« Une réunion constructive ». Les mots du recteur, Gilles Halbout, restent les mêmes à l’issue d’une nouvelle réunion avec les syndicats. La donne, elle, a pourtant bel et bien changé avec une épidémie de coronavirus qui bat son plein et face à laquelle les écoles ne sont pas épargnées. Et c’est dans ce contexte que Rivomalala Rakotondravelo (dit Rivo), le secrétaire départemental SNUipp-FSU se dit « hors de [lui] ». « Je ne comprends pas comment on peut faire semblant de ne rien voir alors que tous les voyants sont au rouge », s’indigne le syndicaliste. « Depuis près d’un an, les maires n’ont même pas été capables de respecter le premier point du protocole sanitaire qui consiste en une désinfection régulière des écoles. Il n’y a pas de savon, souvent pas d’eau, c’est du grand n’importe quoi », poursuit celui qui dresse une liste quotidienne de ses collègues malades du coronavirus. « Il y a eu un relâchement », concède de manière plus policée le recteur. Qui assure toutefois avoir « bien entendu le message des syndicats ». « Je ne suis pas dupe, quand le recteur va dans une école, il la trouve bien propre, c’est important que nous puissions avoir ces remontées », ajoute-t-il.
« Réalité de terrain scandaleuse » dans les écoles
Alors, que faire face à cette « situation qui met en danger tout le monde », selon les mots de Rivo ? « On va être dans la tolérance zéro pour les écoles, rappeler les maires à leurs prérogatives en la matière. Ces négligences là, qui peuvent exister aussi au sein du rectorat, il faut les combattre », répond Gilles Halbout. Concrètement, « s’il n’y a pas de nettoyage, pas d’école. Ou alors on envoie une équipe », assure encore le chef d’académie. De quoi rassurer les syndicats ? « On nous dit qu’on va fermer pour désinfection quand ce n’est pas fait, mais ça prouve bien qu’on admet qu’il y a un manque de nettoyage et ça accompagne la léthargie des maires », peste Rivo en guise de réponse. Lui, face à « cette réalité de terrain scandaleuse qui aurait fait fermer n’importe quelle école de métropole », souhaite aller plus loin : « quand il y a un cas avéré, ce qui est toujours en dessous de la réalité à défaut d’informations fiables, il faut au moins fermer la classe concernée. »
Mora mora rétorque le recteur. « Commençons par veiller à la stricte application des premières mesure avant d’en prendre de nouvelles ». Et c’est en prenant le mot au pied de la lettre que le responsable syndical compte bien veiller au grain. « En tant que syndicat, à partir du moment où les maires ne respectent pas les obligations de nettoyage ou de mise à disposition de savon, c’est pour nous très facile de faire fermer une école. Nous avons joué le jeu jusqu’à présent car il faut que l’école fonctionne mais nous n’hésiterons plus à le faire », prévient Rivo.
Un protocole et huit établissements sous surveillance
Voilà pour l’échange « constructif ». Car la réunion du jour aura aussi été l’occasion pour le rectorat de présenter son protocole sanitaire, établi en trois niveaux. « Dans un premier temps, nous fermons la classe lorsque trois cas positifs y sont confirmés », indique Gilles Halbout. Un seul cas suffit pour les maternelles, comme « lorsqu’il y a suspicion de variant ». Deuxième niveau : « si l’on se trouve dans une zone de forte circulation du virus ou que beaucoup de cas sont recensés dans un établissement, on réduit la jauge ». Les
établissements fonctionnent alors avec une classe sur deux, alternant d’un jour à l’autre. En parallèle, une campagne de dépistage « massive » est lancée. Ce qui permet ou non de déclencher le troisième niveau : « si les résultats montrent que la situation est trop délicate, on ferme », indique le recteur, sans préciser les contours d’une « situation délicate » mais en précisant « agir au cas par cas en accord avec l’ARS et la préfecture ». Encore une fois, l’objectif est d’éviter au maximum « que les gamins soient dehors ».
Notons qu’au grand dam des organisations syndicales, le niveau 2 ne vaut pas pour le premier degré.
« C’est un protocole qui ne peut marcher que si on est extrêmement réactif, il faut que nous puissions agir en quelques heures », admet le responsable d’académie, rappelant que les cellules de contact tracing et de dépistage internes doivent le permettre. « Nous serons totalement transparents » promet-il encore. La preuve ? « Depuis hier [lundi] nous avons Sada, Bamana et demain [ce mercredi], nous aurons Majikavo en niveau 2. On prépare Bandrélé pour les jours qui viennent et on regarde de très près les établissements de Tsingoni, M’tsamboro, Kani-Kéli et Dembéni. » Voilà pour la transparence attendue. Et le savon ?
G.M.