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Mamoudzou

Coronavirus : des contaminations sur un plateau de crise

Si l’on semble constater une stabilisation du nombre de cas de contamination, celui-ci reste des plus alarmants. Et si toute une organisation se met en branle pour tenter d’y faire face du côté des autorités sanitaires et du CHM, chacun doit jouer sa part rappelle l’ARS.

On attendait cette nouvelle de pied ferme. « Nos modèles mathématiques, consolidés par les observations de terrain, nous laissent espérer une stabilisation du nombre de cas et d’hospitalisations à la fin février », indiquait vendredi Dominique Voynet. Alors, bonne nouvelle ? Pas encore, tant la prudence est de mise du côté de l’ARS. «  Il y a un énorme décalage entre le moment où l’on constate une stabilisation et ce qu’il se passe à l’hôpital. L’idée de plateau ne dit absolument pas que le problème est réglé ! La pression sur les lits va être maintenue pendant au moins trois, quatre semaines, voire plus », rappelle ainsi la directrice de l’agence régionale de santé. Gare donc à ceux qui verraient à travers cette notion de plateau le signe d’un relâchement possible. Surtout que pour Dominique Voynet, « il n’y a pas de confinement » et la tendance à une stabilisation dans la crise n’en serait donc pas la conséquence.

Une situation qui perdure malgré les messages d’alerte répétés de l’autorité sanitaire et qui pousse cette dernière à monter une nouvelle fois au créneau. « À part la fermeture des écoles je ne constate pas de confinement. C’est beaucoup trop relâché pendant la journée, il suffit de voir les embouteillages qui persistent autour de Mamoudzou et le nombre de personnes dans la rue. J’ai bien entendu le plaidoyer des acteurs économiques qui veulent maintenir leur activité mais cela génère énormément des flux et ne crée pas une ambiance de responsabilité face au covid. Les gens continuent à aller travailler, à confier leurs enfants pour ce faire… Même la consigne de ne pas se réunir à plus de six n’est pas respectée. Il faut attendre des morts pour que l’on fasse attention ? ». Voilà qui est dit, et qui a le mérite de l’être clairement.

Renforts, évasan, la chaîne de solidarité se met en place

Et pour illustrer l’importance de « la jouer collectif » à l’heure où « 10% de la population a le covid simultanément », rien de plus efficace, en principe, que d’évoquer le combat de chaque instant qui se joue à l’hôpital. Car si l’on a réussi à doubler le nombre de lits de réanimation pour en atteindre 32, force est de constaté que la saturation est là. Les autres services dégagent de la place pour accueillir les patients en surveillance active. Dans le même objectif de libération des capacités d’accueil au CHM, l’hôpital de Petite-Terre doit ouvrir ses portes d’ici dizaine de jours pour recevoir une vingtaine de patients « en soins de suite ». Côté personnel, près d’une centaine de soignants, réserve sanitaire et service de santé des armées confondus viennent en renfort malgré les difficultés d’hébergements qu’ils rencontrent. Et si l’hôpital est saturé, il ne faudrait pas qu’il en vienne à être submergé. Alors, tous les jours, il faut écoper. Soit procéder à des évacuations sanitaires.

CHM, Mayotte
Grâce à la mobilisation des services de santé de La Réunion, les évasan se poursuivent « dans les meilleures conditions ».

Jeudi, 14 patients covid en réanimation avaient été évasanés vers La Réunion depuis le 4 février.

Un rythme qui devrait encore s’accélérer grâce à la mobilisation à l’œuvre dans le système sanitaire de l’île Bourbon. « Ils ont pris conscience de la gravité de la situation en modifiant profondément leur propre activité, cet effort doit être salué dans la reconnaissance et l’admiration car il permet des évacuations sanitaires dans les meilleures conditions » et à raison de deux allers-retours tous les jours de la semaine. Et pout continuer à assister le CHM, le SMUR travaille au niveau national sur deux hypothèses : l’envoi de renfort ou la mise en place de rotations d’evasan vers la métropole. Une dernière solution qui relèverait de la gageure tant les difficultés logistiques d’approvisionnement se font déjà sentir avec la réduction du nombre de vols. Ce qui pousse à « augmenter les commandes en conséquence », pour l’oxygène dont la demande a été multipliée par quatre, mais aussi sur les médicaments et, bien sûr, les vaccins. L’annulation du vol du 25 février par, exemple, « crée une galère sans nom » pour l’acheminement de ces derniers, car « il ne suffit pas de réserver un autre vol, il faut se mettre en lien avec Pfizer, tous les transitaires etc. »

Accélération de la vaccination

Mais les doses doivent arriver. Et en nombre, pour la plus grande satisfaction de l’ARS qui n’aura eu de cesse de plaider pour l’augmentation des dotations. En interne, une « task force vaccin » a été créée afin de superviser approvisionnement, logistique, et choix des sites de vaccination comme de cibles prioritaires. Lesquelles sont différentes de celles déterminées au niveau national.  Après les plus de 65 ans, ce sera au tour des plus de 60 ans de recevoir leur dose puis au plus de 50 ans souffrant de comorbidités. Dernière étape, la vaccination de toutes les personnes en contact avec des publics vulnérables ainsi que tous les personnels « stratégiques pour Mayotte ». Donc de santé et de secours, bien sûr, mais aussi des services portuaires et aéroportuaires, ou encore des opérateurs de l’eau et de l’électricité.

Et pendant ce temps, on continuera de surveiller l’évolution du variant sud-africain, dont on estime qu’il circule « à hauteur de 40% sur le territoire ». L’institut Pasteur doit ainsi recevoir une livraison de prélèvements représentatifs de l’ensemble des cas tous les 15 jours et ceux des patients présentant des formes graves ou atypiques pour affiner les connaissances et donc, les réponses à ces nouvelles typologies de virus.

Tout un programme donc, mais qui ne pourra être efficace, comme le rappelle l’ARS, que si se conjugue à ses efforts comme à ceux du personnel soignant, une mobilisation de tous.

G.M.

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