Après la signature du protocole de préfiguration du NPRU le 9 juin 2016, on sent déjà piaffer quelques acteurs, et les impatiences poindre, « nous souhaitons être conventionnés rapidement », lâchait Nadjayedine Sidi, adjoint au maire en charge de la politique de la Ville. Or, il y a tout à repenser. Et pour éviter les erreurs, tout à diagnostiquer.
C’était le sujet des échanges du point d’étape ce mercredi 25 octobre 2017 en mairie de Mamoudzou. En présence de ses partenaires, l’Etat, le conseil départemental, l’Agence nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), l’organisme Action Logement, la SIM, le Sieam, le vice-rectorat, le conseil citoyen de Kawéni, et le groupement de la Fabrique urbaine.
Comme tout quartier élu à la politique nationale de rénovation urbaine, Kawéni cumule plusieurs handicaps. Le diagnostic les résume : enclavement, habitat et insalubrité. La seule route nationale qui le traverse, sépare les zones d’activités des zones d’habitats et d’équipements scolaires, et « subit un engorgement quasi permanent ».
Subissant une urbanisation informelle sur ses pentes et aux abords des ravines où sont déposé les déchets, « le quartier est qualifié de plus grand bidonville de France ».
« La population laissée pour compte »
Depuis 1969 et la production de parfum à base d’ylang made by Cananga, le quartier a évolué pour devenir le « poumon économique de l’île », « 80% des conteneurs réceptionnés au port de Longoni y sont acheminés ». Creusant en même temps un fossé avec la population qui n’a pas évolué au même rythme : « La politique de l’emploi dans le bassin économique a été développée au détriment de la population de Kawéni qui a été laissée pour compte. »
Un nouveau projet de renouvellement urbain (NPRU) intégrant toutes ces problématiques permettra de faire passer Kawéni de « quartier relégué à celui de quartier relié à son environnement. Il est défini pour 10 à 15 ans. »
Le comité de pilotage mettait en évidence que plus qu’un projet d’urbanisme de quartier, « c’est un projet de développement qui est en train des s’écrire », et qui « rejaillit sur Mayotte ». Nadjayedine Sidi justifiait cette ambition : « Les travaux à mener sont 13 fois plus importants que ceux qui ont été mis en place pour la rénovation de M’gombani ». On espère qu’il n’en subira pas les mêmes affres, aux délais interminables.
Aménagement de la place de la MJC
En attendant les transformations spectaculaires de Kawéni, les acteurs ont soif de concret. Véronique Girard, la chargée de mission de l’ANRU évoquait des actions qui peuvent déjà être mises en place, « par autorisation anticipée », c’est à dire avec la bénédiction de l’ANRU avant même la signature de la convention.
Il s’agit par exemple de l’aménagement de la place de la MJC de Kawéni (toujours pas inaugurée) au sein de sa zone, avec une réorganisation des déplacements des bus scolaires qui drainent un flux de 16.000 élèves, qu’il faut canaliser. Un aménagement de la place qui devrait permettre à la population de l’investir en dehors des zones de trafic, notamment pour les manzarakas (les mariages), avec une liaison avec Kawéni village en passant par la ravine du côté de ex bangas de l’AJKE.
Histoire de mettre gentiment la pression, le maire Majani Mohamed espérait en conclusion « voir les premières réalisations sur le terrain pendant mon mandat ».
Ce mercredi après-midi se tenaient divers ateliers sur l’habitat, les dynamiques sociales, etc., en vue de formaliser en décembre le projet et le plan guide. Les plans de financement devraient être présentés au 1er trimestre 2018.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com