de l’agriculture et de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte) pour superviser la remise de matériel agricole aux producteurs mahorais avant de se rendre au marché de Coconi puis d’aller à l’abattoir de volailles à Kahani. Ce dimanche, les deux représentants du premier syndicat agricole de France ont visité, en compagnie de la présidente de la FDSEA locale Laïni Mogne-Mali, l’exploitation d’élevage et de polyculture de Mohamed Boinahery, située à Combani, qui a été durement touchée par le passage du cyclone Chido.
Faire jouer la solidarité du monde agricole

« Il était important pour nous de venir à Mayotte, explique Arnaud Rousseau. Une première équipe s’était rendue sur ce territoire début janvier avec plusieurs dizaines de tronçonneuses. Dès que l’on a vu ce qui s’était passé ici, nous avons tout de suite demandé : qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ? On nous a répondu : on a besoin de tronçonneuses. Nous avons alors mobilisé tout notre réseau pour acheter des tronçonneuses et les acheminer vers Mayotte ». Si le président et le vice-président de la FNSEA sont venus dans le 101e département français c’est aussi pour voir les évolutions depuis 4 mois et apporter de nouveau du matériel qu’ils ont remis samedi à la Chambre d’Agriculture. « Nous avons apporté du petit matériel, de quoi gratter et planter…, ainsi que des bâches. Il est important de montrer la solidarité du monde paysan, c’est une valeur cardinale pour nous », ajoute Arnaud Rousseau.
Mettre la pression sur les pouvoirs publics pour faire entendre les besoins des exploitants mahorais

La présence dans l’île d’Arnaud Rousseau et Jérôme Despey avait également comme objectif de rencontrer les acteurs du monde agricole mahorais et de faire remonter au maximum leurs doléances auprès des plus hautes instances. « En tant que corps intermédiaire, on se doit d’être sur le terrain pour voir in situ. Dans notre métier le terrain c’est une réalité, on a besoin de voir, de toucher, de sentir… », raconte le président de la FNSEA. Aussi avant de venir à Mayotte, ils ont rencontré la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. « Nous l’avons vue mardi dernier et nous allons la revoir à notre retour dans l’Hexagone. Notre objectif est de s’assurer, et s’il le faut faire pression, pour que les engagements et les promesses soient tenus, cela est absolument essentiel pour nous », insiste le président de la FNSEA.
La résilience des Mahorais impressionne
Après le passage de Chido, l’exploitation agricole de Mohamed Boinahery a été ravagée, il a presque tout perdu. « C’était un travail de 30 ans qui venait de disparaître en 1 journée, nous confie l’agriculteur. C’était compliqué de se dire qu’il fallait refaire ce qu’on avait mis en place depuis plusieurs décennies ». Il reste toutefois optimiste pour l’avenir… « Aucune de mes bêtes n’est morte après Chido, il y en a même une qui a mis bas le jour d’après ! », se remémore-t-il le sourire aux lèvres. Quant à la production de fruits, elle devrait repartir d’ici l’année prochaine. « S’il n’y a pas d’autres catastrophes naturelles d’ici-là, nous devrions avoir une bonne récolte de bananes et d’ananas en 2026 ! », estime l’agriculteur.

A l’image de Mohamed Boinahery, Arnaud Rousseau et Jérôme Despey ont été impressionnés par les gens qu’ils ont pu rencontrer. « Avec Chido les pertes ont été gigantesques… mais les gens ont une capacité de résilience impressionnante ici, une capacité à se mobiliser qui est incroyable. Cela peut servir d’exemple à la métropole… Aussi, il est important que la solidarité nationale joue et que tout le monde donne un coup de main. Les agriculteurs mahorais ont des attentes, il est important qu’on leur apporte notre soutien », plaide le patron de la FNSEA.
B.J.