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Comores : l’Union Européenne se félicite de l’adhésion de l’archipel à l’OMC

Le chef du bureau de l'Union européenne (UE) à Moroni, Pierre Beziz, parle « d'une avancée importante » pour les Comores qui pourront, selon lui, élargir leur champ d'exportation de leurs produits. Les autorités comoriennes et le secteur privé local évoquent d’immenses opportunités à la portée des îles aux parfums. L'archipel fait face toutefois à d'immenses défis en matière de vente et transformation de ses propres produits. Le pays ne dispose pas, pour l'instant, d'un laboratoire d'analyses phytosanitaires pour la certification des produits à l'import et à l'export.

Les Comores viennent d’intégrer officiellement l’Organisation mondiale du commerce (OMC) après 17 ans de négociations. Le Groupe de travail qui examinait le dossier des Comores, dirigé par le Pérou et récemment par le Maroc, a donné son avis favorable, le 9 janvier dernier à Genève en Suisse, pour l’adhésion de l’archipel dans le système commercial multilatéral. Le protocole d’adhésion a été signé lundi 26 février par le président Azali Assoumani à Abu Dhabi, à l’occasion de la 13eme Conférence des ministres de l’OMC (CM13) en présence de la directrice générale de l’organisation, Ngozi Okonjo-Iweala. Le président des Comores était accompagné d’une forte délégation composée d’officiels et des représentants des organisations du secteur privé comorien.

Le résultat des réformes engagées depuis 2007

Les partenaires des Comores ont salué cette adhésion, à commencer par l’Union européenne qui fait partie des organisations ayant soutenu ce processus depuis son déclenchement en 2007.  « L’Union européenne félicite le gouvernement comorien pour son adhésion à l’OMC et salue le travail de longue haleine mené tout au long d’un processus de négociation commencé en 2007», a souligné Pierre Beziz, chef du bureau de l’UE à Moroni, dans une interview accordée au journal comorien Al-watwan. «Il s’agit d’une avancée importante pour sa quête d’intégration internationale et son intention d’atteindre les objectifs du Plan Comores Emergent 2030, ouvrant des perspectives de croissance, d’investissements et d’emplois», a-t-il indiqué.

Les Comores deviennent le 165eme pays membre de l’OMC après de nombreuses réformes touchant la législation douanière, la fiscalité des entreprises et l’environnement des affaires en général. Une étude diagnostique sur le commerce a été réalisée en 2014. Le pays a mis en place des tribunaux de commerce, une commission nationale de la concurrence, une direction en charge de la propriété intellectuelle, un Comité national du Codex Alimentarius (Cnca) avec l’adoption de la loi alimentaire, la Cour d’arbitrage des Comores (Cacom) à la Chambre de commerce. Des réformes qui ont favorisé la reprise des négociations en 2016.

Une période de trois ans est accordée à l’Union des Comores pour permette au pays de mieux affiner les réformes déjà entreprises. «L’adhésion est une étape. Maintenant, nous devons poursuivre les réformes, à respecter les engagements pris et à tirer le maximum d’avantages », a rappelé le ministre comorien de l’Economie, Ahmed Ali Bazi, reprenant l’un message fort du président Azali Assoumani, qui a déclaré à Abu Dhabi que « nous entamons dorénavant la phase la plus essentielle», à savoir «celle de la mise en œuvre des engagements, en vue de permettre à l’Union des Comores de jouir pleinement des opportunités offertes par le commerce international… ».

Les défis de l’industrialisation de l’archipel

Pierre Beziz promet l’accompagnement de l’UE à l’Union des Comores dans sa volonté d’intégrer le système commercial multilatéral

En plus des réformes, l’archipel fait face à d’immenses défis en matière de vente et transformation de ses propres produits. L’un des défis est l’industrialisation du pays, et par ricochet, la transformation des produits comoriens en vue de leur exportation. L’Union européenne a déjà mis en place aux Comores le projet APILE (Appui à la production, à l’industrialisation et au libre-échange) d’une enveloppe de 3 milliards de francs comoriens (environ 6 millions d’euros) pour accompagner les entreprises comoriennes.

«L’UE réitère son soutien aux Comores et reste à l’écoute des besoins en matière de facilitation des affaires et d’intégration internationale», a encore mentionné Pierre Beziz qui précise que «le programme APILE  accompagne les efforts en faveur de la transformation des produits pour davantage de valeur ajoutée et soutenir la création de richesse. Nous soutenons la création de la marque “ Made in Comoros”, un tremplin pour renforcer à la fois l’attractivité du pays et son positionnement d’exportateur fiable dans le commerce international pour des produits de qualité respectant les normes internationales ».

Le pays ne dispose pas, pour l’instant, d’un laboratoire d’analyses phytosanitaires pour la certification des produits à l’import et à l’export. Des initiatives locales ont été engagées pour permettre de disposer des conditions nécessaires à l’exportation de leurs produits, essentiellement la vanille, l’ylang ylang, les clous de girofle, le romarin, une plante connue pour ses vertus médicinales. Un Centre d’appui pour la promotion des exportations (Capex) a été mis en place en 2022 à l’Union des chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat (UCCIA).

Le secteur privé demande le soutien de l’Etat

Les Comores officiellement admises à l’OMC après 17 ans des négociations (Délégation comorienne à Abu Dhabi)

«Nous accompagnons les exportateurs à mieux exporter leurs produits. Nous travaillons aussi pour la normalisation, la valeur ajoutée des produits et la promotion du Made in Comores », a expliqué le directeur général du CAPEX, Imrane Hassane Barwane, qui précise que les Comores travaillent avec des partenaires à travers leurs projets pour aider les exportateurs comoriens à mieux se connecter avec les marchés internationaux. « Il y a le projet APILE, le projet AFIDEV (financé par la France, Ndlr), la Banque islamique et bien d’autres institutions pour bénéficier de l’appui nécessaire à l’accompagnement des exportateurs comoriens», a-t-il indiqué.

Aujourd’hui, le financement des grandes initiatives de transformation des produits locaux est au cœur des débats entre l’Etat et les acteurs du secteur privé. Les opérateurs économiques, les exportateurs ne disposant pas de fonds suffisants pour engager de tels investissements lourds souhaitent que l’Etat, avec le soutien de ses partenaires, rassemble les conditions à la mobilisation des fonds conséquents pour transformer les produits comoriens en vue de leur exportation. « On n’a pas les banques qui peuvent nous donner des fonds de 20 milliards pour mettre en place des unités de transformation de nos produits », a ainsi souligné, Ali Idjihad président de la Chambre de commerce d’industrie et d’artisanat de la Grande-Comores, Ali Idjihad, et ancien syndicat national des commerçants comoriens (SYNACO).

A.S.Kemba, Moroni

 

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