En quelques minutes, l’axe principal du quartier Behoririka au centre de Tananarive, se retrouve envahi. Il est presque 13h quand des barrages enflammés sont dressés à grand renfort de morceaux de trottoir et de poteaux. Au milieu d’un groupe de jeunes arborant un drapeau malgache, Setra donne de la voix : « On veut une élection juste, il y a trop de risques de fraude. Il y a des doublons, des triplons sur les listes électorales ! Il n’y a plus d’État de droit ! ».
Comme Setra, ils sont plusieurs centaines à avoir répondu à l’appel du collectif des 10 candidats d’opposition, mobilisé depuis 1 mois déjà contre la tenue du scrutin. À seulement 5 jours du premier tour, ils sont déterminés à prendre la place du 13 mai. Cette place en plein cœur de la capitale est devenue un symbole de la chute des régimes successifs depuis la révolte étudiante de mai 1972.
Des affrontements violents
Mais très vite, les émeutiers se retrouvent bloqués par un mur de policiers et de gendarmes. Les affrontements sont violents et durent une bonne partie de l’après-midi. Les pierres croisent les grenades lacrymogènes, les forces de l’ordre chargent à plusieurs reprises. Armé d’un lance-pierre, Fred* tire des morceaux de fer en direction de ces derniers : « On doit se battre, on est des guerriers pour notre pays ! ».
Parmi les 10 candidats du collectif, seul Rolland Ratsiraka sera aperçu en train de saluer la foule.
Sans véritable leader, les manifestants en première ligne essayent de s’organiser pour se faufiler vers la place du 13 mai. Mais ils sont finalement contraints de battre en retraite face aux forces de sécurité, dont plus de 3000 membres étaient mobilisés ce jour. Pourchassés par les policiers, les protestataires restés en arrière sont vigoureusement arrêtés.
Le calme revient finalement vers 16h. Les forces de l’ordre ratissent méthodiquement chaque rue. Selon la préfecture de police de Tananarive, 11 personnes ont été arrêtées et 4 agents ont été blessés. De son côté, la Croix-Rouge malgache nous informe avoir pris en charge 10 blessés non graves composés de manifestants et de quelques gendarmes. Le préfet de police avertit que la sécurité sera renforcée jusqu’à la fin de l’élection.
Ivan Rakotovoa