La période post-élection de son prédécesseur, Andhanouni Saïd avait fait plonger Chirongui. Celui qui avait succédé aux deux mandats de Roukia Lahadji en juin 2020 n’avait pas eu besoin de plus de deux ans pour se retrouver à la barre du tribunal. Accusé de voyages douteux, favoritisme et dépenses illicites aux frais du contribuable, il avait été condamné en mai 2022 à 15.000 euros d’amende, 10 ans d’inéligibilité, 5 ans d’interdiction d’exercer toute fonction publique et 18 mois de prison avec sursis.
C’est à l’issue de nouvelles élections que Bihaki Daouda avait été porté à la tête de la mairie, et avait aussitôt annoncé vouloir solder les 4,5 millions d’euros de factures impayés laissés par l’ancienne équipe municipale. Mais il avait été mis à mal par un effritement de sa majorité, à tel point que rappelé à l’ordre par le tribunal administratif, il avait été contraint de réunir son conseil municipal sur des points demandés par ses élus.
Lors de ses vœux, il revenait sur d’autres malversations constatées lors de la prise en main de la commune, « 5 millions de crédits d’investissement consommés sans avoir réalisé les projets initialement financés, comme lotissement de Chirongui ou le terrain de foot de Miréréni, un déficit de trésorerie de plusieurs de centaines de milliers d’euros. Ce déséquilibre ne permettait ni le paiement de toutes les charges obligatoires, abonnements, l’eau, l’électricité, les fournitures, les charges sociales, ni la constitution d’une capacité de financement des projets d’investissements. » Ce qui l’incitait à tailler dans la masse salariale, notamment les non renouvellements de CDD. Passant de 5 millions d’euros d’impayés à un million, « ce qui nous a permis de relancer des chantiers ».
Une grande cuisine centrale
Un Plan pluriannuel d’investissement est en cours de rédaction. Les fonds Etat pour les écoles ont permis de mener des travaux d’isolations de toutes les salles de classes et de climatiser tous les bureaux des directeurs. « Avec le concours des fonds européens pour le développement du numérique à l’école, nous avons installé des tableaux interactifs sur trois écoles et nous équipons nos élèves de tablettes pour les familiariser avec les nouvelles technologies. » Les cantines de Tsimkoura et de Chirongui vont bientôt être opérationnelles, assure Bihaki Daouda. « Avec la CCSUD, nous réfléchissons à une mutualisation pour la construction, dans le cadre de la ZAE de Malamani, d’une grande cuisine centrale qui aura la capacité de servir l’ensemble de nos écoles, ainsi que les futures installations des grands projets dits de Miréréni. »
Parmi les grands travaux à venir pour 2023 et suivantes, certains sont connus : le projet d’installation de la structure médico-sociale ALEFPA, celle de la clinique privée financée par CLINIFUTUR, d’autres moins, comme une antenne du RSMA, une nouvelle brigade de gendarmerie, une maison de santé pluridisciplinaire en lien avec l’ARS, l’agence intercommunale de développement économique, les ZAE de Malamani et de Chirongui- la ZAC de Mramadoudou. « Pour améliorer la circulation dans nos villages, nous lancerons plusieurs chantiers de voirie, maîtrise des eaux pluviales- réfections, construction et sécurisation des routes sur l’ensemble de la commune pour un coût estimé à 6 millions dont les travaux débuteront autour du mois de mars 2023, avec le soutien du département. » Le maire appelait les petits artisans à postuler pour des lots.
Reconditionner les décharges sauvages
Le contournement de Chirongui est à l’ordre du jour, depuis la gare routière à la station Total « dans le but de désengorger le centre-ville », et le sentier de la mangrove qui traverse toute la commune de Poroani à Tsimkoura sera en travaux dans les prochaines semaines.
La déchèterie sauvage qui pollue Mramadoudou sera enlevée assure le maire, « ce site sera désormais clôturé pour éviter la récidive. Un travail est par ailleurs engagé avec la CCSUD pour la gestion de la décharge sauvage érigée à l’entrée du quai de transfert de Malamani ». Pour lutter contre les constructions illégales et régulariser la maitrise foncière, une urbaniste a été recrutée.
Un budget de 60.000 euros est alloué aux subventions des associations pour l’année 2023. Enfin, le CCAS de la commune vient d’obtenir une autorisation d’ouverture d’un service d’aide à domicile (SAAD) de la part du conseil départemental.
« Être maire c’est une tâche difficile, tout le monde le sait. Mais être maire de Chirongui l’est encore plus. Et je vais vous faire une confidence être maire de Chirongui pendant cette mandature est encore plus compliquée !, concluait le maire en se disant « déterminé à réussir ce challenge ».
Les défis sont listés, la population attend de les voir se concrétiser.
A.P-L.