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samedi 27 avril 2024
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Sommes nous prêts pour le changement climatique ?

C’est en la présence de Marie-Dominique Leroux, chercheuse en Étude et Climatologie pour la région océan-Indien, que nous avons parlé du manque de pluie et du bien trop beau temps, ce mercredi, au sein des nouveaux locaux de l’antenne Météo France de Mayotte.

Le changement climatique et ses conséquences. Depuis cette dernière décennie, de plus en plus de gens en parlent, sachant les répercutions plus ou moins directes notoires déjà présentes. Mais au final est-ce qu’on en a vraiment conscience ? Est-ce que ces diverses manifestations et catastrophes écologiques, ayant des impacts sur les respectifs volets humain, environnemental ou encore économique, sont enfin mesurés si l’on doit les comparer à des cycles antérieurs. C’est ce regard analysé du Passé, en comparatif prévisionnel anticipé, que la responsable adjointe de la Direction Inter-régionale océan Indien de Méteo France est venue nous présenter. Une analyse technique et dense tablant sur un spectre large plurivisionnaire afin de comprendre à minima à quelle sauce notre Terre-Mère compte nous manger à échelle planétaire et d’autant plus en notre insulaire territoire.

Ce rectangle coloré ressemblant à une sorte de code barre s’appelle le Warming Stripes. C’est un graphique colorimétrique qui met en avant les épisodes globaux internationaux de hausse des températures à travers les années. Une forme de couverture tissant les évolutions thermiques que Météo France compte bien adapter d’ici peu à échelle locale pour Mayotte

Rapide introduction 

Le 6ème et dernier rapport du GIEC*(mars 2023), établi sur des périodes volontairement étalées, afin de prendre en considération une fourchette de variabilités plus parlantes, a fait état d’une hausse accélérée de la température moyenne de surface de notre globe, depuis ces 10 dernières années, de +1,1°C. Cette hausse se veut tristement inédite et sans précédent, imputée majoritairement par l’influence anthropique là où, par exemple, l’activité volcanique et ses potentiels facteurs de réchauffement climatique, ne comptabilise que 0,02°C dans la balance finale mesurée. Et ce phénomène est encore plus marqué en zone continentale densifiée où il est question d’un accroissement de +1,6°C.

Pour Mayotte, ll est a craindre des périodes de hausse thermique excédant les 32°C plus longues dans les années à venir

Bien que notre enclavement océanique permette de tempérer à moindre mesure cette accroissement thermique ressenti, il n’en demeure pas moins que nous sommes tout autant impactés ici, à Mayotte, voire même plus que chez nos voisins réunionnais (+0,19°C par décennie, soit une augmentation de +1,12°C relevé sur secteur Pamandzi-Aéroport entre 1961et 2021).

Niveau pluies, bien que les phénomènes se veulent extrêmement variables d’une année à l’autre, il est tout de même à noter que le rapport des précipitations annuelles entre Pamandzi et Combani, pour la période 1961-2021, présente un déficit de -27 mm, soit -2%. Et concernant l’année 2022, qui a notamment été classée comme l’année la plus chaude en France avec ses 8 mois de sécheresse, notre caillou n’a pas été épargné et nous en payons le prix fort les conséquences actuelles.

Les pluviomètres mahorais sont plutôt secs depuis quelque temps…

Les scénarios prévisionnels du dernier GIEC

Ce qu’il faut comprendre dans l’anticipation globale de notre futur qui se veut commun et interconnecté avec le reste du Monde — car oui, tel l’effet papillon et son redoutable petit battement d’aile, les actions des uns, même s’il est question de territoires diamétralement opposés, géographiquement parlant, auront forcément des répercutions sur d’autres — c’est que la cause principale du réchauffement climatique est due à l’augmentation de production des gaz à effet de serre suite à l’activité humaine. Sur les 5 gaz à effet de serre naturellement présents dans l’atmosphère, il en existe 2 principaux spécifiquement émis par l’Homme dus globalement à la combustion d’énergies fossiles (habitat, industrie agro-alimentaire, transports…), à la déforestation, ainsi qu’à l’Agriculture (élevage intensif, déjections animales…). D’une durée de vie de 20 à 30 ans pour le Métane et de 100 ans pour le Dioxyde de Carbone (CO2), ces gaz empêchent l’efficient phénomène terrestre de juste renvoi des rayons solaires infrarouges. La cocote minute planétaire surchauffe donc et ce, aussi à cause de gaz produits en amont par des décennies antérieures. Et c’est bien cet effet domino rétro-actif qu’il faut avoir à l’esprit, en plus de l’accentuation du phénomène que nous continuons à produire actuellement. 

A cause principalement des émissions de gaz à effet de serre, la hausse moyenne des températures notamment en zone Afrique continentale se voudrait de +5°C d’ici la fin de ce siècle à horizon 2100 selon l’algorithme prévisionnel Aladin

C’est au regard de ces divers facteurs pris dans leur ensemble que le GIEC a imaginé le Monde de demain selon 5 variations de plans allant du plus optimiste, là où toutes les nations font un effort et se mobilisent, à « on continue dans notre belle lancée chacun pour soi, capitaliste power comme si de rien n’était et en avant Guingamp » ! 

Quel qu’en soit le scénario, tenant compte encore une fois des actions antérieures ayant un impact sur du moyen terme, d’ici 2040, il est prouvé qu’il y aura une augmentation de la température moyenne de la surface de notre globe de +1,5°C. Ce sont donc nos actions d’aujourd’hui qui définissent la suite des événements. Concernant Mayotte, au meilleur des cas, à horizon 2085, il sera question d’une augmentation supplémentaire amoindrie entre +0,7 et +1,5°C. Et pour la version « on ne change rien PumpUp One again and bistoufly », il faudra compter sur une fourchette de +3 à +4,5°C… On se rapproche de l’Enfer ! 

À quoi Mayotte doit-elle s’attendre ?

Les scénarios indiqués précédemment font état d’une estimation de température moyenne annuelle mais concernant la saison sèche estivale, il est important de dresser un tableau de la situation actuelle. Sur notre joli caillou, en temps ordinaire, les températures varient de 28 à 30°C, avec 10 jours plus chauds annuellement, justement fixés au delà du seuil déjà inquiétant des 32°C. Dans les scénarios anticipés, il faudra donc prévoir ce même dépassement maximal à près d’un trimestre dans le meilleur des cas, et carrément la moitié de l’année pour la version la plus pessimiste. Plus de 6 mois par an excédant régulièrement la barre des 32°C, cela aura forcément un impact sur l’approche environnementale ( montée des eaux, immersion et déplacement des populations côtières, recul du trait de côte ), l’Agriculture ( évolution des productions actuelles, érosion des sols…), l’activité de tous les jours, l’aspect également physiologique, la Santé (régulation thermique corporelle, système respiratoire, volet gériatrique…) mais également épidémiologique ( prolifération plus accrue des moustiques et des maladies générées ), c’est indéniable et la liste se veut non exhaustive.

Pour la responsable de l’antenne Météo France Mayotte, Floriane Ben Hassen, il est important que ces divers scénarios liés aux changements climatiques puissent être déclinés par branches pour apporter de la manne concrète informative aux divers acteurs concernés en termes de solutions d’adaptation anticipées

À ces risques d’hyperthermie se greffent également des phénomènes naturels comme la légère baisse (prévision de -5% à -40%) mais surtout le raccourcissement et l’intensification de la saison des pluies** (et donc l’accroissement de la durée de la saison sèche). Bien que très variable et difficile à prévoir (parfait exemple ce jour où cet article est écrit sous la pluie alors que nous sommes en pleine crise de l’eau et saison sèche), il est tout de même indispensable, dès à présent, de travailler sur des politiques accrues d’anticipation et d’exploitation quasi systématique de récupérations des eaux de pluies pour les divers usages domestiques.

À court terme le phénomène concret El Niño

Annoncé en proche prévisionnel par les climatologues et spécialistes du Monde entier, ce phénomène météorologique planétaire, qui se veut cyclique mais au final peu connu, se produit de manière assez imprévisible. Il se manifeste par une hausse de la température à la surface de l’océan Pacifique, non loin de l’équateur. En temps normal les eaux chaudes américaines sont poussées vers les côtes asiatiques et australiennes, ce qui produit de fortes précipitations grâce au combo chaleur/humidité et un effet de vases-communicants de remontée des eaux froides en zone initiale américaine. Lorsque notre enfant terrible pointe le bout de son nez, ledit phénomène tend à s’inverser provoquant refroidissement en eaux australes et sécheresses beaucoup plus marquées. En plus d’une alerte climatique émanant de l’Organisation météorologique mondiale, sur le fait que ces 5 prochaines années se veuillent climatiquement parlant plus chaudes, cet El Niño devrait malheureusement accentuer le scénario pessimisme des chaleurs extrêmes en plus de tous les autres défis et enjeux qui se manifestent massivement… Un vrai scénario apocalyptique qui se doit pourtant de trouver une positive issue, pour nous dès à présent, ainsi que nos générations futures.

 

MLG

 

*Créé en 1988, le GIEC est un Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il rassemble des experts et des représentants de cent quatre-vingt-quinze États membres de l’ONU. Sa principale mission est d’évaluer les risques liés au réchauffement climatique, d’estimer les conséquences possibles et d’envisager des stratégies pour s’adapter.

**La saison des pluies devrait se manifester beaucoup plus tardivement vers janvier dans les années à venir. Plus courte et intensive, avec des phénomènes de changements de saisons très contrastés, son niveau ne devrait pourtant pas être plus important. 

Illustration du phénomène El Niño (DR)
Marie-Dominique Leroux nous indique qu’à partir de septembre prochain il va être commencé une thèse sur les conséquences de l’hyperthermie en Outre-Mer (en collaboration avec le centre de recherche météo de Toulouse) prenant en compte les facteurs propres au milieu ultramarin liés notamment au taux d’humidité
Ali Madi, collaborateur Météo France et président FMAE à l’origine de l’organisation cette matinée informative technique, souhaiterait que les municipalités du département soient plus impliquées dans les travaux Météo France notamment au moyen d’emplacements offerts en divers lieux à travers l’île pour implanter des stations météorologiques compactes de ce type, afin de pousser l’étude technique et le recueil de données croisées précises, propres à Mayotte pour une meilleure gestion d’anticipation notamment.
Les collaborateurs de la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) sont venues assister à cette matinée informative

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