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Air France : une opposition concertée des compagnies régionales

La fronde des compagnies installées en outre-mer contre Air France ne concerne pas seulement Mayotte. Mais reste le problème d'une concurrence susceptible de faire baisser les prix des billets, comme le député François-Xavier Bellamy s'en fait le porte-parole.

Le gâteau s’est réduit à portion congrue, notamment sur La Réunion et Mayotte, mais tout le monde veut continuer à manger. L’aérien se porte mal. La crise sanitaire ferme les salles d’embarquement et elle se double sur le plan national, d’une orientation vers le moins carboné. La législation se promet ainsi de devenir plus contraignante, privilégiant les parcours en train sur les petites distances.

Un contexte qui a incité Air France à se laisser pousser des ailes à la reconquête des outre-mer. Mais alors que la Commission européenne a approuvé en avril, une recapitalisation de l’Etat jusqu’à 4 milliards d’euros dans la compagnie, ça s’est mis à gronder dans les outre-mer. Les compagnies régionales aux avions cloués au sol par les motifs impérieux, voient d’un mauvais œil cette arrivée hyper subventionnée dans leur ciel.

Les présidents et directeurs Généraux des compagnies Corsair, Air Tahiti Nui, Air Caraïbes/French Bee et ASL Airlines, ont ainsi écrit au Commissaire Général aux participations de l’Etat, qui représente l’Etat dans l’actionnariat d’Air France, « pour l’interpeller sur l’utilisation des fonds publics de l’aide d’Etat pour financer cette stratégie expansionniste faussant la concurrence », rapporte ainsi Marie-Joseph Malé, PDG d’Air Austral, dans un courrier adressé à son personnel. Appuyé par son actionnaire principal, Didier Robert, Président du conseil d’administration de a SEMATRA et président de la Région Réunion. A ce titre, il avait également soutenu Air Austral, à hauteur de 30 millions d’euros, qui complétaient les 56 millions d’euros, non pas cash comme Air France, mais sous forme de prêt garanti par l’Etat.

Courrier d’ASL France, Air Caraïbes, Air Austral et Corsair… ou l’union des concurrents

Didier Robert s’est adressé également aux personnels pour expliquer que «avec la pandémie, le nombre de voyageurs a chuté vertigineusement (…) dès lors, il n’est pas normal que dans un tel contexte, un concurrent aux moyens décuplés, ceux de l’Etat, vienne s’imposer à nous et déploie depuis Paris une force de frappe telle qu’elle peut mettre en péril cette pépite que nous avons mis plusieurs décennies à bâtir, notre compagnie régionale ».

On peut dire que défendre sa part de gâteau, c’est de bonne guerre, mais il semble que le gouvernement ait été sensible à ces arguments puisque, le député Mansour Kamardine nous confiait qu’un seul créneau horaire hebdomadaire ait été délivré à Air France, au lieu de 4 rotations, une fin de non recevoir donc.

L’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy est parti au combat en posant une question prioritaire le 4 mai à la commission européenne, évoquant la situation dans laquelle se retrouvait Air France qui a « dû renoncer à son projet, consacrant le monopole de fait dont bénéficie la compagnie aérienne déjà installée. » Rappelons que la compagnie Corsair dessert de nouveau Mayotte depuis décembre 2020, mais que sa présence est souvent saisonnière, quoique son PDG ait affirmé le contraire cette fois.

La diversification de l’offre est donc toujours en jeu, « la condition nécessaire pour faire baisser les prix de façon à désenclaver Mayotte. Face à cette situation d’entorse à la concurrence qui affecte durement la vie des Mahorais, la Commission peut-elle s’assurer que, indépendamment des travaux nécessaires d’agrandissement de la piste, toutes les conditions sont réunies pour une concurrence équitable dans la desserte de Mayotte ? », interroge le député européen.

Surtout que, comme nous l’avions mentionné, Air journal annonçait qu’Air France a renforcé sa desserte dans les autres outre-mer sur la saison estivale.

A.P-L.

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