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Il vend du poisson fumé sur Facebook et se fait griller par la justice

Vendre sa pêche quand on n'est pas un artisan pêcheur, c'est du travail dissimulé. Fumer soi-même le poisson pour le vendre 35€ le kilo hors de tout cadre ou contrôle sanitaire et via des annonces sur Facebook, c'est l'assurance de finir au tribunal. Avec 4 mois de prison ferme, la note du poisson fumé est plutôt salée.

C’est l’histoire « malheureuse » selon la procureure Sarah M’Buta, d’un passionné de pêche. Sans emploi en mai 2018, l’homme passe ses week-ends en mer sur le bateau d’un ami, exploitant agricole, et ramène des quantités « professionnelles » de poisson pélagique, notamment du thon et de l’espadon. Des documents retrouvés en perquisition font état de sorties allant jusqu’à plus de 900kg de poisson pêché.

L’homme fumait ensuite le poisson à son domicile et le congelait après l’avoir conditionné sous vide à l’aide d’une plastifieuse. L’histoire aurait pu se terminer avec un bon festin entre amis si l’intéressé n’avait pas eu, en plus, l’idée de revendre ces stocks de poisson à 35€ le kilo, au moins entre mai 2019 et juin de la même année.

Des échanges sur Facebook indiquent une volonté d’exercer professionnellement… mais rien n’était déclaré. (capture d’écran anonymisée)

En effet, les gendarmes de Petite Terre découvrent une annonce sur un groupe de petites annonces à Mayotte, et décident d’éplucher les commentaires puis le compte du pêcheur. Une enquête « minutieuse » selon le parquet est alors diligentée pendant plusieurs semaines. Celle-ci conduit les gendarmes à mener un contrôle en mer sur l’embarcation des amis. Ils y trouvent le futur prévenu à la barre du bateau, sans pour autant avoir le permis, et une bonne quantité de poisson. Mais pour ne pas compromettre la suite de l’enquête, les militaires de la brigade nautique mettent fin au contrôle sans plus de formalités. Et bingo, le poisson découvert à bord finit quelques jours plus tard… sur Facebook. Cette fois les militaires ont la preuve que du poisson pêché entre amis est revendu sur Internet, avec des commentaires censés gagner la confiance d’éventuels acheteurs, comme ceux où l’homme prétend fournir des professionnels et des restaurateurs. Ce qui est en partie vrai puisqu’il revendait, facture à l’appui, des dizaines de kilo de poisson fumé à l’ami qui lui prêtait son bateau et à un autre acolyte. Ces deux derniers, un temps mis en cause par la justice pour travail dissimulé, ne seront finalement pas poursuivis.

Prison ferme et amende en l’absence du prévenu

En juin, une perquisition est finalement menée. Chez le passionné de pêche, les gendarmes trouvent 26kg de poisson fumé congelé, un fumoir à sciure de bois -qui selon la présidente d’audience n’avait pas été lavé depuis la dernière utilisation, posant la question de la sécurité sanitaire du poisson vendu-, et des factures allant jusqu’à 230€ de vente de poisson.

Un des poissons vendus par le pêcheur en mai 2018, certains messages sont encore visibles en ligne (capture d’écran).

Pour le parquet, il était important de prendre le pêcheur dans ses filets et de le trainer devant le tribunal -où il ne s’est pas rendu-. C’est que ces « faits malheureux » s’ajoutent à une  « situation économique qui est compliquée pour ceux qui respectent les règles du jeu, alors quand ceux qui ne les respectent pas font concurrence aux autres, ça leur porte préjudice, ça met en péril la pérennité de certaines activité et les emplois » qui y sont liés, rappelle la procureure qui réclame 1 an de prison ferme et 90€ d’amende. Une peine justifiée par le casier du prévenu, déjà condamné plusieurs fois pour conduite sans permis, signe pour la justice « qu’on ne peut pas lui faire confiance ».

Les juges opteront finalement pour une peine ferme de 4 mois de prison, et une amende de 90€, qui devront être signifiées à l’intéressé.

Ce dernier, que nous avons pu joindre par téléphone et qui réside désormais en métropole a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel du jugement.

Y.D.

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