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mardi 30 avril 2024
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Sophiata Souffou exporte son concept de magasin de proximité dans la région pour y insérer des jeunes

Impossible d’assurer un travail à tous les jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail, dont une grande partie, issue d’un décrochage scolaire, n’a pas de diplôme. Recréer aux Comores, à Madagascar et en Tanzanie un écosystème proche de ce qu’ils connaissaient à Mayotte tout en leur assurant un revenu, voilà l’idée de la gérante de la grande quincaillerie Sophiata Souffou à Chirongui.

Pour répondre à la saturation démographique du territoire provoquée pour les trois-quarts par l’immigration clandestine, et lutter contre ses effets sur les politiques publiques qui engendrent une marginalisation des jeunes déscolarisés, plusieurs projets sont en cours. Dont celui de Sophiata Souffou. Lorsque Pôle emploi a mené son action d’accompagnement des porteuses de projets le 8 mars dernier, elle en était la marraine… également pour mener elle-même un projet d’envergure.

L’incontournable cheffe d’entreprise à la tête du grand magasin de quincaillerie et d’alimentation générale de proximité à Tsimkoura, a l’intention d’étendre son rayon d’action en s’implantant dans la région pour y fixer des jeunes formés à Mayotte. Elle nous explique la démarche : « Les écoles sont saturées, beaucoup de jeunes ne sont pas scolarisés, et certains sont déscolarisés après un échec. Depuis une dizaine d’année, on constate une montée de la délinquance juvénile expliquée par l’isolement des mineurs provoquant régulièrement des violences en bandes organisées. A Tsimkoura, nous recevons des stagiaires en entreprise, mais la plupart sont en situation irrégulière, certains sont dans des gangs et terrorisent la population. Ces ‘délinquants’ dans un sens nous font part de leur situation difficile sans travail en plus d’avoir une situation administrative non favorable à l’embauche. Quant aux bacheliers qui n’ont pas de papier, ils ne pourront pas poursuivre de grandes études, c’est du gâchis de ne pas leur donner une chance. J’ai donc eu l’idée d’ouvrir des magasins de proximité, en commençant par les Comores, pour les y insérer. »

Sophiata Souffou a commencé à travailler avec l’association MAEECHA, Mouvement Associatif pour l’Education et l’Egalité des CHAnces, aux Comores, « pour qu’on puisse former des jeunes ici, qui seraient ensuite accompagnés là-bas ». Une logique que suivent plusieurs associations depuis quelques mois voire année, comme Nayma lancée il y a quelques années par l’ancienne maire de Chirongui, ou la formation de jeunes pêcheurs par l’EAM.

La quincaillerie et son magasin attenant ont pignon sur rue à Tsimkura

« Entre populations régionales, on doit s’entraider »

Mais l’association MAEECHA est implantée à Moroni, alors que la majorité des jeunes concernés sont natifs d’Anjouan, c’est pourquoi, Sophiata Souffou veut aussi y exporter son concept : « J’ai créé le label Sophiata Souffou à l’international pour l’installer à Anjouan, à Grande Comore et à Moheli, mais aussi à Tananarive et à Majunga, ainsi qu’en Tanzanie. »

Un projet qui lui tient à cœur : « Entre populations de la même région, on doit s’entraider les uns les autres comme on peut. Je crois sincèrement que ce projet sera une belle opportunité autant pour Mayotte que les pays de la région car à moyen et long termes, ces jeunes qui seront formés ici à Mayotte et embauchés chez Sophiata Souffou Océan Indien, relèveront la dignité humaine et donnera un coup de pouce à l’économie comorienne et malgache en luttant également contre le chômage des deux côtés ».

Sa première étape, c’est Moroni. Et alors que les jeunes sont habituellement frileux à l’idée de rentrer aux Comores, leur réponse serait encourageante selon elle, « ceux qui ont fait un stage chez moi et qui sont diplômés sont d’accord s’ils sont accompagnés. L’objectif est d’insérer ces jeunes là-bas, et de leur assurer un débouché en leur achetant ensuite des produits locaux que l’on importerait à Mayotte. »

Le 1er magasin basé à Grande Comore sera divisé en trois, détaille-t-elle : « L’espace vente de produits frais locaux pour inciter les agriculteurs déclarés à nous alimenter de leur production et avoir un revenu fixe, le deuxième sera l’espace alimentation générale proposant des produits fabriqués localement ou importés, dans une configuration qui rappellera ce qui se fait en France pour ceux qui ont été formés à Mayotte, et la quincaillerie, qui est mon cœur de métier ».

Tracé par un laboratoire

Le marché Volovolo de Moroni

Sur la partie exportation des produits locaux à moyen terme vers Mayotte, se poseront des problématiques connues : le respect des normes sanitaires et de la traçabilité. Sans cocher ces deux cases, pas de financements, encore moins européens. Là encore, la cheffe d’entreprise veut penser qu’il y a des réponses : « aujourd’hui, la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte porte un projet ambitieux la Technopôle qui comprend le Multilab, un laboratoire départemental d’analyses, qui pourrait nous accompagner ».

Ce 1er magasin de proximité serait implanté à Mvouni (Grande Comore) où est sise l’université des Comores et un centre hospitalier, « mais il n’y a aucune épicerie à proximité », et aurait 3 niveaux : le rez-de-chaussée dédié à l’exploitation, le 1er étage, à des studios individuels pour hébergement des salariés et le second, les appartements de la direction.

Toiture et parking seront recouverts de panneaux solaires, « avec une batterie pour stockage et éventuellement redistribution de l’électricité aux habitants », et un système de récupération des eaux de pluies sera mis en place, « avec possibilité d’en faire un usage domestique, notamment pour l’entretien du magasin ».

Sophiata Souffou lors d’une action menée par l’Adie

Concrétiser le gagnant-gagnant

Pour celle qui était candidate aux législatives de 2017 aux côtés d’Ibrahim Aboubacar, l’ensemble des îles vont y gagner : « J’aurai la possibilité d’exporter mon savoir-faire et d’en faire bénéficier les jeunes, et les Comores bénéficieront d’un magasin de proximité proche d’un centre hospitalier et d’une université. Il s’agit aussi d’une belle promotion de la coopération régionale en agriculture, qui permettra à une région de se développer grâce aux débouchés dans un second temps à Mayotte. Et plus largement, c’est une solution à l’oisiveté des jeunes sans repères à Mayotte, et à la fixation des populations aux Comores. »

Le montage du budget est quasiment terminé, « il me faut dix-huit millions d’euros en tout, mais pour lancer le projet sur Moroni, ce sont trois millions d’euros sur trois ans qu’il faut trouver  », et des pistes de financement à l’étude, « je vais frapper à toutes les portes, l’ADIM m’a dit qu’ils étaient intéressés ».

La connaissant, on ne doute pas de la grande détermination qui l’habite, « je ferai tout pour le réussir, il en va de l’avenir de l’ensemble de nos îles ».

Anne Perzo-Lafond

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