« Cela fait seulement un mois que je suis en poste, mais je n’avais encore jamais connu d’épisode aussi violent devant nos locaux », déclare, choqué, Sébastien Denjean, le directeur de Solidarité Mayotte. « Il y a certes des heurts réguliers entre les demandeurs d’asile et les jeunes du quartier, mais c’est la première fois que ça va si loin ! », confie-t-il. D’après des témoins, l’incendie visait à l’origine les campements de fortune des demandeurs d’asile installés devant les locaux de l’association, qui n’ont été qu’un « dommage collatéral ». Toutefois, 3 espaces ont été détériorés par les flammes dont la salle d’attente et l’accueil, ce qui va contraindre l’association à fermer pendant plusieurs semaines ou, au mieux, à « fonctionner en mode dégradé ». « Heureusement, il n’y a aucune victime humaine, ce ne sont que des dégâts d’ordre matériel », se rassure Sébastien Denjean qui n’a été prévenu de l’incendie qu’à 5h ce lundi matin alors que, toujours d’après les témoins, un premier incendie se serait déclaré aux alentours de 3h.
« Les délinquants veulent nous faire partir de Mayotte »
Si la police n’a pas souhaité communiquer sur cet incendie d’origine criminel, le groupe de demandeurs d’asile congolais qui avait établi son campement de fortune devant les locaux de l’association témoigne : « Ce sont nos affaires que les délinquants ont incendiées, car ils ne veulent pas de nous ici, ils nous l’ont dit clairement ! ». « Cela fait des mois qu’ils nous agressent et ils nous ont prévenu que ça allait bientôt être « la finale » », révèle l’un d’eux. Présent depuis mars sur le sol mahorais, il se désespère d’obtenir un hébergement d’urgence et appelle tous les jours la préfecture à ce sujet. En vain. Il faut dire que le nombre de demandeurs d’asile dépasse de loin les capacités d’hébergement d’urgence que compte l’île.
Certains demandeurs d’asile subodorent forcément que les délinquants qui s’en prennent à eux sont payés par « les mamans » du collectif de Cavani, qui militent depuis des mois contre leur présence massive dans le quartier. Mais ils avouent eux-mêmes que ce ne sont là que de simples suppositions. « En réalité, on n’en sait rien ! Ce qu’on sait par contre c’est que ces délinquants veulent nous faire partir par tous les moyens ! Nos vies sont en danger ici ! », affirment-ils avec angoisse. Qui sont ces fameux « délinquants » pointés du doigts par les demandeurs d’asile ? Les mêmes, sans doute, qui s’ingénient à terroriser la population mahoraise depuis de nombreuses années à coups de caillassages et autres agressions en tout genre. Les fameuses « bandes de jeunes » qui arpentent toute l’île, s’affrontant régulièrement entre elles et qui ont désormais trouvé dans les demandeurs d’asile un nouvel exutoire à leur soif de violence. Une enquête a en tout cas été ouverte par la police pour déterminer les circonstances de cet incendie criminel.
N.G