Vue d’avion, l’ensemble des pontons de Dzaoudzi mérite à peine l’appellation de port de plaisance, sans vraie capitainerie ou espace sanitaire. Sur place, les infrastructures accusent de l’âge. Par le passé, un coup de vent avait incité un ponton à larguer les amarres, bref, son état de détérioration avancé demande un remplacement. Il est d’ailleurs inscrit au vaste programme d’aménagement des installations au programme de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI). Comme pour le port de commerce de Longoni avant 2013, le conseil départemental avait demandé de ne pas investir avant que la Délégation de service public ne soit octroyée sur la gestion des installations de plaisance. C’est précisément la CCI qui l’avait remporté en 2019, créant depuis une structure idoine pour la réaliser, la société Mayotte Plaisance.
Il est question d’implantation de bureaux, de sanitaires, de tripler la capacité de pontons, de réorganiser les mouillages, « nous allons passer de 110 à 500 usagers », nous expliquait en décembre dernier Zoubaïr Ben Jacques Alonzo, DGS de la CCI. Un investissement de 15 millions d’euros, de la part de trois partenaires qui mettent quasiment autant sur le tapis, le conseil départemental, l’Etat et la CCI, cette dernière puisant sur ses fonds propres et recourant à l’emprunt.
Gros coup de pouce supplémentaire, Mayotte Plaisance avait candidaté aux fonds du CEREMA, le centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, et obtenait 1 million d’euros sur les 25 millions octroyés au national. Un bon point quant à la bonne tenue du dossier.
Compter les crevettes
La révision des pontons a été lancée à Mamoudzou, avec une extension prévue pour, in fine, avoir enfin un vrai port de plaisance. Mais pour Dzaoudzi, l’état du ponton impose donc de le remplacer. Comme la direction nous l’avait expliqué en décembre dernier, la CCI attend toujours l’aval des autorités de l’environnement, notamment de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement, du Logement et de la Mer (DEALM).
Une réponse qui se fait attendre, et qui peut faire prendre des risques inutiles, alerte Zoubaïr Ben Jacques Alonzo : « En attendant d’avoir l’autorisation de l’environnement, nous sommes obligés de réparer un ponton qui va fonctionner en mode dégradé. Nous allons donc investir pour une infrastructure dont on n’est pas certains qu’elle va tenir. Notamment si le kashkazi qui a pour l’instant été modéré cette année, se met à souffler. Et qu’il faudra de toute façon remplacer. Pour le coup, c’est du gaspillage d’argent public, alors que nous aurions du investir dans un nouveau ponton tout de suite. » Il évoque des justificatifs demandés depuis des mois pour implanter une nouvelle infrastructure, « je ne comprends pas, les mêmes études sont menées sur la population de poissons ou d’oiseaux que pour la piste longue. Pourquoi ne se sert-on pas de celles qui ont déjà été réalisées ? » Nous l’avions évoqué pour les 7 pontons qu’avait annoncé le précédent directeur des Affaires maritimes… et qui est reparti au bout de 5 ans sans qu’un seul ne soit sorti de terre. Quand en Bretagne, la moindre pointe a son ponton en pierre sans qu’il soit besoin de compter les crevettes.
Faute d’autorisation, c’est une révision qui est enclenchée, ce qui n’a pas manqué de provoquer des mécontents parmi les opérateurs qui ont été invités à quitter momentanément les lieux. « Ce n’est qu’une histoire de 3 à 4 jours, rassurent les dirigeants, nous faisons au plus vite avec les plongeurs et le chantier Piriou pour que l’avarie dont on ne connaît pas encore l’origine, soit réparée avec le moins de nuisance possible pour les usagers. » En attendant de pouvoir offrir des prestations à la hauteur du site.
Anne Perzo-Lafond